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je verrai toujours vos visages
Christophe Brachet © 2022 – CHI-FOU-MI PRODUCTIONS – TRESOR FILMS – STUDIOCANAL – FRANCE 3 CINEMA.7

Critique / “Je verrai toujours vos visages” (2023) de Jeanne Herry

Je verrai toujours vos visages est sorti dans les salles de cinéma depuis le 29 mars. Le film de Jeanne Herry avec Adèle Exarchopoulos et Leïla Bekhti aborde le sujet de la justice restaurative, processus méconnu en France. La critique et l’avis de Bulles de Culture sur le film.

Synopsis :

Nassim, Issa, et Thomas, condamnés pour vols avec violence, Grégoire, Nawelle et Sabine, victimes de homejacking, de braquages et de vol à l’arraché, mais aussi Chloé, victime de viols incestueux, s’engagent tous dans des mesures de Justice Restaurative.

Sur leur parcours, il y a de la colère et de l’espoir, des silences et des mots, des alliances et des déchirements, des prises de conscience et de la confiance retrouvée… Et au bout du chemin, parfois, la réparation…

Je verrai toujours vos visages : mise en lumière de la justice restaurative

En 2018, Jeanne Herry suivait pas à pas les coulisses de l’adoption avec Pupille. Après avoir signé la série Mouche, adaptation de Fleabag, la réalisatrice revient au cinéma avec Je verrai toujours vos visages.

De toute évidence, le film s’envisage comme une vitrine pour la justice restaurative, pratique permettant de faire dialoguer la victime d’une infraction avec l’auteur d’un même crime. Cette mesure, couramment utilisée dans certains pays, la Belgique et le Royaume-Uni notamment, n’en est, en France, qu’à ses balbutiements.

On saisit donc l’intérêt de la démarche pour la réalisatrice, qui consiste à user de la fiction pour prôner publiquement les bénéfices de la méthode, notamment auprès des gouvernants.

La justice restaurative peut notamment servir à préparer une réinsertion, comme c’est le cas, dans le film, pour le personnage de Nassim. D’un autre côté, les victimes se libèrent de maux qu’ils n’avaient jamais pu exprimer.

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hristophe Brachet © 2022 – CHI-FOU-MI PRODUCTIONS – TRESOR FILMS – STUDIOCANAL – FRANCE 3 CINEMA.7

Jeanne Herry, toujours dans l’émotion forte

En filmant les rencontres dans le huis clos de la prison, la cinéaste fait de nous les spectateurs d’images certes statiques, mais portées par des dialogues intenses, et la caméra se fait alors un témoin bienveillant et à l’écoute des personnages.

Par ailleurs, le film n’hésite pas à aller plus frontalement sur le terrain des affects en abordant l’histoire de Chloé – dont nous suivons en parallèle le chemin de croix -, qui se prépare à rencontrer son frère, auteur de multiples viols à son égard.

À travers les entrevues entre Chloé et l’animatrice, Jeanne Herry parvient à provoquer une émotion forte, et à créer une véritable empathie pour la jeune femme. La délicatesse d’Élodie Bouchez et la fragilité d’Adèle Exarchopoulos sont la clé de voûte de cette mise en scène précise

Notre avis ?

Après Pupille, Jeanne Herry parvient une nouvelle fois à émouvoir avec le puissant Je verrai toujours vos visages. Le film plaide pour la nécessité de la justice restaurative, sans mettre de côté un souci de fiction qui miroite d’émotions.

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 29/03/2023
  • Distribution France : StudioCanal
Antoine Corte

2 Commentaires

  1. C’est un film extra-ordinaire, qui devrait obligatoirement être visionné dans les prisons par les détenus criminels de droit commun. Cela pourrait bien changer certains comportements;

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