Dernière mise à jour : septembre 30th, 2021 at 10:20
Plaidoiries, la pièce de théâtre avec Richard Berry est mise en scène par Eric Théobald et se joue au Théâtre Antoine depuis le 12 septembre 2018. Le comédien reprend cinq plaidoiries de la défense prononcées lors de grands procès récents. La critique théâtre et l’avis de Bulles de Culture sur ce seul en scène.
Synopsis :
Gisèle Halimi, Paul Lombard ou encore Jean-Pierre Mignard, ils ne sont ni auteurs, ni acteurs : ils sont avocats. Et pourtant, ils ont écrit des textes magnifiques lors de grands procès emblématiques pour défendre leurs clients. Si leurs paroles ont raisonné uniquement dans les prétoires, elles n’en restent pas moins des discours poignants. C’est grâce à Matthieu Aron, auteur du livre Les Grandes Plaidoiries des ténors du barreau, que ces textes vont avoir une seconde vie auprès du public.
Les mots de ces avocats ont toujours un sens
Plaidoiries opte pour une mise en scène minimaliste imaginée par Eric Théobald. De chaque côté, on voit deux barres de salle d’audience. L’arrière du décor est constitué d’écrans mobiles, projetant des informations en lien avec le procès. Le contexte et l’issue de chaque plaidoirie sont expliqués au public, en immersion dans des pans de l’Histoire. Il est en quelque sorte le jury d’assise qui écoute à nouveau ces grandes joutes verbales. Les choix des plaidoiries sont excellents par leur dimension intemporelle. Les mots de ces avocats, datant pour certains de plusieurs décennies, ont en effet toujours un sens. Le moment est particulièrement intense quand retentissent les mots de Gisèle Halimi qui défendait avec hargne le droit à l’avortement. En plein mouvement #MeToo, ce combat des femmes de disposer de leurs corps trouve malheureusement toujours écho dans notre société actuelle.
Plaidoiries rend intemporel des textes écrits pour être utiles
La réussite de cette belle pièce de théâtre qu’est Plaidoiries tient évidemment en grande partie aux prestations époustouflantes de Richard Berry. Le comédien est seul sur scène durant la totalité du spectacle. Il est pourtant continuellement habité par l’esprit des avocats, qu’il interprète, et des clients qu’il défend. Le jeu de l’acteur relève ici de la passion. Richard Berry campe aussi bien Paul Lombard défendant Christian Ranucci contre la peine de mort dans l’affaire du pull-over rouge que l’avocat défendant les familles des victimes de Clichy-sous-Bois. Évitant pourtant le mimétisme, le comédien s’approprie les exaltations de ces célèbres avocats.
Le brio de Plaidoiries vient dans le travestissement de l’acteur qui prend le rôle de Gisèle Halimi pour défendre l’avortement. Ne changeant aucun mot, gardant notamment l’allusion à “son accouchement”, l’acteur montre ses tripes dans cette partie du spectacle, pour une cause qui semble particulièrement le toucher.
Plaidoiries rend donc intemporel des textes écrits pour être utiles, donnant le statut d’œuvres théâtrales à ces joutes verbales d’exception.
En savoir plus :
- Plaidoiries au Théâtre Antoine (Paris, France) du 12 septembre au 25 novembre 2018
- Plaidoiries au Théâtre Libre (Paris, France) du 21 septembre au 02 décembre 2019