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Critique / “Chanteurs d’oiseaux” (2023) de Jean Boucault et Johnny Rasse

Un village, Arrest, d’à peine un peu plus 800 âmes, huit kilomètres au sud de Saint-Valery sur Somme, a donné naissance à une rivalité devenue amitié indéfectible entre deux enfants amoureux des oiseaux, de leur vie, de leurs caractéristiques, de leurs chants, qui a débouché sur l’un des plus improbables duo, celui de Chanteurs d’oiseaux qui se produit sur les scènes du monde entier dans des spectacles ou lors de manifestations spécifiques. Tout cela est raconté dans un livre paru aux éditions Les Arènes, PUG en mai 2023 tout simplement sous le titre éponyme de Chanteurs d’oiseaux. La critique et l’avis sur le livre

Cet article vous est proposé par le chroniqueur Chris L.

Chanteurs d’oiseaux : “Une rivalité peu à peu va prendre forme entre ces passionnés que deux années séparent

Côte à côte, mais jamais ensemble, ils racontent successivement, se répondant l’un à l’autre sur ce que furent leurs enfances et adolescences. Les chapitres s’enchainent entre ceux du goéland argenté et du merle noir, symboles respectifs de Jean Boucault, le fils du pharmacien, et de Johnny Rasse, le fils du chasseur de canes à l’épuisette, les futurs Chanteurs d’oiseaux. Jean a quitté le pays des chocolatines, Toulouse, dès son plus jeune âge, deux ans, pour se retrouver « parachuté pile en dessous de ce qui se révèle être la voie migratoire maritime majeure des oiseaux du paléarctique occidental » ; le graal en quelque sorte. Johnny est quant à lui un pur enfant de ce village de la baie de Somme, initié très tôt à la location de canes aux chasseurs parisiens. Ils sont encore enfants de l’école primaire et déjà leur renommée est faite ; « C’est incroyable, Johnny est comme un oiseau ! Mais le fils Boucault est encore plus fort que lui … ». Une rivalité peu à peu va prendre forme entre ces passionnés que deux années séparent. La nature, la solitude, l’attente des volatiles, leur observation, leur écoute occupent l’essentiel de leur temps libre, toujours séparément, pour mieux pouvoir communiquer avec ces fascinants oiseaux.

découverte du premier Festival de l’oiseau d’Abbeville

Et un jour, face à France 3 Picardie, pour Jean c’est la découverte du premier Festival de l’oiseau d’Abbeville, avec Hélios et Zorro, deux adultes, plutôt vieux, qui ont raflé les deux premières places d’un concours d’imitation de chants d’oiseaux. Direction Abbeville, submergée par les affiches et les reproductions d’oiseaux dans les vitrines où avec ténacité, en un rien de temps, Jean se retrouve inscrit comme premier candidat de l’édition à venir dans un an. La machine est lancée, le goéland argenté a pris son envol avec Jean qui se transforme littéralement en oiseau, par ses attitudes, ses mouvements, ses poses, ses cris, son chant caractéristique. Plus timide, émerveillé par les prestations du fils du pharmacien, Johnny va seul, caché, acquérir le chant du merle noir, très riche et complexe, et réussir à subjuguer son père qui dès lors ne sera plus un soutien pour Jean ni son professeur en chant d’oiseaux. La concurrence est née, les cachotteries apparaissent, les concours seront là pour les départager et leur attribuer quelques chèques en récompense. Les techniques évoluent avec l’âge mais ils demeurent les meilleurs en Baie de Somme, soulevant toujours l’admiration des foules, devenant de petites vedettes locales des journaux ou même télévisuelles grâce à France 3 Picardie. Ils enrichissent leur répertoire, et ont en eux les germes des futurs Chanteurs d’oiseaux qu’ils sont aujourd’hui devenus.

Rempli de souvenirs, de malice et d’anecdotes

Rempli de souvenirs, de malice et d’anecdotes, de patois picard, Chanteurs d’oiseaux, au fil des pages, offre un défilé de volatiles connus mais surtout de beaucoup moins connus tels le courlis cendré, le tadorne de Belon, l’huitrier pie, le pluvier doré, le chevalier gambette, l’avocette élégante, le Cyrano des marais…, une véritable leçon d’ornithologie passionnante de bout en bout. Entre sifflements et chants des imitateurs, plus ou moins doués, aucun doute n’est possible sur les réels talents des deux gamins d’Arrest. Un livre qui magnifie la nature, les espèces vivantes, qui sublime la passion chevillée au corps de très jeunes enfants. Chanteurs d’oiseaux, le livre, est tout aussi bluffant et enthousiasmant que les prestations délivrées par les deux compères sillonnant aujourd’hui le monde et ses lieux célèbres, que des endroits plus simples ou improbables comme des jardins publics, des parcs, ou la nature sauvage elle même, au milieu des oiseaux. Le goéland argenté et le merle noir, de musiciens ils se sont transformés en auteurs qui dévoilent les bons moments comme les moins réjouissants  traversés, toujours avec beaucoup d’humour, de franchise. C’est réjouissant, rafraichissant, musical, entendant, pour qui prend le temps de lire tranquillement, une multitude d’oiseaux chanter, ceux que l’on a croisé, regardé, admiré mais jamais tenté ou réussi à imiter. Merci à Jean Boucault et à Johnny Rasse pour ce voyage envoûtant.

En savoir plus :

  • Chanteurs d’oiseaux, Jean Boucault – Johnny Rasse, Les Arènes PUG, mai 2023, 267 pages, 20,90 euros

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