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le serment de PAMFIR 1
© Condor

Critique / “Le serment de Pamfir” : le film ukrainien de la Quinzaine en vidéo

Dernière mise à jour : avril 3rd, 2023 at 12:35 pm

Pour ce premier long métrage de fiction présenté tout d’abord en mai 2022 à la Quinzaine des Réalisateurs au festival de Cannes, le réalisateur ukrainien Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk s’impose par une puissance de récit générée par ses choix de mise en scène qui ne doivent rien au hasard au fil de plans séquences extrêmement étudiés.  Le serment de Pamfir est disponible en vidéo. 

Synopsis :

De retour dans son village natal en Ukraine auprès de son épouse et de son fils, Leonid surnommé Pamfir est contraint de replonger une dernière fois dans la contrebande et à faire face à la pègre locale pour sortir son fils d’une impasse.

Le serment de Pamfir, une tragédie shakespearienne

En plongeant dans le quotidien de la famille du personnage éponyme dans un village ukrainien à la frontière avec la Roumanie, Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk fait émerger des forces colossales tout droit façonnées par des siècles d’histoire et de mythologies ukrainiennes. Ainsi, le colosse Pamfir manifeste une force physique associée à la terre comme en atteste cette scène symbolique inoubliable au début du film où il sort d’un puits foré dans le sol comme un accouchement de la terre.

Il semble ainsi l’héritier ancestral d’Ilya Mouromets, héros semi-mythologique ukrainien qui protégea grâce à sa force colossale herculéenne Kiev des invasions des puissantes armées extérieures durant l’époque médiévale.

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© Condor

Le réalisateur Alexandre Ptouchko d’origine ukrainienne en fit un épique récit en 1956 dans son film Le Géant de la steppe (Ilya Muromets). Il est dès lors aisé de projeter dans ce que représente ce père de famille usant de sa force au service de sa famille contre les violences extérieures le symbole de l’âme ancestrale de la résistance ukrainienne d’aujourd’hui comme d’hier. Et le folklore associé à l’organisation du carnaval local participe encore à cet enregistrement ancestral de Pamfir, d’autant plus que c’est sous le masque d’un esprit puissant qu’il apparaît pour la première fois dans la scène inaugurale du film.

Le paradoxe du film est d’entrer dans des dimensions mythologiques d’une grande force évocatrice à partir d’un récit extrêmement local et des personnages tout droit issus de prime abord d’une réalité documentaire. La force de la mise en scène provient d’une attention accordée sur le même plan aux décors, aux paysages comme aux personnages dans des plans-séquences hypnotiques. C’est aussi la caractéristique du contrebandier Pamfir de faire corps avec les chemins qu’il emprunte pour arriver à ses fins sans encombre.

Notre avis ?

La puissance du récit provient encore en amont du tournage et de la postproduction d’un scénario original de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk qui a développé son intrigue comme une tragédie shakespearienne où un homme sacrifie son intégrité physique au profit de l’avenir de son fils qu’il souhaite accompagné de nouvelles opportunités loin de la violence associée à une pègre locale. C’est là aussi un beau message d’amour lancé à la population ukrainienne pour que les nouvelles générations puissent s’épanouir loin des agressions extérieures que les parents ont dû combattre.

Cet article vous est proposé par le chroniqueur Cédric Lépine.

En savoir plus :

  • Sortie en salles (France) : 2 novembre 2022
  • Sortie France du DVD : 29 mars 2023
  • Éditeur : Condor Entertainment
    Bonus : 2 courts métrages de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk

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