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si le vent tombe critique avis film photo
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Cinémed 2023 / “Si le vent tombe” (2020) de Nora Martirosyan

La 45ème édition du festival du cinéma méditerranéen de Montpellier, Cinémed 2023, qui a lieu du 20 au 28 octobre 2023, a décidé d’organiser une séance en soutien à l’Arménien avec la projection du film Si le vent tombe de Nora Martirosyan. La critique et l’avis sur le film. 

Synopsis :

Réalisant un audit pour un ministère français visant à établir le bon fonctionnement de l’aéroport du Haut-Karabagh, Alain se retrouve perdu dans le drame d’une république autoproclamée à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, en manque de reconnaissance internationale.

Si le vent tombe au cœur d’une actualité douloureuse

Si le vent tombe est malheureusement au cœur d’une actualité douloureuse puisque le conflit tendu présenté dans le film dans la république du Haut-Karabagh, prend une toute ampleur avec une guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan dont les opérations militaires se déroulent dans cette modeste république de la taille d’un département français.

Autour de cette guerre, se joue en coulisse l’opposition entre la Turquie d’Erdogan et la Russie de Poutine, entraînant la mort de plusieurs milliers de personnes depuis fin septembre 2020. La découverte de la complexité d’une république non reconnue par la communauté nationale et qui a subi une violente guerre lors de sa naissance entre 1988 et 1994, est l’enjeu du scénario de Nora Martirosyan.

Multiplication des regards

Pour saisir la situation, elle choisit d’introduire le spectateur à travers le regard extérieur d’un Français réalisant un audit avec la détermination et la conviction intérieure de l’acteur Grégoire Colin. Dans un premier temps assez froid comme le réclame sa fonction et son regard européen de personnage rigoureux et incorruptible, son personnage évolue en épousant la réalité du pays dont il saisit peu à peu l’intègre humanité au fil de ses rencontres.

La réalisatrice et coscénariste Nora Martirosyan choisit par ailleurs de multiplier les regards en offrant une place au cheminement d’un petit garçon débrouillard qui fait commerce d’une eau sacrée pour survivre et fait le lien entre différents habitants que le spectateur n’aurait pas sans lui connu.

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Si leurs chemins se croisent légèrement sans vraiment se rencontrer, c’est que le récit épouse l’idée d’une difficile rencontre entre l’avenir d’un pays abandonné à lui-même incarné par l’enfant et l’incompréhension des représentants de la démocratie européenne qui bien que bienveillante dans ses démarches, est vite dépassée par des intérêts qui la dépassent, symbolisée par le responsable français de l’audit.

Ouverture des consciences

Le pays est mis en scène à l’écran avec soin et une grande subtilité, utilisant notamment l’impressionnant aéroport à l’architecture moderne et qui aimerait voler de ses propres ailes, comme la métaphore de l’ensemble d’un pays qui aimerait rendre possible la fiction qu’il s’est construite, grâce à la foi de ses habitants en sn projet d’indépendance.

De bout en bout, le film porte le regard le plus juste pour saisir la complexité d’un modeste pays oublié de la communauté internationale et que le sacro-saint googlemap même ignore ! Un film qui offre une nouvelle opportunité de saisir la complexité du monde contemporain dans ce qui est le moins représentable et dont on ne parle hélas que lorsqu’un nouveau conflit se réactive et dont la prise de conscience peut être annihilée par l’omniprésence actuelle de la pandémie internationale.

Nora Martirosyan réalise une œuvre qui permet plus que jamais d’ouvrir des portes vers des consciences du monde que d’aucuns voudraient effacer à l’instar d’un génocide arménien en guise de double peine.

Cet article vous est proposé par le chroniqueur Cédric Lépine.

En savoir plus :

  • Si le vent tombe
    de Nora MartirosyanFiction
    100 minutes. France, Arménie, Belgique, 2020.
    Couleur
    Langues originales : français, karabaghtsi, arménien, anglais et russe
    Sortie cinéma (France) : 18 novembre 2020

    Avec : Grégoire Colin (Alain), Hayk Bakhryan (Edgar), Arman Navasardyan (Seirane), David Hakobyan (Korune), Vartan Petrossian (Armen), Narine Grigoryan (Karine)
    Scénario : Nora Martirosyan, Emmanuelle Pagano, Olivier Torres, Guillaume André
    Images : Simon Roca
    Montage : Nora Martirosyan, Yorgos Lamprinos
    Musique : Pierre-Yves Cruaud
    Son : Anne Dupouy
    Casting : Alexandre Nazarian
    Production : Julie Paratian (Sister Productions, France), Ani Vorskanyan (Aneva Production, Arménie), Annabella Nezri (Kwassa Films, Belgique)

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