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Foudre de Carmen Jaquier affiche film cinéma drame Festival de Cannes
Affiche du film "Foudre"

Critique / “Foudre” (2023) : un film qui frappe là où il faut

Dernière mise à jour : mai 30th, 2024 at 09:46 pm

Film suisse remarqué au Festival de Cannes en 2023, Foudre de Carmen Jaquier a débarqué ce 22 mai dans les salles de cinéma. Asphyxiée par son éducation religieuse, une jeune fille s’engage dans des émois nouveaux. L’avis et la critique film de Bulles de Culture sur ce long métrage contemplatif, fort et beau.

Synopsis :

Été 1900, au cœur d’une vallée du sud de la Suisse. Elisabeth (Lilith Grasmug), 17 ans, est sur le point de prononcer ses vœux après 5 ans passés au couvent. La mort soudaine de sa sœur l’oblige à retourner dans la ferme familiale pour assumer son nouveau rôle d’aînée.

Elisabeth se retrouve vite asphyxiée par cette vie de labeur et obsédée par les mystères qui entourent la disparition de sa sœur. Elle va alors chercher à s’affranchir de son statut et de ses nouveaux engagements.

Foudre : un film pictural

Foudre de Carmen Jaquier image film cinéma drame Festival de Cannes
Image du film “Foudre” © La Vingt-Cinquième Heure

Foudre vaut le coup d’œil. Dans ce film, la beauté des paysages, laquelle se marie très bien avec celle des acteurs et actrices, transcende le regard pour nous apporter tout doucement vers la naissance du désir.

Le spectateur/la spectatrice effleure ces émois, vit les choses au plus proche des héros. C’est un film au souffle incarné par des comédien·es habités. Les mouvements de leurs corps et les lumières les caressant, de jour comme de nuit, traduisent cinématographiquement le portrait d’un artiste.

La place de Dieu

Foudre de Carmen Jaquier image film cinéma drame Festival de Cannes
Lilith Grasmug dans le film “Foudre” © La Vingt-Cinquième Heure

Foudre est aussi un film où Dieu occupe une place centrale. La réalisatrice Carmen Jaquier explique qu’avant de tourner, elle a retrouvé des carnets appartenant à son arrière-grand-mère “dans lesquels, chaque jour, elle dialoguait avec le Seigneur. Cela a donné lieu à de nombreuses fictions dans ma tête. Les mots de ma grand- mère, une femme simple, éloignée de la littérature, étaient passionnés. Sa foi lui permettait d’affronter ses peurs. N’avait-elle jamais été aussi intime avec quelqu’un qu’elle l’avait été avec Dieu ?”

De manière inattendue et un peu avant la seconde moitié du film, cette relation avec Dieu devient ainsi charnelle. La sexualité devient alors carrément une expression de l’amour porté au Seigneur.

Foudre rend en effet hommage à toutes ces femmes bridées dans leur sexualité, restreintes dans leur propre chair. “Les enfants [du film] vivent dans la peur permanente de l’enfer, explique Carmen Jaquier. On veut leur faire peur pour qu’ils ne s’approchent pas des rivières, des sommets dangereux, pour éviter la mort, mais aussi parce que cette société mortifère permet aux dominants de garder un contrôle sur les autres, et en particulier sur les jeunes femmes et leur sexualité.”

Notre avis ?

Avec beaucoup de grâce, de délicatesse et d’adresse, Carmen Jaquier, la réalisatrice de Foudre, a imaginé son long métrage comme un peintre travaille sa toile : trouver comment faire ressentir les émotions du visage, les frémissements des sentiments lorsqu’on prononce les mots des premiers émois et de la sensualité.

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Luigi Lattuca
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