Dernière mise à jour : mars 30th, 2020 at 10:13
Dans une coproduction de la Compagnie À Tire-d’aile et du Théâtre de Belleville, Pauline Bayle adapte et met en scène L’Iliade d’Homère, la grandiose épopée antique. Le défi d’adapter un tel monument au théâtre est habilement relevé par cette création qui mérite le détour.
Synopsis :
Le Théâtre de Belleville propose une adaptation de la célébrissime guerre entre les Troyens et les Grecs, d’après l’œuvre majeure de la littérature grecque, L’Iliade d’Homère. Florent Dorin, Alex Fondja, Jade Herbulot en alternance avec Pauline Bayle, Yan Tassin et Charlotte Van Bervesselès incarnent les personnages clés des 24 chants d’Homère, qui s’ouvrent sur le refus d’Achille de continuer le combat, furieux qu’Agamemnon se soit emparé de Briséis, sa captive…
Homère version rock ‘n’ roll

Adapter L’Iliade est déjà un challenge mais le parti-pris adopté par Pauline Bayle dans sa mise en scène en constitue un de plus. Pendant une heure et demie, Homère devient le chantre du théâtre contemporain.
Au départ, le décor est épuré, des chaises et deux tableaux récapitulant les noms des guerriers qui s’affrontent (ce qui est d’ailleurs une excellente idée, Pauline Bayle prend soin de son public). Point d’armures, de costumes rappelant l’antiquité, mais des vêtements modernes, simples. Pauline Bayle prend la liberté d’interchanger les sexes et de faire jouer Achille par une actrice (Charlotte Van Bervesselès), Héra par un acteur (Florent Dorin)…
Il s’agit aussi d’accepter les ellipses, les omissions, qui sont nécessaires pour que la pièce soit jouée dans un temps assez bref.
Ainsi, dès le commencement de la pièce, il faut admettre et aimer le choix de la modernité dans la mise en scène, mais cet effort est vite récompensé car cette option est une réussite.
Non pas que Pauline Bayle « dépoussière » Homère, car ce génie n’a pas à être remis au goût du jour, travesti ou épuré. Mais elle offre une vision très originale de L’Iliade, un peu déglingué, avec étonnamment beaucoup de scènes divinement drôles. Une mise en scène très « jeune » finalement, extrêmement dynamique, qui n’altère pas la splendeur du texte d’Homère.
Un pari audacieux à saluer

En effet, il est évident qu’adapter L’Iliade est un pari risqué, difficile, héroïque même, à l’image de l’œuvre. Il faut applaudir le courage dont fait preuve cette jeune compagnie.
D’ailleurs, outre cette volonté audacieuse de mettre en scène L’Iliade de manière extravagante, Pauline Bayle n’occulte absolument pas la profondeur du texte et la gravité des chants homériques.
Le sang, la douleur, la peur, la mort, font partie intégrante de la mise en scène. Les acteurs (notamment Charlotte Van Bervesselès en Achille) se surpassent et Pauline Bayle trouve des moyens scéniques astucieux pour matérialiser tout cela.
Aussi, les acteurs incarnent nécessairement une kyrielle de personnages et on imagine la difficulté à enchaîner les rôles, les situations, les postures différents. Chacun joue juste. Il faut vraiment saluer la performance.
L’Iliade, adapté et mise en scène par Pauline Bayle, est une pièce peut-être insolente, irrévérencieuse mais résolument moderne. Il faut encourager l’énergie, la témérité de ce jeune théâtre contemporain qui tente, qui renouvelle et qui remplit son contrat.
En savoir plus :
- L’Iliade au Théâtre de Belleville (Paris, France) du 25 novembre 2015 au 7 février 2016