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The Substance film demi moore cannes 2024
Metropolitan

Critique Cannes 2024 / “The Substance” de Coralie Fargeat

The Substance de Coralie Fargeat est présenté en compétition officielle du Festival de Cannes 2024. La critique et l’avis de Bulles de Culture du film avec Demi Moore. 

The Substance : le mythe horrifique de la jeunesse éternelle

Avec “The Substance“, Coralie Fargeat, révélation féministe du cinéma d’horreur en 2017 avec “Revenge“, confirme son goût pour le gore extrême et les thématiques subversives. La cinéaste française crée un mythe horrifique autour du culte de la jeunesse à Hollywood, véritable fantasme dans une industrie obsédée par l’apparence.

Elizabeth Sparkle, incarnée avec brio par l’iconique Demi Moore, est une ancienne star vieillissante qui subit de plein fouet les diktats de la jeunesse éternelle. Après un accident, on lui propose une expérience : créer un double d’elle-même juste sorti de l’adolescence. Mais cette quête de l’éternelle jeunesse ne se fera pas sans conséquences sanglantes…

Fargeat repousse les limites du genre dans une mise en scène volontairement excessive, multipliant les effets chocs d’une violence crue à base d’hémoglobine. Des corps secondaires sortant de la moelle épinière, des cuisses de poulet extirpées par le nombril ou des seins jaillissant d’une figure monstrueuse, la réalisatrice ne lésine sur aucun artifice cru. La gêne est souvent insoutenable mais provoque paradoxalement une certaine jouissance pour les amateurs d’horreur extrême, malgré un film beaucoup trop étiré (plus de 2h20) dans les propos deviennent répétitifs.

The Substance film demi moore cannes 2024
Metropolitan

Une esthétique futuriste multi-référencée

Dans une veine multi-référencée entre Shining et Cronenberg, Fargeat donne un aspect très futuriste à son film. L’univers aux couleurs criardes utilise des objets vintages pour les projeter dans un monde à venir digne de l’univers de la série Black Mirror. En critiquant le jeunisme, la réalisatrice n’hésite pas à faire des gros plans ralenties sur les corps parfaits de ses personnages, telles des Barbies humaines dans un esthétique qui ne laissera sûrement pas indifférente Greta Gerwig après son adaptation sur la plus célèbre poupée du monde.

Demi Moore, parfaite en icône vieillissante

Qui de mieux que Demi Moore pour incarner cette actrice obsédée par son image ? L’icône des années 90 semble taillée pour le rôle, le sujet faisant directement écho à ses propres traumatismes de star pourchassée par l’effet du temps. Sublime avant que Fargeat ne la transforme en bête de foire torturée par son reflet. On pense alors inévitablement à la femme âgée de “Requiem for a Dream” rêvant de rentrer dans sa robe de jeunesse qui devient un monstre par l’effet des produits amincissants à base d’amphétamines.

Margaret Qualley (également à Cannes dans “Kind of Kindness” de Yorgos Lanthimos) campe quant à elle avec témérité le nouveau fantasme masculin, dans un rôle audacieux qu’elle assume totalement.

The Substance” est une plongée gore dans les affres du jeunisme à Hollywood, portée par une réalisatrice à l’esthétique choc. Un film coup de poing, aussi jouissif que dérangeant.

En savoir plus :

  • Date de sortie France : prochainement
  • Distribution France : Metropolitan
Antoine Corte
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