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© Jean-Christophe Nurbel / Bulles de Culture

Sur le tournage de “Holly Weed” saison 1

Dernière mise à jour : décembre 20th, 2019 at 10:14 am

C’est le 7 avril 2017 que Bulles de Culture a assisté au tournage de Holly Weed saison 1, une nouvelle série OCS Signature de Daive Cohen, Lionel Dutemple et Arthur Benzaquen. A l’occasion de la diffusion de la série sur OCS Max à partir du 21 décembre 2017, retour sur notre visite du tournage d’une série primée à Festival de la Fiction TV de la Rochelle 2017.

Synopsis :

25 tonnes de marijuana s’échouent sur la plage d’un village d’une petite île isolée… sinistrée par le chômage. Après d’âpres débats entre les villageois, il est décidé que la survie du village passera par l’exploitation de cette manne venue des eaux. Qu’ils soient pour ou contre, leur quotidien et leurs con­victions morales seront bouleversés par cette encombrante cargaison. Leur amateurisme, qui n’a d’égal que leur envie de sauver leur île, va vite se heurter à la dure réalité de ce « commerce ». Écouler la marchandise est chose peu aisée pour nos villageois, mais lorsque le propriétaire de la drogue, un Mexicain tortionnaire, arrive sur l’île à la recherche de sa précieuse cargaison, tout va se compliquer.

Holly Weed saison 1 : Une série inspirée d’un fait divers

Ils sont tous attachés viscéralement à cette île, c’est le dernier noyau dur. Ils ne partiront jamais. A partir du moment, le maire leur dit ‘Ok, on y va’, ils ne peuvent plus revenir en arrière.
—  Laurent de Vismes

Si la série se déroule dans le village et sur l’île de Trouedech, c’est à la commune de Wy-dit-Joli-Village dans le département du Val-d’Oise en Ile-de-France que nous avons rendez-vous pour découvrir une partie des lieux où ont été tournés les douze épisodes de la première saison de la série Holly Weed. A noter que des extérieurs ont été également tournés dans la région du Vexin et sur la côte normande, notamment pour la jolie incrustation de la mer sur le plan de coupe sur la mairie. Sur le lieu de tournage qui a lieu ce jour-là à la mairie-école de Wy-dit-Joli-Village et dans les rues adjacentes, c’est le réalisateur Laurent de Vismes qui nous raconte être à l’origine du projet : “La genèse est un projet de long métrage que j’avais, qui a été adapté en projet de série et qui a été ensuite développé par Arthur Benzaquen et Lionel Dutemple. Ce que confirme le scénariste et acteur sur la série, Arthur Benzaquen : “En fait, Laurent de Vismes avait bossé avec Lionel Dutemple et Benjamin Morgaine à Les Guignols de l’info ancienne mouture. Ils avaient ce projet, j’ai adoré le pitch et OCS était intéressé”. Une collaboration récompensé au Festival de la Fiction TV de La Rochelle 2017 par un Prix des collégiens de la Charentes-Maritimes.

Mais d’où est donc venu à Laurent de Vismes cette idée d’une vingtaine de tonnes de drogues échouées sur une une côté française dans Holly Weed saison 1 ? “L’idée au départ vient d’un fait divers, nous explique-t-il. En 2004, il y a une tonne de coke qui s’est échouée sur des plages landaises à côté de Biarritz [un fait divers qui est également cité dans la série Biarritz Surf Gang]. Et il y a un fait divers rigolo avec un joueur de chistera [NDLR : gant en osier de la pelote basque] associé à un branque qui est un peu notre personnage de Birdy [NDLR : interprété par Pierre Lottin dans la série Holly Weed] qui ont voulu revendre une partie de ce qui s’est échoué à un caïd grenoblois. Et le caïd est arrivé, il a séquestré leurs femmes et ils leur ont tout donné et c’était terminé”. Est venu ensuite à Laurent de Wismes l’idée de cette île et de ce village: “La particularité dans une île abandonné où il n’y a plus boulot et plus personne ne vient est d’avoir une communauté qui va s’interroger collectivement sur vendre ou non cette drogue avec l’idée de sauver un village, une île. C’est un peu aussi un prétexte car il s’agit aussi de se faire de l’argent. Ce sont les ambitions, les envies et les travers de chacun qui vont ressortir”.

Et bien sûr, s’est ensuite posée la question de mettre en images cette histoire. Et pour la réalisation de Holly Weed saison 1, Laurent de Vismes s’est donc beaucoup inspiré du travail de Joel et Ethan Coen : “Je suis parti d’une image assez colorée comme les frères Coen dans le stylisme. Les cadres sont larges pour faire évoluer les personnages dedans mais je ne m’interdis pas de faire du découpage pour mettre en avant le côté thriller. Parce qu’il y a des moments qui sont connotés dans un genre comme le thriller avec l’arrivé des mafieux ou le genre trash de certaines scènes. Les frères Coen jouent justement beaucoup sur les genres, les registres différents. Après il y a un côté absurde où on est plus du côté des Monty Python. Mais je me suis beaucoup inspiré des frères Coen comme Fargo et Arizon Junior dans la côté plans larges, les courtes focales avec un petit peu de déformation et le jeu sur les arrière-plans qui donne une richesse à la comédie”.

