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© Giles Keyte / Channel 4

♥ [Critique] “The State” (2017) : une plongée au cœur de l’État islamique

Dernière mise à jour : avril 4th, 2020 at 04:39 pm

Diffusée sur Canal+ à partir de ce lundi 4 septembre 2017, la mini-série The State de Peter Kosminsky est à ne surtout pas rater. Cette plongée de quatre épisodes au cœur de l’État islamique est un coup de cœur de Bulles de Culture. L’avis et la critique série de Bulles de Culture.

Synopsis :

Quatre jeunes Britanniques décident de tout quitter pour partir en Syrie afin de rallier l’armée de l’État islamique. Jalal Hossein (Sam Otto) veut suivre les traces de son frère aîné. Il a convaincu son meilleur ami, Ziyaad Kader (Ryan McKen), de l’accompagner. Shakira Boothe (Ony Uhiara), mère célibataire, emmène avec elle son fils de 9 ans. Elle espère mettre ses compétences de médecin au service des combattants de Daesh. Ushna Kaleel (Shavani Cameron), adolescente qui s’est radicalisée sur internet, arrive elle à Raqqa persuadée qu’elle va remplir son devoir religieux.

The State : de Londres à Raqqa en Syrie

The State, cette nouvelle mini-série du talentueux Peter Kosminsky (Le Serment, Wolf Hall), est une incroyable et passionnante plongée au cœur de l’État Islamique en Syrie. Et dès les premières images du premier épisode, le ton est donné : sans explication, nous suivons de nuit quatre jeunes hommes et femmes qui quittent l’Angleterre, traversent la frontière turque et débarquent plein d’idéalisme à Raqqa, la capitale de L’État islamique. Parmi ces protagonistes, deux personnages se détacheront particulièrement : Jalal que nous apprendrons plus tard être le frère d’un jihadiste mort au combat et Shakira Boothe, une mère de famille désireuse d’exercer son métier de médecin pour le califat.

Ainsi, fort d’un très gros travail de recherches, Peter Kosminsky nous propose avec The State un récit fictionnel en quatre épisodes de 48 minutes extrêmement documenté sur la vie au quotidien dans l’État islamique à travers le regard de ces quatre nouveaux arrivants. Et dès la fin du premier épisode, les images sont fortes : alors que les hommes reçoivent des armes pour combattre, les femmes se couvrent de niqabs noirs.

Un regard rare et si nécessaire sur une vraie réalité

Ainsi, loin du rêve qu’ils s’étaient imaginés, chacun des personnages  de la série The State va découvrir les comportements extrêmement violents et intransigeants de Daech vis-à-vis de la population locale, de leurs prisonniers et des femmes. Les scènes du marché aux esclaves sexuels, les coups de fouet sur les pieds reçus en pleine rue par des femmes, les exécutions publiques sous le regard des enfants, les tortures physiques et mentales infligés aux détenus… sont des séquences fortes et sans concession sur cette réalité. Mais alors que nos jeunes britanniques étaient déterminés à rejoindre le califat, leurs idéaux peuvent-ils vraiment être mis à mal face à la réalité du terrain ?

En fait, tous ne réagiront pas de la même façon dans la série. Il y a celui qui s’enfoncera dans le fanatisme le plus extrême. Il y a l’autre qui perdra peu à peu ses illusions face aux comportements violents et arbitraires de ses compagnons. Il y a celle qui acceptera vaille que vaille d’être une bonne épouse au foyer pour un homme dont elle ne parle pas la langue et qui peut mourir au combat à tout instant. Et il y a enfin celle qui pensait pouvoir servir la cause jihadiste avec ses compétences professionnelles et qui va se heurter à la charia dont ses gardiens n’hésitent pas par contre à utiliser des passe-droits pour obtenir ce qu’ils veulent. Enfin, la série The State porte aussi un regard sur les enfants de Daech à travers le personnage d’Isaac (Nana Agyeman-Bediako), le fils de Shakira. En effet, celui-ci va bien changer entre le premier et dernier épisode de la série The State, au point d’inquiéter très sérieusement sa mère. Une scène particulièrement violente où celui-ci joue au football avec ses camarades explicite ainsi clairement le désir de l’État islamique d’endoctriner une génération d’enfants-soldats : le ballon est une tête décapitée .

The State : une série polémique ?

Coup de cœur de Bulles de Culture, The State est donc une mini-série à découvrir absolument. Avec son écriture quasi documentaire et sa réalisation très immersive, Peter Kominsky nous offre avec cette série un regard rare et si nécessaire sur le vrai visage de l’État islamique dont le fantasme pousse une partie de la jeunesse à le rejoindre.

Certes, The State peut créer la polémique — cela a été le cas lors de sa diffusion en Grande-Bretagne — car le sujet est sensible et une fiction peut donner l’impression de donner une belle image de ce qu’il dénonce. Mais ce n’est pas du tout le cas ici. Au contraire, The State traite ce sujet avec un grand sérieux et avec un gros travail documentation derrière. Ainsi, jusqu’à la dernière image, nos jeunes idéalistes ne seront pas épargnés. Par contre, Le seul regret que l’on pourrait faire à The State est qu’il n’est composé que de quatre épisodes. Mais en fait, ce désir d’épisodes supplémentaires est peut-être la preuve ultime de la qualité de cette mini-série.

En savoir plus :

  • The State a été diffusé sur Canal+ à partir du lundi 4 septembre 2014 à 20h55
Jean-Christophe Nurbel

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