Dernière mise à jour : juillet 18th, 2021 at 01:39 am
Dans le cadre du Festival du Film Francophone d’Angoulême 2017, nous avons rencontré la réalisatrice Noémie Lvovsky venue présenter en compétition son film Demain et tous les autres jours. Interview Bulles de Culture.
C’est lors d’un déjeuner à l’hôtel Mercure d’Angoulême que nous avons rencontré Noémie Lvovsky. 6 ans près sa précédente réalisation, Camille Redouble (2011), la cinéaste revient avec Demain et tous les autres jours sur le sujet compliqué d’une jeune fille élevée par une mère psychologiquement malade et un père absent. Au final, le film arrive à toucher sans problème “la corde sensible (…) à la manière d’un cinéma simple qui parle de quotidiens“.
Interview de la réalisatrice Noémie Lvovsky
Bulles de Culture : Demain et tous les autres jours est un film très différent du projet de départ. Pouvez-vous nous expliquer en quoi ?
Noémie Lvovsky : Le tournage a subi des accidents. Au départ, cela devait être un film long. Florence Seyvos, la coscénariste, et moi-même avions envie de parler d’enfance. On voulait raconter une passion amoureuse entre une fille et sa mère. La comédienne principale, Luce Rodriguez, a eu un problème au pied pendant le tournage. On a dû tout suspendre pendant sa convalescence de 5 mois après son opération. Après cette période, son pied restait fragile. Le médecin lui découvre alors une malformation. Du coup, un arrêt définitif du film a été annoncé. On a appris que Luce Rodriguez ne pourrait plus participer. On avait tourné la moitié du film dans le désordre. On n’avait aucun espoir de reprendre. Il fallait faire jouer les assurances.
Les producteurs, Sidonie Dumas et Jean-Louis Livi, ont alors vu les rushes. Ils m’ont poussé à continuer à la fin de la projection. Avec Florence, on s’est remises à l’écriture en pensant à une autre actrice. Anaïs Demoustier est alors arrivée sur le projet. Je suis épatée par son travail. Elle a fait un travail de buvard en s’imprégnant du caractère de Luce Rodriguez.
Bulles de Culture : Comment parle-t-on à une jeune actrice comme Luce Rodriguez ?
Noémie Lvovsky : La première chose est de se débarrasser de la manie qui est celle de vouloir plaire aux adultes en jouant un enfant parfait. J’ai vu Luce pendant le casting. Un jour, je lui ai demandé pourquoi elle voulait faire le film. Elle m’a répondu : “Parce que j’ai envie de passer du temps avec toi”. J’ai tout de suite compris qu’elle voulait incarner son personnage pour de bonnes raisons…
“Il y a quelque chose de sauvage, de mystérieux dans l’amour entre une fille et sa mère”
Bulles de Culture : Est-ce une drogue de vouloir jouer dans les films qu’on réalise ?
Noémie Lvovsky : En tant qu’acteur, on aime être dans le regard de quelqu’un. J’ai la passion de jouer pour la caméra d’un réalisateur tiers. Dans Demain et tous les autres jours, j’ai joué dedans plus par nécessité que par besoin. J’ai pensé que cela aiderait Luce que je sois dans le champ de la caméra.
Bulles de Culture : Votre personnage est-il une bonne mère dans Demain et tous les autres jours ?
Noémie Lvovsky : C’est tellement fou d’être une mère. Je vois comment on peut être une mauvaise mère. Je ne vois pas comment on peut être une bonne mère. On peut être une moins pire mère. Le film est né de ce sentiment fort qu’il y a quelque chose de sauvage, de mystérieux dans l’amour entre une fille et sa mère. J’ai voulu raconter cette histoire comme je l’aurais fait pour filmer une passion amoureuse entre un homme et une femme.
Entretien réalisé le 24 août 2017 à Angoulême.
En savoir plus :
- Demain et tous les autres jours est en compétition au Festival du Film Francophone d’Angoulême 2017
- Date de sortie France : 27/09/2017
- Distribution France : Gaumont Distribution