Trois personnages principaux de la série

‘Hollyweed’ est une comédie très intelligente et un parfait équilibre entre de l’absurde, une légère tension dramatique et de la comédie.
— Philippe Vieux

Lors de notre passage sur le tournage de Holly Weed saison 1, nous avons pu discuter avec trois comédiens de la série : l’auteur et acteur Arthur Benzaquen qui joue aussi le maire Henri, l’acteur Laurent Bateau qui interprète le curé Père Paul Jacques et le comédien Philippe Vieux qui joue l’épicier Jeannot. Les deux derniers ont d’ailleurs exprimé leur enthousiasme à participer à un projet aussi atypique et irrévérencieux. “On ne se permet pas sur les chaînes nationales un ton irrévérencieux et c’est bien dommage de se priver de cette liberté, nous confie ainsi Philippe Vieux. Car ce n’est pas sain de se retenir de tout le temps et de tout interdire. Dans cette série, on dénonce le sexisme, le racisme… et l’humour permet de montrer à quelqu’un, sans le blesser, qu’il est con. C’est pour ça que dans la presse et à la télévision, c’est indispensable d’avoir un ton libre. Par exemple pour le racisme, dans la série, ils ne savent pas à qui vendre la drogue parce qu’ils ne connaissent personne sur l’île qui aurait de tels réseaux et il y a une Noire sur l’île. Ben forcément, ils vont la voir”.

Le personnage du maire Henri
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© Jean-Christophe Nurbel
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Arthur Benzaquen : Il est quand même très particulier le maire du village. Les questions morales durent montre en main quatre secondes dans sa tête.

Laurent de Vismes : Le personnage du maire est plein de contradictions. Il a un côté usurpateur parce que sa femme était maire. A sa mort, il s’est retrouvé dans la position de maire et doit gérer cette communauté. Il va être dépassé mais va essayer de garder le contrôle, sans être forcément aidé par les personnages qui l’entourent, l’épicier Jeannot ou l’ancien flic Frantz [NDLR : personnage interprété par Bruno Lochet]. Il a l’ambition de faire renaître cette île et ramener du tourisme, du commerce et il est prêt à tout pour ça. Y compris marier sa fille avec un minable.

rthur Benzaquen : Le maire est confronté à ses propres échecs. L’île va déposer le bilan dès le début du premier épisode. Il n’y a plus d’activités et on sent qu’ils n’ont plus de subsides de l’État. A priori, l’étape suivante est de faire acheter l’île par un milliardaire et partir.

L'épicier Jeannot
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Philippe Vieux : C’est un garçon qui est touché par la situation de son village où il y a du chômage et où tout le monde s’en va. On parle de désertification des villages ruraux, c’est un peu ce qu’il se passe sur cette île. Lui, il en souffre et cette occasion de remplir les caisses de la mairie quand il trouve cette drogue, il ne veut pas passer à côté. Donc il va tout faire pour aller dans le sens du maire pour vendre cette drogue et renflouer à la fois ses caisses et celles de la mairie. Et ils sont tous les deux prêts à tout. C’est quelqu’un de tendre mais qui se laisse aveugler par l’argent.
(…)  J’apporte l’humanité à mon personnage et c’est souvent pour cela qu’on m’embauche à l’image et au théâtre. Je dégage, paraît-il, une certaine humanité. J’ai aussi le sens de la comédie puisque j’en fais depuis toujours. Quand j’ai commencé à l’école des arts et techniques du théâtre, je jouais en deuxième année dans le théâtre subventionné une pièce sur la guerre d’Algérie, Djurdjura de François Bourgeat, et fonçais ensuite dans un cabaret pour jouer L’Éléphant s’enferme dans la salle de bains pour jouer avec les robinets au Théâtre Les Blancs-Manteaux. On passait d’une pièce d’avant-garde sur la guerre d’Algérie à la comédie pure et je me disais que c’était ça le métier : jouer un texte exigeant dans une mise en scène précise et se lâcher une demi-heure après dans un texte léger et en se marrant comme des fous.

Le curé Père Paul Jacques

Laurent Bateau : Je joue le rôle d’un curé qui est dans ce village depuis trois ans. Au moment où tombe la drogue sur cette île, c’est la panique et je suis farouchement contre cette drogue que le maire voudrait utiliser parce qu’on a un peu des problèmes budgétaires. On ne sait pas trop pourquoi j’y suis opposé, même si la fonction de curé peut justifier un peu cela, mais on apprend petit à petit que je ne suis pas un curé comme les autres et que j’ai peut-être un passif un peu trouble. Et des gens liés à la mafia vont arriver sur cette île et je les connais bien pour avoir travaillé avec eux.
(…) Ma préparation a été liée à ma préparation du rôle et à ma compréhension du côté curé et de son passé car en réalité, il a travaillé un peu avec la mafia. Il a été comptable pour eux et il est donc rattrapé par des mafieux [les personnages des Frères Bentata interprétés par Manu Payet et Sylvain Quimène] qui viennent sur l’île. Donc j’ai passé de temps à comprendre le rôle, à essayer de voir les deux parties. On a essayé des choses sur le rôle, on les a diminués, grossis, on a fait beaucoup de choses en direct. Arthur Benzaquen a une belle vision des choses, il a une idée globale du projet et il nous dirige beaucoup et ses remarques sont plutôt justes. Du coup, je le suis, je me laisse faire. C’est important de se laisser faire aussi. Parfois, on prépare tout. Sur Les Grands, j’avais tout préparé avec le réalisateur Vianney Lebasque et je m’y suis tenu. Et là, avec Arthur, je me laisse diriger. Parce qu’il y a de la comédie qu’il veut efficace, le rôle, les scènes en elle-même où nous sommes nombreux donc il faut aussi s’adapter au groupe… Donc cela a été plus difficile de décider des choses et de s’y tenir. On est vraiment nombreux, on a des scènes très très longues, 3-4 pages de texte, donc il ne faut pas penser qu’à soi et à son petit rôle. Mais c’est aussi jouissif d’avoir un texte comme ça.

En savoir plus :

  • Holly Weed saison 1 est diffusé sur OCS Max à partir du 21 décembre 2017 à 20h40 et est disponible en intégrale sur OCS GO
Jean-Christophe Nurbel

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