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Chroniques d'une survivante de Catherine Bertrand couverture livre

[Critique] “Chroniques d’une survivante” (2018) : stress post-traumatique, quand tu nous tiens…

Dernière mise à jour : juillet 26th, 2019 at 10:22 pm

Bulles de Culture a lu pour vous Chroniques d’une survivante, le premier ouvrage de Catherine Bertrand, édité aux Éditions de La Martinière et en librairie ce jeudi 4 octobre 2018. Notre avis et critique BD sur ce carnet dessiné.

Synopsis :

Catherine Bertrand était au Bataclan le 13 novembre 2015 ; rescapée, elle raconte le difficile retour à la vie « normale » et l’enfer des longs mois pendant lesquels le stress post-traumatique dont elle a souffert ne lui laissait pas de repos.

Chroniques d’une survivante, un roman graphique à l’humour décapant

C’est le dessin qu’a choisi Catherine Bertrand pour raconter, un dessin qui peut sembler naïf, tout en noir et blanc, un dessin qui épouse les traits du dessin d’enfant. Une façon émouvante de jouer l’innocence contre l’horreur d’une part, et contre le long parcours du combattant qui va jalonner sa vie ensuite.

En plus de choisir le dessin, Catherine Bertrand choisit dans ces Chroniques d’une survivante l’humour, la légèreté. Le choix est osé, et, on l’imagine, fait partie intégrante du processus de guérison. L’effet que provoque l’humour est radical et réussi. On suit ainsi avec émotion tout ce qui devient insurmontable : le retour au travail, l’angoisse permanente dans la rue, le métro, les cauchemars, la dépression, les hallucinations auditives.

Comme un enfant dessinerait les monstres de ses cauchemars, Catherine Bertrand met des images pour figurer ses démons et exorciser ses peurs. Tous les symptômes du stress post-traumatique dont elle souffre prennent la forme d’un boulet à trainer, dont la taille ne cesse de varier au gré des progrès ou des rechutes de sa victime.

Une analyse très précise du syndrome post-traumatique

Même si le dessin est léger et que l’humour est de mise, les Chroniques d’une survivante n’en demeurent pas moins une analyse très bien menée de toutes les étapes du stress post-traumatique. Catherine Bertrand, qui fait partie de l’association d’aide aux victimes d’attentats Life for Paris, livre cet ouvrage comme un manifeste. Un manifeste qui se place du côté de ceux qui souffrent, qui laisse place à ce qui se passe dans leur tête et qu’on ne comprend pas, qui laisse place à la subjectivité inécoutée d’un mal peu admis.

L’ambition affichée est d’aider, de transmettre, de faire comprendre. Faire comprendre aux victimes d’épreuves traumatisantes quel est le mal dont elles souffrent et leur faire entendre qu’elles n’ont pas à s’en vouloir d’aller mal, qu’elles ont besoin d’aide et de temps. Faire comprendre aussi à ceux qui les entoure ce que peuvent bien traverser les victimes. Et cela, Catherine Bertrand le réussit parfaitement. Elle balaie les phrases toutes faites qu’on ne supporte plus, dessine l’incompréhension qui se crée avec l’entourage, l’isolement et la solitude qui en résultent.

Les Chroniques d’une survivante crèvent l’abcès tabou de tous les écueils du retour à la vie dans ses différentes étapes. Des étapes jalonnées de dures épreuves que l’on refuse souvent de voir, espérant que l’autre passe enfin et rapidement “à autre chose”. Le parcours qu’elle dessine mérite d’être lu massivement afin qu’une prise de conscience s’amorce, autant chez les soignants, les soignés, que chez leurs proches.

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En savoir plus :

Morgane P.

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