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L'immensita photo
© Angelo Turetta

Critique / “L’Immensità” (2022) d’Emanuele Crialese

Après une sortie dans les salles de cinéma en janvier 2023, L’Immensità d’ Emanuele Crialese est disponible en vidéo depuis le 17 mai dernier. La critique et l’avis sur le film avec Penélope Cruz. 

Synopsis :

Dans les années 1970 à Rome, la jeune Adri (Luana Giuliani) qui préfère laisser entendre qu’elle est un garçon à la jeune fille qui s’intéresse à elle et qui vit dans des baraquements de fortune en face de chez elle, découvre la tristesse de sa mère (Penélope Cruz) qui se fane dans sa vie de couple.

L’Immensità : récit intimiste autour d’une mère

Dix ans après ses deux fresques consacrées à l’immigration contemporaine et historique (Terraferma et Golden Door), Emanuele Crialese revient au récit intimiste autour d’une mère dont le désamour conjugal la rend d’autant plus fragile comme dans Respiro (2002). Sauf qu’ici la mère jouée par Penélope Cruz n’est pas au centre de l’intrigue mais reste bien à sa place de personnage secondaire, car le regard partagé est celui d’Adri en pleine construction identitaire adolescente qui voit le fragile équilibre du foyer développé autour de ses parents prendre feu. Face à ce péril d’un naufrage annoncé, Adri affirme ses choix qui déplaisent à son entourage, notamment son propre père, symbole du patriarcat obscène dans sa voiture de sport, la pression qu’il exerce sur son épouse, ses excès de colère à table pour imposer son pouvoir à ses enfants, ses abus sexuels dans son travail en mettant enceinte sa secrétaire et l’abandonnant sans complexe…

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Ce patriarcat s’affirme parallèlement dans l’architecture de la ville qui efface les lieux de vie des personnes vivant en marge de la société comme l’amie d’Adri. Si les années de plomb ne sont pas directement évoquées, le contexte de la violence sociale reste en toile de fond de cette chronique initiatique adolescente centrée sur la famille. Adri cherche désespérément des appuis forts extérieurs, tentant de communiquer avec l’au-delà, qu’il soit extraterrestre ou religieux dans deux séquences qui tournent à l’échec. Seule sa mère témoigne de la compassion à son égard et Adri l’imagine dès lors sous les traits de la chanteuse populaire italienne Raffaella Carrà dans des chorégraphies hollywoodiennes d’un autre temps pour une expression émancipatrice résolument onirique.

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Le film invite ainsi la comédie musicale dans quelques scènes dans cette chronique douce-amère sur la fin de l’innocence, marquée notamment en Italie par le déclin progressif de Cinecittà et l’arrivée massive de la télévision : ce parallèle contextuel n’est pas non plus anodin comme fond historique de l’évolution du personnage principal.

Notre avis ?

Il en résulte une chronique désenchantée de l’Italie des années 1970 et l’affirmation malgré tout d’une figure adolescente sensible à l’iniquité autour d’elle et qui tente de trouver sa propre voie dans un chaos ambiant.

Cet article vous est proposé par le chroniqueur Cédric Lépine.

En savoir plus :

  • Disponible en DVD/Blu-ray chez Pathé Films à partir du 17 mai 2023
Bulles de Culture - Les rédacteur.rice.s invité.e.s

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