Dernière mise à jour : octobre 19th, 2019 at 10:13 pm
Naît-on homme ? Ou comment le devient-on ? C’est la question que pose Atomic Man, chant d’amour de Julie Rosselot-Rochet et Lucie Rébéré. L’avis et critique théâtre de Bulles de Culture sur cette création déroutante.
Synopsis :
Arthur naît au Tonkin, quartier de Villeurbanne, lors de l’éclipse de 1999. Si l’on part de sa majorité légale, ses 18 ans, et que l’on remonte à sa naissance, qu’est-ce qui a fait de lui un homme ?
Atomic Man, chant d’amour : masculinités en question
Avec Atomic Man, chant d’amour, Julie Rosselot-Rochet et Lucie Rébéré mettent en question la construction du masculin. Pour ce faire, elles choisissent d’imaginer un jeune homme, Arthur, à ses 18 ans, et de remonter jusqu’à sa naissance. Pour incarner Arthur et les hommes qu’il rencontre, cinq femmes sur le plateau, histoire de mettre à distance les hommes qu’il va s’agir de décrire : Margot Alexandre, Margaux Grilleau, Lorène Menguelti, Alice Pehlivanyan et Valentine Vittoz.
Dans le parcours à rebours d’Arthur, on croise d’abord un groupe de masculinistes radicaux, qui ne sont pas sans rappeler Trump et qui prônent la domination masculine à tout prix. Il est aussi question des premières vidéos pornographiques et des premières éjaculations, de la fille qu’il a voulu approcher, de ses craintes quant à ses érections, de ses déambulations à vélo ou à mobylette, de ses matchs de foot avec les copains et de ses aventures de chevalier.
À ce fil rouge de la vie d’Arthur viennent se greffer des saynètes historiques. Il est question de l’ours que l’on devait abattre pour faire ses preuves au Moyen-Âge ou encore d’un procès où la virilité d’un époux est mise en question par sa femme au titre que ce dernier n’a pas de testicules apparents. Si la question posée est “comment avons-nous construit cette virilité toxique ?”, nul doute qu’Atomic Man, chant d’amour apporte des clefs de lecture intéressantes.
Un spectacle hermétique
Un espace vide et vitré est placé au coeur de la scène. On imagine qu’il matérialise l’espace libre qu’il y a pour les moments importants de la vie de notre jeune Arthur. Cela donne l’impression de regarder la scène qui se joue comme sur un écran, de mettre à distance ce qui nous est représenté. Faut-il y voir autre chose encore ? Nous ne saurions le dire.
Globalement, l’auteure de ces lignes est sortie du spectacle Atomic Man, chant d’amour en se disant qu’il lui manquait des clefs. Le dossier de presse évoque l’explosion d’Arthur dans une tour vide, une éclipse à Washington, des essais nucléaires, la Tour Eiffel qui scintille en l’an 2000. Tout cela a malheureusement échappé à notre compréhension.
Nous ne pouvons pas dire que nous avons passé un mauvais moment, car tel n’est pas le cas. Mais de toute évidence, un pourcentage non négligeable de la pièce nous a complètement échappé, non pas par inattention, nous vous l’assurons, mais par incompréhension. Il semble à nos yeux de simple spectatrice amatrice de théâtre qu’il manque à cet Atomic Man, chant d’amour des jalons plus nets pour guider, pour suggérer plus nettement et pour accompagner à la compréhensibilité de l’ensemble.
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En savoir plus :
- Atomic Man, chant d’amour du 30 mai au 1er juin à l’Atheneum – Université de Bourgogne dans le cadre du festival Théâtre en mai 2019 du Théâtre Dijon Bourgogne
- Tournée du spectacle en 2019 : du 26 au 28 novembre à La Comédie de Saint-Étienne puis du 3 au 6 décembre à la Comédie de Valence
- Durée du spectacle : 1h30