Critique / “Le garçon et la bête” (2015) de Mamoru Hosoda

Dernière mise à jour : avril 3rd, 2020 at 10:34 am

Le Japon est une terre d’accueil de l’animation et côté long métrage d’animation d’aussi bonne qualité que les célèbres Studio Ghibli, il faut compter depuis quelques temps sur le Studio Chizu du réalisateur Mamoru Hosoda. Après Les Enfants loups, Ame et Yuki (2013), voici le nouveau récit initiatique du cinéaste : Le garçon et la bête (バケモノの子). L’avis et la critique film de Bulles de Culture. Plus en bonus, un jeu-concours jusqu’au 12 janvier 2016 pour gagner des places pour voir le film en salles.    

Synopsis :

C’est l’histoire d’un garçon solitaire et d’une Bête seule, qui vivent chacun dans deux mondes séparés. Un jour, le garçon se perd dans le monde des Bêtes où il devient le disciple de la Bête Kumatetsu qui lui donne le nom de Kyuta. Cette rencontre fortuite est le début d’une aventure qui dépasse l’imaginaire…

Le garçon et la bête : un récit d’apprentissage

Comme dans le précédent film du réalisateur mentionné plus haut, Le garçon et la bête dépeint un univers entre les hommes et les bêtes. Ici, le garçon Kyuta va aller et venir entre le monde urbain des humains — la ville de Shibuya qui est un arrondissement majeur et à la mode de Tokyo — et le monde rural et féodal de Jutengai. Le film commence comme un habituel récit d’apprentissage entre un maître et son disciple avec un petit garçon qui va apprendre à se battre avec une bête, soit un ours anthropomorphe prenommé Kumatetsu. Le choix de cet animal comme mentor n’est pas le fruit du hasard car dans les légendes japonaises, un petit garçon appelé Kintarō se battait contre les bêtes sauvages dont les ours pour gagner en force.

Mais en plus du côté traditionnel de son histoire, l’originalité du film Le garçon et la bête réside dans la relation qui va s’instaurer entre les deux personnages. Ce sont deux êtres indépendants et butés dont les rapports vont très vite devenir orageux. Si Kyuta — « Kyuta » signifie « neuf » en japonais, soit l’âge qu’a le personnage quand il rencontre Kumatetsu — suit la Bête par curiosité et parce qu’il se sent seul dans la très grande ville de Shubaya.  

Le balai comme sabre de combat

Ce Kumatetsu est une bête à part dans le monde de Jutengai. Très fort mais peu aimé par la population, il s’est construit tout seul. Comme le jour approche où il faudra remplacer Le seigneur des bêtes (qui est un lapin) et régner sur la ville, il est le seul prétendant valable face à Iôzen qui est un maître d’armes beaucoup plus calme, réfléchi et populaire que lui. Alors que personne ne veut être l’élève du colérique Kumatetsu, celui-ci décide par provocation de prendre le sauvage Kyuta comme disciple, ce qui scandalisera la paisible population de Jutengai où les humains ont très mauvaise réputation. Peu docile, Kyuta va lui opposer une résistance qui n’est pas pour déplaire à Kumatetsu et c’est une très jolie scène qui va sceller leur union : après un combat public perdu par Kumatetsu face à son éternel rival, Iôzen, Kyuta va se rendre compte que malgré ses airs d’assurance, Kumatetsu est aussi seul que lui et que personne ne le soutient. Mais cet apprentissage ne sera pas idyllique, et ce pour notre plus grand plaisir. Pas du tout patient et pédagogique, Kumatetsu va très vite se retrouver incapable de transmettre son savoir à Kyuta et ils vont passer leur temps à s’insulter. Mais sur les conseils de sa mère – qu’il voit souvent en rêve pour le guider dans la vie -, Kyuta va se mettre subrepticement à imiter Kumatetsu dans ses moindres faits et gestes. Ce moment du film d’animation Le garçon et la bête va donner lieu à d’hilarantes scènes où Kuyta alternera entre l’entretien de la maison et l’imitation de « son » maître sans que celui-ce ne s’en aperçoive tout de suite, le balai alternant entre sa fonction première et la représentation d’un sabre de combat.  

Maître et disciple

Une complicité naît alors entre les deux sous le regard d’un ami de Kumatetsu, Tatara, qui ne croit pas au potentiel de l’enfant et d’un jeune moine, Momoaki, qui n’hésite pas avec sa sagesse à distiller ses conseils plus ou moins suivis par Kumatetsu et Kuyta. Un vrai lien va s’instaurer entre eux et après une ellipse, nous retrouvons Kuyta adolescent et comprenons vite que l’habituelle relation maître/disciple a été transcendé par ces deux énergumènes et qu’ils sont chacun à la fois le maître et le disciple de l’autre. Mais très vite, cette relation idyllique — Kumatetsu s’est attaché malgré lui à Kuyta qu’il considère maintenant comme son fils adoptif — va se heurter à la crise d’adolescence que va traverser Kuyta.

En effet, curieux de ses origines, celui-ci va se retrouver partagé entre le monde des bêtes et celui des humains. C’est aussi le besoin pour lui d’élargir son horizon et une envie de voler de ses propres ailes. Après le temps des insultes, c’est le temps des questionnements avec la rencontre d’une jeune étudiante, Kaede, qui va l’aider à appréhender le monde humain qu’il avait oublié. Ainsi, d’autres obstacles les attendront dans ce passage à l’âge adulte. Celui-ci ne se fera d’ailleurs pas sans une certaine violence et beaucoup d’émotion dans un récit où dégainer un sabre pour se battre fait d’un enfant un homme. Mais cette partie du film s’avère hélas beaucoup moins intéressante. Au final, Le garçon et la bête est un joli film d’animation familial qui vaudra surtout pour son très amusant duo disparate.

En savoir plus :

• Exposition gratuite autour de l’univers du film Le garçon et la bête et de son réalisateur Mamoru Hosoda au Carreau du Temple du 6 au 17 janvier 2016
• Date de sortie France : 13/01/2016
• Distribution France : Gaumont Distribution
• Film à partir de 10 ans

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Jean-Christophe Nurbel

Rédacteur en chef / Editor-in-chief chez Bulles de Culture

Accro aux films, aux pièces de théâtre, aux séries et à la culture en général, j'aime les œuvres qui me surprennent.

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