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Bureau de Charlie Chaplin. « Il m’a volé ma moustache ! », s’écrie Charlot. Nous assistons à la création bouillonnante de son prochain film : Le Dictateur. Ses points communs avec Hitler sont troublants et le jeu de Romain Arnaud-Kneisky époustouflant. L’avis et la critique théâtre de Bulles de Culture sur le spectacle coup de cœur Chaplin, 1939 de Cliff Paillé.
Synopsis :
Le nazisme envahit dangereusement l’Europe. Charlie Chaplin (Romain Arnaud-Kneisky), lui, souffre de la concurrence du cinéma parlant. Son couple avec Paulette Goddard (Alice Serfati), et son inspiration commencent à décliner. Son frère Sydney (Alexandre Cattez) a peur pour lui, il lui demande d’arrêter le cinéma. C’est alors que la fièvre créatrice saisit Chaplin. Il doit dénoncer ce fou : « Je vais me payer Hitler ! »
La Cie Hé ! Psst ! ou comment l’art engagé peut participer à l’Histoire.
Chaplin, 1939 au Festival OFF Avignon : Un double perturbant, Charlie derrière Charlot
Hitler et Charlot n’ont pas que la moustache en commun. Ils sont nés tous les deux les 16 et 20 avril 1889. Et leur passé familial commun est tout aussi miséreux. Tous deux doivent leur détermination à leurs souffrances de l’enfance.
Charlie, après l’internement de sa mère, a heureusement gardé des liens très forts avec son frère Sydney. Alexandre Cattez joue cet aîné, homme d’affaires, mais surtout protecteur. Hoover et le FBI lui font peur. La création du Dictateur pousse Chaplin face à ses démons.
Charlie est un homme tourmenté, et Charlot lui a permis de cacher ses fragilités. C’est son épouse Paulette Goddard (Alice Serfati) qui lui ouvre les yeux, et le confronte à ses fantômes : « Le besoin qu’on t’aime a atrophié ta capacité à aimer… MONSIEUR est une icône, mais tout ça c’est du bonheur périssable ! »
Écrire Le Dictateur va apaiser les secrets de Charlie et révéler le génie de Chaplin.
Un hommage au cinéma muet
La mise en scène de Sophie Poulain et de Cliff Paillé est en noir et blanc, ponctuée de quelques rares images d’archives. Dans Chaplin, 1939, les clins d’œil aux chefs d’œuvre de Chaplin sont nombreux. La danse des petits pains de La Ruée vers l’or est ainsi reproduite par Alice Serfati avec deux citrons. La danse du barbier rythmée par Brahms et le discours final du Dictateur sont, eux, hypnotiques.
Lorsque Romain Arnaud-Kneisky, mâchant son chewing-gum, mime brillamment la scène de la mappemonde en ballon de baudruche, l’illusion est parfaite. Il incarne à merveille la rage de créer de Charlie, armé de ses bouclettes et de sa moquerie au coin de l’œil. Le comédien est littéralement habité et nous transporte dans le cerveau en feu de l’artiste de génie qu’était Chaplin.
La saveur d’un texte
Avec Chaplin, 1939, Cliff Paillé suggère l’imminence du cinéma parlant. Et les mots, il les malaxe avec délectation. Il confronte deux génies : l’un de la tragédie, l’autre de la comédie. Sa force est non pas de tomber dans un biopic, mais de rester dans le vrai des émotions.
Son texte est riche et dense. Il est mis en valeur par ses comédiens avec naturel et fluidité. Ce Charlie Chaplin de la Cie Hé ! Psst ! est attachant. Il est prêt à tout pour continuer à frémir de la moustache, et faire rire sa mère. Prêt à tout pour rester LIBRE !
C’est une pièce de théâtre coup de cœur de Bulles de Culture.
Notre avis ?
« La peur est le ciment des masses », écrit Cliff Paillé avec justesse. C’est en ridiculisant le Führer que nous pourrons exorciser nos peurs. Ce Chaplin, 1939 a tout pour plaire : une performance d’acteur exceptionnelle et un texte ciselé. Il est aussi historique car The Great Dictator sera le dernier rôle de Charlot.
En savoir plus :
- Chaplin, 1939 au Festival OFF Avignon 2023, au Théâtre La Luna du 7 au 29 juillet à 17h55. Relâches les 12, 19 juillet
- Distribution : Romain Arnaud-Kneisky, Alexandre Cattez, Alice Serfati
- Mise en scène : Cliff Paillé et Sophie Poulain
- Lumières : Yannick Prévost
- Vidéo : Samuel Govindin
- Durée 1h15
- Spectacle à partir de 12 ans
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