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le procès Goldman photo film cannes
Séverine Brigeot - Moonshaker

Cannes 2023, jour 2 / Arieh Worthalter et Arthur Harari réunis dans “Le Procès Goldman”

Le procès Goldman de Cédric Kahn ouvre l’édition 2023 de la Quinzaine des cinéastes. Le film est un huis clos dans une salle d’audience concernant une affaire qui a passionné l’opinion publique dans les années 1970. Trois questions aux acteurs Arieh Worthalter et Arthur Harari, les deux têtes d’affiche de ce film intense à la mise en scène épurée.

Synopsis :

En novembre 1975, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense. Mais très vite, leurs rapports se tendent. Goldman, insaisissable et provocateur, risque la peine capitale et rend l’issue du procès incertaine.

Cannes 2023 : Trois question à Arieh Worthalter et Arthur Harari, acteurs principaux du film Le Procès Goldman

BdC : Comment Cédric Kahn vous a décrit ses intentions sur Le Procès Goldman

Arieh Worthalter : Il a été très épuré et très fin. Il m’a simplement montré le scénario. On a fait une lecture ensemble. Il m’a décrit la simplicité avec laquelle il voulait raconter cette histoire sans rentrer dans des complications liées à l’adaptation d’une histoire vraie.

Arthur Harari : Cédric n’est pas quelqu’un qui s’épanche. Il ne veut pas être dans la théorie. C’est un homme d’action. Je connaissais bien l’histoire de Goldman car mes parents l’ont côtoyé. Ils étaient dans la même organisation. J’avais lu son livre. L’angle choisit par Cédric Kahn, qui était uniquement d’évoquer le procès, était selon moi parfait. Goldman est une figure difficile à aborder, au risque de tomber dans le débat de l’innocence. Le procès permet une mise à distance, tout en étant impliqué émotionnellement.

Arieh Worthalter : On peut penser ce qu’on veut à côté mais là on fait un objet cinématographique. On doit offrir aux spectateurs l’expérience d’une impartialité.

BdC : Quelles sont les valeurs qui émanent de cette affaire selon vous ? 

Arieh Worthalter : Il y a énormément de sujets communs qui se répondent avec notre société actuelle. Que ce soit dans les violences policières, les conflits raciaux. On voit aujourd’hui un nouvel engagement d’une certaine jeunesse dans une envie de lutte armée. Je crois qu’on est dans les mêmes préoccupations que celles présentes à la sortie de la grande guerre.

Arthur Harari : J’ai vraiment eu la sensation durant ma jeunesse que quelque chose en rapport avec l’histoire s’était apaisé. Je parle de mon point de vue de fils de militant d’extrême gauche qui a vu la possibilité d’une révolution s’éloigner. Néanmoins, aujourd’hui, le corps social dans son entier se sent à nouveau connecté à la possibilité d’écrire son histoire. Les tensions remontent. Le film ne montre que des tensions qui ne cessent de s’exprimer. Pour moi, le film dialogue avec l’actualité d’une façon très claire.

Le Procès Goldman - Visuel 2 photo avis
© Moonshaker

BdC : Pensez-vous que Goldman est innocent ? 

Arieh Worthalter : Je n’ai pas envie de répondre à la question maintenant. Je veux d’abord entendre ce que le public pense.

Arthur Harari : Moi, je ne peux pas réellement répondre à la question. C’est très troublant. Il me semble néanmoins que l’acquittement était la seule possibilité dans cette affaire. L’enquête a été très mal menée avec énormément de partialité venant des juges. Il n’y avait pas assez de preuves matérielles. La décision la plus judicieuse était donc l’acquittement.

Arieh Worthalter : N’étant plus là et ayant été déclaré innocent, Goldman l’est tout simplement d’un point de vue de la justice. Il n’y a plus de débat.

et aussi ?

Conférence de presse de Jeanne du Barry – Maïwenn qui déclare maladroitement les raisons de son choix pour avoir proposé à Johnny Depp le rôle de Louis XV : « J’allais devoir jouer dans le film et embrasser l’acteur, je préférais donc avoir un acteur sexy »

Le réalisateur japonais Hirokazu Kore-Eda ouvre la compétition avec son film Monster. Le cinéaste a déjà obtenu la palme d’or en 2018 pour Une affaire de famille.

Pedro Almodovar présentait sur la croisette son court métrage Strange Way of Life avec Pedro Pascal et Ethan Hawke.

Thomas Cailley ouvre la section un certain regard avec Le Règne animal  accompagné de ses deux acteurs Romain Duris et Adèle Exarchopoulos.

En savoir plus :

  • Le Procès Goldman : au cinéma le 27 septembre 2023
  • Distributeur : Ad Vitam
Antoine Corte

2 Commentaires

  1. Bonjour.
    La question de l’innocence a tôt fait de devenir secondaire, lorsqu’en est en présence d’une affaire judiciaire : même dans le cas de l’affaire Dreyfus, Clémenceau pensait que Dreyfus était coupable (mais n’avait pas eu droit à ce qu’aux Etats-Unis on appelle un ‘fair trial’) lorsqu’il décida de publier le J’Accuse…! de Zola dans l’Aurore du 13 janvier 1898. En ce qui concerne le double crime du boulevard Richard-Lenoir et s’il n’est pas question de dénoncer ce n’est pas inutile de rappeler que l’identité de l’auteur, à défaut de son patronyme exact -parfaitement repérable toutefois- a été indiquée dans un ouvrage consacré à Pierre. Mais bien entendu les médias se sont empressés de détourner le regard : quelle aubaine, ce serait, si toute une génération identifiée au gauchisme-sic pouvait avoir pris fait et cause pour un coupable !

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