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Phantom Thread affiche film

[Critique] “Phantom Thread” (2017) : Ça ne tient qu’à un fil

Dernière mise à jour : avril 5th, 2019 at 01:22 am

Phantom Thread est le film de Paul Thomas Anderson signant le départ en retraite de son acteur Daniel Day-Lewis. Dans les tourments amoureux d’un couturier austère, le maître s’exprime dans une œuvre classiquement très élaborée. L’avis et critique film de Bulles de Culture. 

Synopsis :

Dans le Londres des années 50, juste après la guerre, le couturier de renom Reynolds Woodcock (Daniel Day-Lewis) et sa sœur Cyril (Lesley Manville) règnent sur le monde de la mode anglaise. Ils habillent aussi bien les familles royales que les stars de cinéma, les riches héritières ou le gratin de la haute société avec le style inimitable de la maison Woodcock. Les femmes vont et viennent dans la vie de ce célibataire aussi célèbre qu’endurci, lui servant à la fois de muses et de compagnes jusqu’au jour où la jeune et très déterminée Alma (Vicky Krieps) ne les supplante toutes pour y prendre une place centrale. Mais cet amour va bouleverser une routine jusque-là ordonnée et organisée au millimètre près.

Phantom Thread, un couple lié par le fil d’Ariane

Après une collaboration avec Joaquin Phoenix sur ces deux précédents films, Paul Thomas Anderson retrouve Daniel Day-Lewis pour Phantom Thread. Les deux artistes s’étaient quittés sur There Will Be Blood (2008) après une chasse effrénée pour le pétrole. On retrouve le duo dix ans plus tard en plein cœur d’une maison de couture londonienne. Le cinéaste utilise cet univers pour revenir à un cinéma hautement classique, en faisant un travail d’orfèvre. A la manière du fil fantôme que son protagoniste dissimule dans ses créations, le réalisateur livre une œuvre aux multiples facettes qui nécessite plusieurs visionnages pour en déceler tous les mystères.

La lenteur dramatique est associée à la complexité des sentiments. En effet, il se crée à l’écran une vraie osmose entre deux êtres. Le fil d’Ariane relie en effet le couturier Reynolds Woodcook et sa muse Alma. Cette dernière s’insère subrepticement dans la vie de l’artiste. Ce dernier, sachant comme personne manipuler les femmes, se laisse vulnérable face à sa muse. L’emprise qu’elle obtient va se faire en confrontation avec Cyril Woodcook, la sœur de l’icône de mode, qui veille comme une louve sur la réputation de la famille. Néanmoins, rien n’est acquis pour cette jeune femme puisque ce dandy n’est pas d’humeur à se laisser apprivoiser. Peu à peu, le jeu de la manipulation s’installe entre ce couple atypique. La fascination pousse les limites d’un jeu dont personne n’arrive à avoir l’ascendant. Tandis que les premières querelles éclatent, c’est la passion narcissique qui semble réunir le couple.

Une œuvre qui cache “des secrets”

Évidemment, Phantom Thread est une œuvre d’importance. D’une part, elle marque l’adieu (a priori définitif) de l’immense comédien Daniel Day-Lewis. Celui-ci quitte merveilleusement bien le monde de cinéma avec ce film, grâce notamment à une superbe conclusion offerte par Paul Thomas Anderson. L’acteur est d’une intensité inouïe avec un charisme fascinant. Face à lui, il est étonnant de voir que la jeune trentenaire Vicky Krieps arrive à tenir tête à cette pointure. Mieux, elle arrive à être totalement crédible grâce à sa douceur à double tranchant.

Avec son Phantom Thread, Paul Thomas Andersen nous livre une œuvre de maitre. Il sera facile d’en comparer l’ambiance à un Alfred Hitchcock au décor clos dominé par un grand escalier glaçant ou à un Luchino Visconti dissimulé dans les coutures du col narratif du film. Car le cinéaste dépasse ses hommages illusoires. Phantom thread est oeuvre de caractère empreinte du style de son réalisateur. C’est une œuvre complexe qui cache encore bien des mystères : “Des choses dont moi seul connaissais l’existence. Des secrets”, comme le déclare si bien Reynolds Woodcook.

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 14/02/2018
  • Distribution France : Universal Pictures International France
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Antoine Corte

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