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Squadra criminale - Saison 3 série télé
© Marco Piovanotto

♥ [Critique] “Squadra Criminale” saison 3 : l’obscure clarté de la vérité

Programmée sur ARTE du 26 juillet au 6 octobre 2019, le vendredi soir, la série policière italienne Squadra Criminale (Non Uccidere) captive plus que jamais. L’avis et la critique série de Bulles de Culture sur Squadra Criminale saison 3. C’est un coup de coeur.

Synopsis :

Le capitaine Valeria Ferro (Miriam Leone) de la brigade criminelle de Turin est de retour pour une troisième saison. Cette saison se veut plus intense encore. Le drame familial, qui occupait une large part de la saison 2, devient plus complexe dans ses intrications et complique les relations de Valeria avec son chef — et ex compagnon — Giorgio Lombardi (Thomas Trabacchi). Les affaires policières, quant à elles, tournent plus que jamais autour d’affaires de moeurs sombres : violences conjugales, inceste, manipulation, viol, bondage…

Squadra Criminale saison 3 : un rythme haletant et maîtrisé

Squadra criminale - Saison 3 série télé
© La Rai / D.R.

Cette troisième saison de Squadra Criminale, qu’ARTE a fait le choix de diffuser en la faisant précéder de la deuxième saison, reprend ce qui fait la force et la réussite de la série : chaque affaire est déroulée en deux fils dont on ne perçoit qu’au long de l’épisode — ou des épisodes — comment ils s’intriquent. À une trame policière vient ainsi s’adjoindre celle du drame familial de Valeria, dont les éléments sont distillés avec soin depuis la première saison.

Claudio Corbucci et Pepe Fiore, qui sont au scénario, font un choix inédit : celui d’ouvrir la saison sur la disparition de la mère de Valeria et Giacomo (Davide Iacopini), Lucia Ferro (jouée dans les deux précédentes saisons par Monica Guerritore). Le second épisode traite ensuite de la mort du père de Valeria et Giacomo de la même façon que les autres affaires policières : on voit en parallèle l’avancée de l’enquête de Valeria et ce qui s’est réellement passé vingt ans auparavant.

La réalisation de Lorenzo Sportiello est plus ciselée encore qu’à l’ordinaire et donne une profondeur abyssale au personnage de Valeria Ferro, plus brisée que jamais, et sublimée par le jeu sans faille de l’incroyable Miriam Leone. Les plans sont intransigeants et font apparaître dans leur plus éclatante noirceur les failles, les vices, les dérapages passionnels, et les masques craquelant sous les plus lourdes erreurs.

Squadra Criminale ou le lourd prix de la vérité

Squadra criminale - Saison 3 série télé
© La Rai / D.R.

Autre nouveauté proposée par Claudio Corbucci et Pepe Fiore pour cette saison : le public a cette fois un temps d’avance sur Valeria et sait maintenant comment son père est mort. C’est un choix audacieux qui rend un peu de son panache au personnage de Giorgio Lombardi (Thomas Trabacchi), complique encore plus le personnage de Lucia, pourtant presque absent de la saison, et provoque d’importantes répercussions sur le binôme Valeria/Giacomo.

Ce choix de scénario donne d’ailleurs plus de poids à toutes les affaires que la saison draine. Ainsi, pour la première fois dans Squadra Criminale, le personnage de Valeria vacille et sombre, se droguant aux médicaments pour tenir. Face à cette héroïne chancelante, chaque histoire sordide semble un défi à relever. La vérité apparaît dans ce qu’elle a de plus horrible. Plus que d’habitude, on voit résonner le drame familial en écho avec les autres affaires criminelles.

Cette résonance rend aussi plus acerbe encore la vérité que chaque affaire finit par révéler. Le poids de la vérité submerge et noie notre protagoniste, incapable de supporter celle de sa propre histoire. Jalousie, pouvoir, domination, cupidité, trahison et luxure deviennent alors insupportables. Les vices humains se dévoilent dans un Turin obscur, inquiétant, tragiquement labyrinthique et s’assemblent pour dresser le portrait sans concession de l’humaine vanité.

Une saison paradoxalement optimiste

Squadra criminale - Saison 3 série télé
© Marco Piovanotto

Malgré tous les éléments de noirceur relevés dans cet article, Squadra Criminale saison 3 n’est pas sans lueur d’espoir. La lumineuse présence de Matteo Martari et de son personnage d’Andrea fournit même un pôle solaire fort à cette saison. C’est de même sur la relation choisie et assumée d’Andrea et de Valeria que s’ouvre Squadra Criminale. Claudio Corbucci et Peppe Fiore choisissent donc de l’ancrer dans la série dès le début de la saison — et c’est un choix porteur.

En étoffant le personnage d’Andrea, ils créent aussi un beau personnage de second, dont les choix et l’humanité viennent apporter douceur et clarté. Ce contraste avec le microcosme obscur et funeste que la série donne à voir est très intéressant et rend leurs lettres d’or aux belles valeurs que sont l’altruisme, l’amour, la générosité et la bienveillance.

Cette troisième saison ouvre enfin les portes à d’autres personnages : Giuseppe Menduni (Federico Pacifici), le père biologique de Valeria, et sa fille Viola (Martina De Sentis), dont on comprend qu’ils ont un rôle à jouer pour la prochaine saison — rôle qui s’avère moins sombre qu’on pourrait d’abord le penser. Ainsi, l’amour est davantage présent et il montre un visage souriant qui laisse ouverte la porte de l’optimisme. C’est une série coup de coeur de Bulles de Culture.

En savoir plus :

  • Squadra Criminale saison 3 est diffusée sur ARTE du vendredi 2 août au vendredi 6 septembre 2019 à 20h55. La série est également diffusée en streaming et disponible en replay sur arte.tv
Morgane P.

2 Commentaires

  1. Bonjour,

    Je tombe assez rarement sur des critiques riches, bien construites, suffisamment synthétiques, quel qu’en soit le domaine. Merci pour celle-là, je m’y retrouve tout à fait

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