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Prix de la page 112, le tout dernier né des grands prix littéraires!

Dernière mise à jour : mai 24th, 2018 at 06:01 pm

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La 3ème remise du Prix de la page 112, a eu lieu le mercredi 11 mars 2015, au restaurant Roger la Grenouille, nichée au fond d’une cour pavée de la rue des Grands Augustins. Dans la short-list finale se trouvaient Gabriel Matzneff, Jean Rolin, Sylvain Tesson et quelques auteurs tout aussi talentueux. Retour sur un prix peu ordinaire.
     

“Un ouvrage littéraire remarquable
de la première à la dernière page »

 

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© Nicolas L.
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Le restaurant Roger la Grenouille résonne encore de la présence de Picasso, Mistinguett, Balthus, Malraux ou Hemingway. Que les gourmets littéraires se rassurent, les cuisses de grenouille qui ont fait la réputation du lieu sont toujours au menu. Ce prix récompense « un ouvrage littéraire paru en début d’hiver, dont la tension stylistique et romanesque sera remarquable de la première à la dernière page ».

Pourquoi le Prix de la page 112, vous demanderez-vous ? Parce que cette page est « perdue dans le ventre mou du texte ». C’est l’endroit précis où l’intrigue capote, où les personnages flottent, où l’auteur lui-même somnole et où le livre tombe des mains du lecteur. Pauvre d’elle, il était temps qu’un hommage lui soit rendu !

Inspiré par Hannah et ses Sœurs de Woody Allen, le jury, s’est donc doté d’un « outil de sélection unique et breveté, un théorème mathématique fondé sur un raisonnement imparable ». Sa logique est simple : « si une remarquable page 112 est rare, alors il est permis d’espérer que le roman dans lequel elle apparaît soit, lui aussi, remarquable… de bout en bout ».

 

« Éloge de la folie
et de la langue française »

 

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© Nicolas L.
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À 20h30, Claire Debru, la présidente du Jury, décerne donc le Prix de la page 112 à Berezina de Sylvain Tesson,  pour « son éloge de la folie et de la langue française ».

Ce stégophile impétueux chute en août dernier d’une façade de maison. Fractures multiples, trauma crânien… Il reste dans le coma près d’une semaine entre la vie et la mort. C’est en ressuscité, la démarche claudicante et l’œil bandé qu’il vient donc chercher sa distinction.

Pour Nicolas d’Estiennes d’Orves, membre du jury, « Sylvain Tesson fait partie des derniers jusqu’au-boutistes, au sens presque esthétique du terme. Son livre est à la fois un geste et une geste poétique ».

Un aventurier et écrivain

 

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© Nicolas L.
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À la fois aventurier et écrivain, Sylvain Tesson est un genre littéraire en lui-même. Plus qu’un simple livre écrit, selon lui, pour « les grognards, l’aventure, l’amitié, la Russie, le sang et les larmes », c’est toute l’intensité d’une existence à découvrir. L’auteur y retrace son aventure en moto sur les traces de la grande armée de Napoléon lors de sa retraite de Russie. Parti de Moscou en 2012 sur l’itinéraire de la Berezina, il rejoint Paris en quinze jours, en s’appuyant sur les récits historiques des officiers de l’empereur.

« Toute retraite me touche. Parce que souvent l’échec signifie beaucoup de choses. C’est la débâcle de l’empire donc c’est magnifique parce c’est un rêve qui s’est fracassé. On ne se demande pas pourquoi un succès ou une victoire est magnifique, on ne le comprend que trop bien, parce qu’il y a le bonheur, la gloire. C’est normal de préférer les triomphes aux échecs. Mais quand l’échec prend des dimensions telles que celle de la retraite de Russie, quand le désastre atteint des sommets de souffrance tels qu’ils furent en 1812… Il y a quelque chose de tragique, d’antique qui surgit. Sans être morbide ou masochiste, j’ai été fasciné par l’histoire de cet écroulement d’un rêve … »

La soirée s’est achevée comme elle avait commencé, un verre à la main, dans la convivialité et la simplicité. Bulles de Culture décernera volontiers le prix de la sympathie à cette soirée pour le côté à la fois « désinvolte, potache, canular, de ce tout jeune et très sérieux prix littéraire, presque né d’une blague entre copains », dixit Nicolas d’Estiennes d’Orves.

Sans se prendre au sérieux, ce Prix de la page 112 mérite toute sa place dans le paysage littéraire hexagonale… ainsi que toute notre attention.

« N’oublie pas le poème page 112… Page 112 ! »
— Woody Allen

 

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Nicolas Lavroff

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