Dernière mise à jour : août 1st, 2019 at 10:51 pm
Synopsis : Un cinéaste reconnu, Bertrand (Bertrand Bonello), travaille sur son prochain film, consacré à la monstruosité dans la peinture. Il est guidé dans ses recherches par une historienne d’art, Célia Bhy (Jeanne Balibar) avec laquelle il entame des discussions étranges et passionnées.
C’est dans le beau Paris – celui des musées (Louvre, Musée de l’Orangerie, Centre Pompidou), des parcs et des grandes avenues – que l’on suit avec délectation Bertrand Bonello, cinéaste en quête absolue du tableau de maître qui inspirera sa prochain œuvre. Comme lui, le spectateur avance à l’aveuglette et arpente les allées des plus beaux musées de la capitale, découvrant ou redécouvrant les œuvres de Chassériau, Caravage, Moreau et Miró.
© Epicentre Films Pour autant, c’est loin de tout académisme ou de volonté explicative qu’Antoine Barraud filme ses œuvres. Grâce à l’alternance des points de vue – plans larges, gros plans sur un détail de l’œuvre -, Antoine Barraud morcèle les œuvres, créant ainsi chez le spectateur une curiosité croissante à mesure des pérégrinations de son acteur principal.
Antoine Barraud utilise avec brio le médium de la peinture comme matérialisation de la quête d’un cinéaste en proie à son propre monstre, monstre lui-même matérialisé par une tâche rouge invasive et poussant dans son dos à mesure que le film avance.
Sans nul doute qu’à la question de savoir si la figure du monstre l’obsède, Antoine Barraud répondrait certainement par l’affirmative. Sa filmographie et ses précédents court-métrages (Monstres [2005], Monstre numéro deux [2008]), en attestent.
© Epicentre Films Pour accompagner le personnage de Bertrand Bonello dans cette quête, les figures de femmes au grain de folie délectable constituent un élément important du film. On y croise notamment une Jeanne Balibar, historienne de l’art non conventionnelle, à la verve acide et jouissivement drôle, et une Géraldine Pailhas en double passionnée.
L’autre belle surprise du film est peut être le personnage de Barbara, joué par Joana Preiss, la discrète compagne, libre et amoureuse de Bertrand.
On retiendra aussi ce beau moment de grâce lors de la magnifique scène de dîner où l’on croise une américaine convaincue d’être un oiseau, une Nathalie Boutefeu en chat-souris et une Joana Preiss envoûtante en chanteuse lyrique à barbe.Temps suspendu
© Epicentre Films Le tournage de Le Dos Rouge a duré trois ans, trois années durant lesquelles les acteurs ont continué leurs projets. Peut être est-ce ces allers-retours dans le temps qui confèrent au film cet aspect fragmenté mais libre et léger : “un luxe dans la pauvreté”, pour reprendre les termes du réalisateur-acteur Bertand Bonello.
Loin de tout contrôler, Antoine Barraud laisse le champ libre à l’interprétation, à l’exemple du travail fait avec ces acteurs : “j’essaye de tirer un fil existant et en même temps d’aller vers quelque chose auxquels on ne s’attend pas”.
Antoine Barraud appartient à cette famille d’auteurs qui expérimente et questionne. On lui reconnaitra une sensibilité proche du cinéma de João Pedro Rodrigues. On notera d’ailleurs sa future production : L’Ornithologue de João Pedro Rodrigues.
À suivre…
En savoir plus :
– https://twitter.com/search?f=realtime&q=%40bullesdeculture%20%23LeDosRouge&src=typd (live-tweet de Bulles de Culture)
– http://www.epicentrefilms.com/Le-Dos-Rouge-Antoine (site officiel du distributeur)
– Date de sortie France : 22/05/2015
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