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Notre monde 2023 film photo critique avis
Gaumont Distribution

Arras Film Festival 2023 / “Notre monde” (2023) de Luàna Bajrami

Notre monde de Luàna Bajrami est présenté en avant première au sein de la sélection “Visions de l’Est” de la 24ème édition du Arras Film Festival 2023. Le film est prévu dans les salles françaises le 17 avril 2024. La critique et l’avis sur le film. 

Synopsis :

En 2007, une année avant que le Kosovo accède à son indépendance, deux cousines s’échappent ensemble de leur milieu familial pour accéder à leur indépendance en gagnant la ville où elles s’inscrivent dans une université pour suivre des études. Cependant les professeur.es sont rarement présent.es.

Notre monde : le kosovo, un état de déliquescence

La jeune actrice prodige Luàna Bajrami propose avec Notre monde (Bota Jonë) son deuxième long métrage en tant que réalisatrice après La Colline où rugissent les lionnes (2021). Cette fois-ci, elle ne joue pas dans son film et l’a réalisé en un temps record pour dresser le portrait d’une jeunesse oubliée, celle du Kosovo à une époque où son existence n’était pas encore reconnu.

Le pays et surtout les institutions publiques semblent dans un état de déliquescence profonde et la jeunesse totalement abandonnée à elle-même avec des adultes abandonnant largement leurs responsabilités vis-à-vis de la nouvelle génération, dans un cadre social quasi post apocalyptique.

Délabrement social

L’intention est forte pour la réalisatrice de rappeler ce cadre de profond délabrement social où si la génération qui était jeune au début des années 1990 était considérée comme sacrifiée, la génération des années 2000 se retrouve quant à elle oubliée.

Autour de ce désir de témoigner de ce contexte historique spécifique au Kosovo pour expliquer l’époque actuelle, Luàna Bajrami choisit de suivre deux cousines qui vont ensemble tenter l’aventure en ville. Elles se confrontent alors à la réalité d’un monde sans horizon et rencontrent d’autres jeunes auprès de qui elle pourront s’identifier.

Le sujet était en effet pertinent pour saisir une réalité précise mais à force de vouloir tendre à l’universel dans son récit, la réalisatrice en oublie totalement d’approfondir la réalité sociale et politique dans lequel évolue ses personnages, comme s’ils évoluaient dans un lieu abstrait, déconnecté de la réalité locale.

Un scénario écrit rapidement sans approfondissement

Le récit se veut singulier mais souffre d’un scénario écrit rapidement sans approfondissement, notamment autour de personnages qui manquent de consistance profonde alors que la caméra passe un peu trop vite de l’un à l’autre avec un manque de cohérence dans l’approche dramatique.

Malgré la volonté de traduire la réalité post-traumatique de tout un pays dont l’existence est toujours en quête de reconnaissance, dans une mise en scène, sobre et singulière, le film manque globalement de consistance et use bien trop facilement de grandes ficelles dans la mise en scène.

L’image issue d’une esthétique de clip d’Hugo Paturel trouve quelques fois de beaux plans travaillant la perspective mais sans pour autant l’intégrer dans l’enjeu narratif. Un film un propos trop léger dans l’interrogation politique qu’il mériterait.

Cet article vous est proposé par le chroniqueur Cédric Lépine.

En savoir plus :

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