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NEUF MEUFS - Visuel Édition Largeur
© Caroline Dubois / Canal+

Critique / “Neuf meufs” (2021) d’Emma de Caunes et Diastème

Dernière mise à jour : mars 8th, 2021 at 12:18 am

Après Calls ou L’Effondrement, le label Création Décalée de Canal+ nous propose une nouvelle mini-série, Neuf meufs, première réalisation sérielle pour Emma de Caunes, avec entre autres Marie Bunel, Aïssa Maïga, Mademoiselle Agnès et Sarah Suco. L’avis et la critique série de Bulles de Culture sur cette nouvelle création diffusée à partir du lundi 15 février 2021 et que nous avons pu voir en avant-première virtuelle.

Synopsis :

Neuf meufs, c’est neuf instantanés dans la journée de neuf femmes d’âges différents qui vivent dans le même immeuble parisien sans forcément se connaître, qui désirent, osent, doutent, nous amusent et nous touchent.

Neuf meufs : portraits de femmes

NEUF MEUFS - Episode 1
© Caroline Dubois/Canal+

Neuf meufs est le premier projet de série de l’actrice et réalisatrice Emma de Caunes, écrite en collaboration avec l’auteur Diastème. Issu de son court-métrage Violette, qui devient l’un des épisodes de la série, Neuf meufs nous offre neuf portraits de femmes en neuf épisodes de dix minutes chacun et autour d’un thème unique : le désir.

Chaque épisode nous présente ainsi une femme différente à travers un instant de vie, comme une photographie d’un moment. Toutes ces femmes habitent le même immeuble et se connaissent à peine, même si elles se croisent parfois dans le hall.

Cette construction très formelle est poussée jusqu’au décor de chaque appartement : chaque femme correspond à une couleur que l’on retrouve jusque dans ses habits et sa décoration. On sent l’envie d’un jeu purement figuratif et l’on ne peut que saluer à ce titre le travail du directeur de la photographie Nicolas Bordier, qui transforme certains appartements — dont celui de Sylvia, jouée par Aïssa Maïga, dans le premier épisode — en décors façon pop acidulée.

Des dialogues justes

NEUF MEUFS - Episode 4
© Caroline Dubois / Canal+

Tous les épisodes de la série Neuf meufs  ont leur atmosphère propre et on navigue de genre en genre : le premier épisode nous fait rencontrer Sylvia, une infirmière qui tente de séduire son voisin en faisant déborder sa baignoire, dans un appartement aux couleurs criardes ; un autre nous plonge dans des minutes presque entièrement silencieuses en filmant Yumi (Kaori Ito) en train de danser et être observée par son voisin d’en face…

On se prend ainsi au jeu de la découverte : on se demande qui se cachera derrière le prochain épisode, et dans quelle ambiance. La diversité des portraits permet à Neuf meufs d’explorer des désirs différents et des instants de vie de femmes aux âges différents. 

On fait également la rencontre de Lola (Solène Rigot), consolée par son père après une rupture amoureuse, Violette (Mademoiselle Agnès), qui peine à avoir une discussion sur la sexualité avec sa fille (jouée par Nina Blanc-Francard), ou Framboise (Marie Bunel) qui se remémore le passé avec son ex-mari (François Berléand).

De ruptures à la naissance du désir, ou de l’envie de le retrouver, les situations changent mais avec un point commun : la résolution passe toujours par le dialogue. Et si ces portraits sont inégaux, et même certains plus galvaudés que d’autres — la fameuse discussion mère/fille sur le sexe, par exemple —, c’est aussi le risque que prend cette construction : un portrait parlera plus à certains qu’à d’autres.

Finalement, ce qui ressort surtout de Neuf meufs, c’est le travail sur les dialogues, qui tombent souvent justes. Et les comédiennes les servent à merveille : Aïssa Maïga, Camille Rutherford, Mademoiselle Agnès, Marie Bunel, Solène Rigot, Sarah Suco, Faustine Koziel, Jeanne Rosa et Kaori Ito. Les situations ne sont pas vraiment originales (une rupture, un ami qui ment, une conversation entre ex conjoints, etc.) mais les dialogues, subtils, font surgir une poésie de la rencontre entre les personnages.

Le deuxième épisode est celui qui nous a le plus touchés : Charlie, jouée par Camille Rutherford, et son amoureux David, sont deux Anglais dans un Airbnb à Paris qui rompent et se promettent de ne plus se revoir. Au moment de rendre les clés au gardien d’immeuble, Michel (Philippe Katherine), David part de son côté et Charlie reste, montrant son émotion à Michel. S’ensuit une conversation en anglais approximatif pleine de poésie et émouvante, faite de riens et dans laquelle Michel tente d’aider Charlie.

Une série qui tourne parfois à l’exercice

NEUF MEUFS - Episode 2
© Caroline Dubois/Canal+

Ce type de série contient malheureusement en elle-même ses limites : au fur et à mesure des épisodes, l’exercice s’essouffle, surtout limité par le thème unique choisi par Emma de Caunes et Diastème. Ces instants de vie sont agréables à regarder, touchants par certains moments, mais vont difficilement au-delà d’une simple photographie. On aurait aimé un peu plus de propos et de profondeur dans ces portraits de femmes, surtout pour une série qui aborde une thématique comme le désir, traversée par des débats actuels.

Finalement, au cours des épisodes de Neuf meufs, on se lasse un peu de voir ces femmes qui ne se regardent qu’à travers le regard d’autres hommes, et l’on aurait aimé un peu plus d’imagination.

Il n’empêche que cette proposition de série nous permet de passer un moment au plus près des personnages, dans une intimité qui résonne en nous.

Un autre format permettra peut-être d’éviter cet écueil : lors de l’avant-première virtuelles, Emma de Caunes a en effet annoncé qu’un unitaire reprenant les neuf épisodes et étoffant les portraits était en préparation pour une future diffusion, toujours sur Canal+.

En savoir plus :

  • Neuf meufs est diffusé sur Canal+ à partir du lundi 15 février 2021 à 23h. La série est également diffusée en streaming et disponible en replay sur myCANAL
Cécile G.

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