Dernière mise à jour : novembre 12th, 2022 at 11:04 am
Le Festival européen du film fantastique de Strasbourg, qui avait lieu du vendredi 23 septembre au dimanche 2 octobre 2022, propose dans la sélection « French Touch » le film Le Vampire de Düsseldorf de Robert Hossein. Découvrez la critique de ce film.
Synopsis :
Dans l’Allemagne des années 1930, tandis que les troupes de SA d’Hitler sèment la terreur, un homme assassine ses victimes inconnues dans la rue sans que la police ne trouve la moindre piste pour le retrouver. Quant à Peter Kürten, s’il est un humble ouvrier le jour, il devient la nuit un bourgeois attiré par les femmes jusqu’à leur ultime souffle.
Le Vampire de Düsseldorf : l’histoire vraie (ou presque) de Peter Kürten
Avec ce dixième film en tant que réalisateur après un premier film réalisé seulement une décennie plus tôt, Robert Hossein s’est montré très productif et prouve avec Le Vampire de Düsseldorf qu’il peut saisir aussi l’énergie de la Nouvelle Vague et de l’esprit romantique d’un Truffaut mâtiné de l’influence nourrie par le cinéma expressionniste allemand des années 1920 et 1930. Le film se situe plus particulièrement entre M. le maudit (M – Eine Stadt sucht einen Mörder, 1931) de Fritz Lang et L’Ange bleu (Der blaue Engel,1930) de Josef von Sternberg. En effet, il raconte l’histoire vraie (ou presque) de Peter Kürten, qui fut surnommé « le vampire de Düsseldorf » en raison des nombreux assassinats réalisés de sang-froid à Düsseldorf et qui inspira Fritz Lang pour son film. Il développe une histoire d’amour pour son protagoniste serial killer à l’égard d’une femme chanteuse de cabaret pour laquelle il est prêt à s’avilir comme dans le film de Sternberg.
Alors que le choix du titre tout comme la description historique de l’Allemagne de Weimar laisserait entendre une description précise et documentaire de la vie d’un tueur, Robert Hossein et ses coscénaristes ont préféré développer leur propre fiction avec ce tueur qui tue essentiellement des femmes et non plus aussi des enfants comme dans le film de Fritz Lang. Contrairement aussi à la version de Joseph Losey de M (1951), Robert Hossein ne cherche ni dans sa composition ni dans sa mise en scène l’exploration de sa psychologie. Et pourtant, son personnage est au centre de toute son intrigue, le spectateur n’ayant d’autre option que de s’intéresser à lui. De ce point de vue, le film est à la fois audacieux et novateur, dans la continuité de la Nouvelle Vague même s’il n’a pas été invité à en faire partie. Pourtant, son producteur, Georges de Beauregard, est LE producteur des cinéastes de la Nouvelle Vague et il est possible que sa confiance en Robert Hossein ait poussé notamment celui-ci à développer son sens de la mise en scène dans chacun de ses plans mûrement réfléchis.
La restauration du film met ainsi en valeur la beauté de ses images pour une histoire des plus tristes et sombres. Robert Hossein est quasi mutique rendant d’autant plus improbable le déferlement de violence de son personnage. La troisième influence du film devient dès lors Docteur Jekyll et Mister Hyde dans une construction inversée puisque l’humble ouvrier devient un tueur sanguinaire une fois habillé en bourgeois. C’est là une excellente inspiration cinématographique comme source pour construire un récit inédit, sur une mise en scène réglée au cordeau.
En savoir plus :
- Site officiel du Festival européen du Film fantastique de Strasbourg
- Le Vampire de Düsseldorf
de Robert Hossein
Fiction
91 minutes. France, Espagne, Italie, 1965.
Noir & Blanc
Langue originale : françaisAvec : Robert Hossein (Peter Kürten), Marie-France Pisier (Anna), Roger Dutoit (le commissaire Momberg), Annie Anderson (Paula), Michel Dacquin (Beck), Norma Dugo (une fille), Paul Pavel (Lehndorf), Robert Le Béal (Schroeder), Colette Régis (la patronne du cabaret), André Badin (le garçon du dancing), Tony Soler (Mme Loebel, la logeuse de Kürten), Tanya Lopert (une fille), Henri Attal (un ouvrier), Danik Patisson (Erna), Yves Bureau (un journaliste), Roberto Camardiel (le régisseur de l’Eldorado), Michel Charrel (un policier), Pierre Collet (le contremaître), Evelyne Dassas), Edith Ker (une passante), Yves Elliot (un journaliste), Laure Paillette (Mme Schultz), Pierre Roussel (un journaliste), Paloma Valdés (Rosa), Pierre Vernet (un père), Konrad von Bork (un homme), Dominique Zardi, Anne Carrère, Jean-Michel Rouzière, André Rouyer
Scénario : Claude Desailly, Robert Hossein, Georges Tabet et André Tabet
Dialogues : André Tabet et Georges Tabet
Décors : Pierre Guffroy et François de Lamothe
Images : Alain Levent
Montage : Marie-Sophie Dubus
Musique : André Hossein
Son : Guy Chichignoud
Scripte : Suzanne Durrenberger
Sociétés de production : Rome Paris Films, Maleno Malenotti, Mega Film, Producciones Benito Perojo
Production : Georges de Beauregard et Benito Perojo
Directeur de production : René Demoulin
1re sortie salles (France) : 7 avril 1965