Plus de cinq millions d’entrées en Italie pour Il reste encore demain, plus fort que Barbie et Oppenheimer. Un film italien basé à Rome, avec une mère de famille qui décide de s’émanciper et de se construire un avenir meilleur. L’avis et la critique séduite de Bulles de Culture.
Synopsis :
1946. La guerre a pris fin. Delia (Paola Cortellesi) n’est pas une femme heureuse. Coincée dans sa routine entre son mari, ses enfants et son beau-père alité en fin de vie, elle voit les jours s’écouler dans la ville de Rome de façon monotone. Un évènement va changer sa destinée.
Il reste encore demain : une pépite italienne sur la condition féminine
Le mois de mars est désormais celui des femmes car c’est le 8 que se déroule annuellement la Journée Internationale des Droits des Femmes. Ce n’est pas qu’une journée pour les soutiens gorge en promotion.
Comme son nom l’indique, il s’agit de faire progresser les droits encore et encore. Le souffle habitant chaque démocratie doit normalement nous y pousser. Et c’est sur un évènement important de l’histoire des femmes en Italie (pays patriarcal s’il en est) que C’è ancora domani veut revenir
C’è ancora domani donne littéralement en français Il reste encore demain. Et c’est à demain que décide de penser Delia, l’héroïne du film incarnée par sa réalisatrice Paola Cortellesi. Un film de femmes réalisé par une femme.
Une vie de soumission… jusqu’au réveil
Paola Cortellesi passe derrière la caméra pour la première fois afin de nous conter l’histoire d’une jeune femme d’âge moyen qui est au service de toute sa famille, beau-père (qui la tripote) compris. Son mari a de régulières sautes d’humeur qui provoquent des gifles à l’encontre de sa femme.
Lorsque leur fille Marcella est demandée en fiançailles, Delia ne voit pas cela d’un bon œil. C’est le début de son sursaut.
Et tout le long-métrage, en mode populaire comme le traditionnel cinéma italien, est nourri – avant ce sursaut – de scènes de violence entre mari et femmes qui valent le coup d’œil car chorégraphiées comme au théâtre. Paola Cortellesi souligne le tragique de la théâtralité de la vie, comme le faisait le sociologue Erving Goffman. Nous accomplissons nos tâches en étant des acteurs, en tenant nos rôles au quotidien.
En cela, le film est surprenant.
Hommage rendu aux ancêtres, aux compagnes de vie
Mais il n’est pas surprenant que pour cela : il sortait, en octobre 2023, en plein débat sur les féminicides en Italie. La fin tragique d’une jeune femme du nom de Giulia Cecchettin (âgée de 22 ans) tuée par son ex-compagnon, a signé le 106e féminicide en Italie de l’année 2023, et ému la population.
L’Italie fait donc face – dans les journaux et sur grand écran – aux racines de sa culture machiste et patriarcale.
Dans la note d’intention accompagnant son film, Paola Cortellesi partage ses envies, la genèse du film : “Dans Il reste encore demain, j’ai voulu raconter les actions extraordinaires de toutes ces femmes ordinaires qui ont construit, sans même le savoir, l’Italie. Delia, c’est notre grand-mère, notre arrière-grand-mère. Qui sait si elles avaient envisagé elles aussi un « demain » possible. Pour Delia, « demain » existe. C’est un lundi, un jour précieux, le dernier pour commencer à construire une vie meilleure”.
Et ce message est celui d’un film qui vient de rentrer dans le top 10 des films les plus vus dans l’histoire du box-office italien.
Notre avis ?
Il reste encore demain étonne par son mélange de légèreté et gravité, et possède toutes les qualités pour faire date. Alors, triomphera ou triomphera pas en France ?
En savoir plus :
- Il reste encore demain de et avec Paola Cortellesi
Date de sortie France : 13/03/2023 - Distribution France : Universal Pictures International France