Dernière mise à jour : juin 13th, 2020 at 03:15 pm
Ses livres sont attendus avec impatience depuis Elle s’appelait Sarah, vendu à 11 millions d’exemplaires à travers le monde et adapté au cinéma. Pourtant, avec son pedigree prestigieux (fille de Joël de Rosnay et petite fille d’un lord anglais ambassadeur à Paris par sa mère), sa double culture et ses univers féminins, Tatiana de Rosnay irrite parfois. Avis et critique sur son dernier livre, Les Fleurs de l’ombre.
Synopsis :
Clarissa Katsef a quitté brusquement son mari et cherche un logement à Paris. Rapidement, elle accepte de loger dans une résidence qui accueille de façon privilégiée des artistes. Une résidence particulièrement moderne avec des robots pour vous servir et ce qui reste de la Tour Eiffel à proximité.
Clarissa tient beaucoup de l’auteure par son âge, son métier d’écrivain, ses inspirations littéraires, sa double culture, sa proximité avec sa famille. Le lecteur est en bonne compagnie avec cette admiratrice de Virginia Woolf et de Romain Gary dont les demeures ont influencé sa vocation littéraire. Cette auto mise en scène à peine dissimulée va-t-il faire basculer ceux qui ne sont pas des inconditionnels de Tatiana de Rosnay vers l’irritation ? Assurément non. Au contraire, Les Fleurs de l’ombre s’avère très agréable à lire et même addictif pour en connaitre la fin.
Les Fleurs de l’ombre : un futur politique et technologique crédible
Tatiana de Rosnay ne s’attarde pas sur le contexte général de l’époque de son roman, même si elle nous annonce l’arrivée d’un gouvernement autoritaire après des attentats ayant détruit les monuments les plus emblématiques des capitales d’Europe. Elle s’intéresse surtout à la vie privée future. Les robots, les androïdes, quoique discrets y ont en effet trouvé leur place. Ils sont là pour servir mais aussi pour nous surveiller, en particulier dans cette résidence où séjourne la protagoniste. Loin des roman de science-fiction avec des petits hommes verts, le contexte décrit dans Les Fleurs de l’ombre est réfléchi et très réaliste. Il contribue à l’intérêt du livre.
L’humain comme sujet de prédilection
Les Fleurs de l’ombre s’intéresse à notre vie future et à la littérature, mais surtout à la psychologie de ses personnages. Nous approfondissons progressivement la connaissance de Clarissa, restée longtemps marquée par la mort d’un enfant et guérie en partie par l’hypnose mais toujours fragile. Ses relations avec sa petite fille vont évoluer au cours du récit. Cette dernière prend de l’ascendant et devient une femme forte et porteuse de bon sens. Un renversement des rôles qui marque peut être le basculement de Clarissa vers le début de la vieillesse.
Pour l’auteure, les relations humaines sont aussi un rempart efficace contre les technologies envahissantes. Clarissa trouve ainsi rapidement des complices dans l’immeuble pour se méfier des intelligences artificielles destinées à la surveillance.
Le dévoilement de la faute du mari pour la mise en tension du récit
Mais pourquoi donc Clarissa a-t-elle quitté son mari ? Nous l’apprendrons au fur et à mesure de la lecture. Tatiana de Rosnay intercale des chapitres sur l’avancement de l’enquête de Clarissa après la découverte de quelques cheveux blonds sur les vêtements de son mari. Pas question de dévoiler ici ce qu’elle va découvrir mais la révélation risque bien de vous interroger sur les deux thèmes du livre rassemblés en un clin d’œil subtil pour conclure : l’humain et les technologies du futur.
En savoir plus :
- Les Fleurs de l’ombre, Tatiana de Rosnay, Éditions Héloïse d’Ormesson, mars 2020, 336 pages, à partir de 9.99 euros