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Série Series - Todd A. Kessler et Eric Rochant
© Jean-Christophe Nurbel
Bulles de Culture

#SerieSeries, Regards croisés Todd A. Kessler (Bloodline) & Éric Rochant (Le Bureau des Légendes)

Dernière mise à jour : avril 11th, 2019 at 04:29 pm

Production française contre production américaine

 

SF : Amener les techniques US en France, cela a été facile ?

ER : C’est surtout une question de coût car cela coûte cher. Quand j’ai dit à Canal+ que je voulais une saison par an, ils ont compris qu’il fallait écrire vite et dans ce cas, il faut être plus nombreux autour de la table. Cela coûte plus cher mais il faut le faire pour avoir une série par an. Je pense qu’on pensait la même chose, ils étaient en demande.

SF : Et vous ?

TAK : C’est très compétitif chez nous. Chez un network, le contrat est sur deux ans. Et si la série est un succès, le créateur a formé idéalement quelqu’un d’autre pour suivre le show et ils vont créer une autre série pour la même chaîne. Par contre, les acteurs signent pour 6 ans car l’espoir du network, c’est que le créateur crée autre chose. Si vous écrivez des séries comme Les Sopranos, Breaking Bad, Mad Men… les créateurs sont coincés avec cette série jusqu’au bout, ils ne le confient jamais à personne d’autre, même s’ils ont une équipe. C’est une question de vision et de suivre le projet jusqu’au bout.

SF : La saison 2 de Bloodline dans un an ?

TAK : Oui.

SF : Ils sont trois. Vous êtes seuls ?

SF : Je ne suis pas seul, Alex Berger est mon partenaire.

TAK : Si je venais en France, quels seraient tes conseils pour me permettre de vendre une série ici ?

ER : La grosse différence en France, c’est qu’il n’y a qu’une chaîne privée. Il n’y pas HBO, Netflix, Starz… Si l’une ne veut pas de ton script, tu peux aller en voir une autre. En France, c’est Canal+ ou Arte, c’est tout. Si Canal+ ne veut pas faire Le Bureau, je ne saurais pas où aller. C’est un vrai problème. C’est aussi un problème pour Canal+ car ils n’ont pas de challengers donc ils n’ont pas besoin d’être meilleurs.

SF : Pourquoi pas d’autres chaines en France ?

ER : Parce que c’est une petite audience qui n’est pas internationale. Tu peux écrire et développer ta série mais tu n’as qu’un seul acheteur et tu dois le convaincre.

SF : J’ai l’impression que rien ne se passe en France par rapport à ce qui se passe dans les pays scandinaves.

TAK : Aux US, il y a une vraie compétition, on est poussé à écrire selon son instinct. Netflix n’est pas un changeur de jeu mais c’est un nouveau jeu. Leur but est d’être mondial.

M : Combien de scripts avant que Netflix accepte Bloodline ?

TAK : C’est assez inhabituel mais comme on est trois, on avait beaucoup de choses à dire. Donc on l’a vendu avec un pitch de 1h30 et Netflix était très enthousiaste et a acheté toute la saison à partir du pitch, sans script, sans casting. Tous les acteurs ont aussi signé sans avoir lu de script. Mais c’est parce qu’il y avait eu Damages avant car habituellement, cela n’arrive pas de cette façon.

SF : En Europe ?

ER : J’ai pitché rapidement un concept à Canal+ qui n’a plus rien à voir avec la série au final mais c’est le même univers, la DGSE. Canal+ a lancé la première phase de développement : produire les arches narratives sur dix épisodes et écrire le pilote. Sur cette base-là, ils ont commandé l’écriture des 9 autres scripts. Et c’est seulement sur les deuxièmes versions satisfaisantes des 4 premiers épisodes et  leur accord sur l’acteur qu’ils ont lancé la production de la série. Finalement, on a commencé le tournage, tout était écrit. L’épisode 10 fut fini la veille du tournage. On était un peu en retard et on a travaillé sur des V3 pendant le tournage, au fur et à mesure.

Jean-Christophe Nurbel

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