Dernière mise à jour : avril 11th, 2019 at 04:41
La Compagnie du Pont-Levant présente actuellement Flaubert : Lettres à Louise Colet, adapté et joué par Marie-Stéphanie Sutter. Une occasion de s’immiscer dans la correspondance intime de l’écrivain. L’avis et critique théâtre de Bulles de Culture.
Synopsis :
La pièce met en scène les échanges épistolaires entre le jeune Gustave Flaubert et sa maîtresse Louise Colet (Marie-Stéphanie Sutter), poétesse parisienne mondaine. Une relation aussi houleuse que passionnée, faisant s’affronter deux caractères : celui de Flaubert, taciturne, changeant, tourné corps et âme vers l’écriture et celui de Louise Colet, encore mariée quand elle rencontre Flaubert, sans doute animée d’un amour plus sûr pour l’écrivain. C’est aussi dans ce contexte que Flaubert commence à écrire Madame Bovary…
Flaubert : Lettres à Louise Colet : Un écrin raffiné
Dans ce Flaubert : Lettres à Louise Colet, Marie-Stéphanie Sutter confectionne un magnifique écrin pour faire connaître au spectateur la correspondance entre Gustave Flaubert et Louise Colet. D’abord avec un lieu reconstitué : le boudoir de Louise, cossu, évidemment rempli de livres, dans lequel la comédienne déambule, d’un fauteuil où elle découvre les lettres de son amant, à un bureau sur lequel elle laisse glisser sa plume. Ensuite, grâce à une atmosphère intime, suave qui se dégage de cet environnement et nous plonge vite dans ces entretiens passionnants entre deux personnes mues par un amour commun de la littérature.
Madame Bovary, la rivale
Ainsi, dans une robe d’époque, Marie-Stéphanie Sutter interprétant Louise Colet décachette les lettres de son soupirant, les lit face au public, comme si ce dernier était le miroir de son âme, un confident bienveillant. La pièce Flaubert : Lettres à Louise Colet intègre également des passages du Journal de Louise Colet (la majeure partie de ses lettres ne nous sont pas connues) et du monument de la littérature française qu’est Madame Bovary. Le Journal tout d’abord éclaire la relation entre Louise Colet et Gustave Flaubert. Madame Bovary ensuite, la grande rivale de Louise à laquelle Flaubert se consacre tout entier, probablement inspiré par ses échanges avec sa « Muse ». Une « Muse » qui l’encourage, reconnaît son talent avant tout le monde, semble l’aimer sincèrement aussi, avec toutes les vicissitudes liées à la passion pour un être écorché.
Flaubert : Lettres à Louise Colet nourrit donc l’intérêt intellectuel éventuel du spectateur pour la correspondance de l’écrivain Gustave Flaubert et son désir de comprendre les œuvres d’un auteur à travers sa vie personnelle. C’est aussi une sorte de tableau sublimé de scènes de la vie quotidienne qu’offre à voir cette pièce, à travers les missives de deux amoureux querelleurs, tourmentés, de deux créatifs liés par le don de l’écriture.
Une interprétation sincère
![[Critique] "Flaubert : Lettres à Louise Colet" par la Compagnie du Pont-Levant : Une réussite 3 Flaubert : Lettres à Louise Colet Marie-Stéphanie Sutter image 1](https://bullesdeculture.com/bdc-content/uploads/2017/10/flaubert-lettres-a-louise-colet-marie-stephanie-sutter-image-1-300x200.jpg)
C’est naturellement un pari périlleux que celui du seul en scène, d’autant plus lorsqu’il s’agit de réciter des lettres sur la scène d’un théâtre. Il s’agit de trouver un juste équilibre pour ne pas devenir un simple récitant figé, pour donner une place adéquate à l’incarnation du personnage, pour rendre dynamique ce qui est par définition quelque chose de statique. Et dans la pièce de théâtre Flaubert : Lettres à Louise Colet, Marie-Stéphanie Sutter s’en sort bien. Dans un format relativement court (environ 1h10), le spectateur est très vite pris par cette conversation épistolaire tantôt sérieuse, tantôt cinglante, parfois enflammée, souvent caustique et drôle. On tremble avec elle lorsque Gustave Flaubert semble s’éloigner, on félicite son sens de la répartie, on sourit devant les réactions attendues d’un couple qui se fait et se défait en permanence.
Flaubert : Lettres à Louise Colet est une très jolie pièce, un petit bijou élégamment poli. On souhaite à la pièce d’avoir encore de beaux jours devant elle. A découvrir !
En savoir plus :
- Flaubert : Lettres à Louise Colet au Théâtre de Nesle (Paris France) du 5 octobre au 23 décembre 2018. Les vendredis à 19h et dimanches à 17h
- Flaubert : Lettres à Louise Colet au Théâtre de Nesle (Paris France) les 26 et 27 septembre 2017
- Flaubert : Lettres à Louise Colet à la Médiathèque d’Arcueil (France) le 16 décembre 2017
- Flaubert : Lettres à Louise Colet au festival Avignon Le Off 2018, du 6 au 27 juillet à 19h au théâtre Au Magasin. Relâche les 11, 18, 25 juillet