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Tabou-affiche

Tabou de Laurence Février

Tabou-affiche

Créé en 2012 par la compagnie théâtrale Chimène, Tabou de Laurence Février nous pose la question du viol dans notre société actuelle. Comment libérer la parole et raconter ce que personne ne veut entendre pour enrayer le cercle infernal ?
     

Synopsis :

Un plateau nu. Quelques chaises éparses. Tour à tour interrogatrices et interrogées, 5 femmes se racontent avec force et émotion.

    
Un crime de l’intimité
     

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© Margot Simonney

     
Tabou est inspirée de l’ouvrage de Véronique Le Goaziou, Le viol, aspects sociologiques d’un crime (2011), et du documentaire de Raymond Depardon, Délits flagrants (1994). La pièce mêle différents fragments de témoignages relevés lors de différents procès, judicieusement sélectionnés et compilés.

5 archétypes sont présentés :

  • le viol en réunion,
  • le viol familial,
  • le viol conjugal,
  • le viol perpétré par un inconnu,
  • le viol de proximité.

Tabou dénonce ce « crime de l’intimité » souvent passé sous silence justement du fait que les victimes connaissent, la plupart du temps, leur agresseur. Les chiffres sont alarmants : « une femme sur dix a été violée ou le sera au cours de sa vie. Dans huit cas sur dix, l’agresseur est connu de la victime ».

Le spectacle dénonce également la violence faite aux victimes qui sont souvent soumises à un interrogatoire indélicat et culpabilisant, où elles doivent faire la preuve de leur agression. Ici, l’interlocuteur symbolise à la fois le magistrat, l’avocat de la défense, le policier et même un proche.
      

Un fléau social
    

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© Margot Simonney

     
Couronnée par la brillante plaidoirie de Gisèle Halimi qui élève le débat au niveau national en 1978, cette pièce militante souligne le besoin, aujourd’hui encore, d’améliorer l’accompagnement des victimes et leur accueil dans les différentes structures auxquelles elles peuvent faire appel.

Des progrès sont également à faire concernant le traitement psychologique des bourreaux, certains étant eux-mêmes d’anciennes victimes, afin d’éviter qu’ils ne reproduisent leurs crimes.

Malheureusement, ce thème si présent dans notre société est souvent étouffé : il existe encore une forte tolérance sociale, les langues sont difficiles à délier, le bourreau peine à reconnaître son crime et la victime a peur d’en parler (la honte, l’intimidation, la peur des représailles, des conséquences familiales…).

Tabou nous rappelle l’importance de protéger et d’écouter les personnes qui se confient à nous, notamment lorsque que ce sont des enfants. A l’issue du spectacle, des débats sont d’ailleurs organisés avec le public.
           

Une mise en scène minimaliste

        
Si le texte est saisissant et les comédiennes bouleversantes de justesse, Laurence Février se livre cependant à un exercice périlleux en choisissant la double casquette de comédienne et de  metteuse en scène.

La mise en scène minimaliste met en valeur la parole des victimes et nous permet un contact direct avec leurs émotions. Mais elle fait également ressortir quelques imperfections notamment une bande son brouillonne en ouverture de spectacle qui noie un peu le jeu des comédiennes.

Mais malgré ces défauts, Tabou reste un spectacle intéressant d’un point de vue thématique et historique.
     

En savoir plus :

  • Tabou au théâtre Lucernaire (Paris, France) du 21 octobre au 05 décembre 2015 puis au Théâtre de l’Opprimé (Paris, France) du 15 au 18 mars 2016 et du 23 au 26 mars 2016
  • Le Prix Théâtre Adami 2015 (prix ayant pour objet d’aider financièrement une jeune compagnie) a été décerné à Laurence Février pour le travail de sa compagnie Chimène

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