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Les Filles du Soleil d'Eva Husson au Festival de Cannes 2018 photo du film
© Maneki Films – Photo : Khatia (Juda) Psuturi

[Critique] « Les Filles du Soleil » (2018) : Une œuvre disparate reflet d’une passion

Dernière mise à jour : avril 11th, 2019 at 04:39 pm

Les Filles du Soleil, film de la réalisatrice Eva Husson avec Golshifteh Farahani, Emmanuelle Bercot, Zübeyde Bulut, est présenté en compétition officielle du Festival de Cannes 2018. L’avis et la critique film de Bulles de Culture. 

Synopsis :

Au Kurdistan, Bahar (Golshifteh Farahani), commandante du bataillon Les Filles du Soleil, se prépare à libérer sa ville des mains des hommes en noir, avec l’espoir de retrouver son fils. Une journaliste française, Mathilde (Emmanuelle Bercot), vient couvrir l’offensive et témoigner de l’histoire de ces guerrières d’exception. Depuis que leur vie a basculé, toutes se battent pour la même cause : la femme, la vie, la liberté.

Les Filles du Soleil, Eva Husson raconte avec passion une histoire de femmes

Eva Husson raconte avec passion une histoire de femmes. Pas étonnant que le Festival de Cannes 2018 ait décidé d’organiser une montée des marches autour de 82 femmes engagées dans le cinéma, signe de lutte contre les oppressions. On le sent, l’affaire Harvey Weinstein était bien présente ce soir dans le coeur des festivaliers. La passion singulière de la réalisatrice se retrouve également dans l’histoire vraie racontée par Les Filles de Soleil. Le film rend un hommage appuyé aux YPJ, ces femmes Yézidies regroupées en milice pour combattre Daesh. L’état islamique a organisé le massacre, le viol et l’exploitation de ces femmes à outrance, tout en leur prenant leurs enfants.

Ce sujet tient énormément à coeur à la cinéaste. Cela se ressent dans l’amour qu’elle porte aux personnages. A la guerrière d’une part, toujours dans l’action, et à la journaliste, qui est là pour les mémoires. Cependant, Les Filles du Soleil s’emporte trop dans l’émotion. La narration se précipite. De ce fait, la première partie souffre d’un manque cruel de construction. Le scénario ne prend pas le temps de poser tous les enjeux. Il se jette trop vite dans l’action sans qu’on est encore bien abordé la psychologie des personnages. Aussi, on est assez hermétique dans un premier temps aux douleurs des personnages. La souffrance de Mathilde, au téléphone avec sa fille, sonne relativement faux. De même, la captivité de Bahar est bâclée avec des scènes atroces qui manquent d’esthétisme.

Des erreurs commises reflet d’une passion

On pense alors le film perdu. D’autant que ces faiblesses dans l’écriture sont accompagnées d’une technique approximative. La réalisatrice ne soigne pas ses plans. Pourtant, le talent d’Eva Husson va soudainement jaillir dans une seconde partie. Comme un nouveau regain, Les Filles du Soleil prend une autre tournure, lié surtout à la mise en avant de l’héroïsme de ces femmes. La scène de l’accouchement en est un exemple. Grâce à la caméra au plus près des visages, on est avec ces femmes prêt à compter les pas qui restent pour acquérir leur liberté. Les plans finaux dans l’école viendront clôturer en beauté grâce à une musique, appuyée mais efficace.

Au final, Les Filles du Soleil est une oeuvre disparate qu’il est néanmoins important de défendre. Les erreurs commises sont le reflet d’une passion qui a emporté la réalisatrice. Pour tout cela, le film avait toute sa place en compétition officielle au Festival de Cannes 2018.

 

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 21/11/2018
  • Distribution France : Wild bunch Distribution
Antoine Corte

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