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Donne-moi des ailes - Photo Jean-Paul Rouve, Louis Vazquez critique film
© SND

Interview Angoulême / Nicolas Vanier pour “Donne-moi des ailes”

Dernière mise à jour : mai 1st, 2022 at 12:40 pm

Donne-moi des ailes (2019) est présenté aujourd’hui au Festival du Film Francophone d’Angoulême en avant-première. Le film de Nicolas Vanier raconte l’histoire vraie d’un scientifique, qui a pour ambition de sauver une espèce d’oies en voie d’extinction en leur montrant une nouvelle route migratoire. Ce long métrage avec Jean-Paul Rouve et Mélanie Doutey sort dans les salles de cinéma le 9 octobre. Interview Bulles de Culture du réalisateur. 

Rencontre avec Nicolas Vanier pour Donne-moi des ailes

Bulles de Culture : Comment avez-vous connu l’histoire vraie de Christian Moullec, le scientifique qui œuvre pour sauver les oies sauvages ? 

Nicolas Vanier : Je me suis retrouvé par l’intermédiaire d’un ami à voler avec des oies. J’ai été émerveillé par cette expérience.

On m’a raconté l’histoire très émouvante de Christian Moullec qui, il y a quelques années, a cherché à sauver une espèce d’oies en voie de disparition en volant avec elles. Avec son ULM, le scientifique leur a appris un nouvel itinéraire de migration.

Après ce vol que j’avais effectué, j’ai essayé de faire partager mon émotion à travers un film.

“La jeune génération se déconnecte complètement de la vie réelle et de la nature”

Bulles de Culture : Donne-moi des ailes est tout de même une fiction puisque vous avez étayé le rôle de Thomas (Louis Vazquez), qui joue le fils de Christian, pour le rendre central dans le film. D’où vous est venue cette idée ? 

Nicolas Vanier : L’histoire vraie étant la base, il fallait construire un film. Je voulais traiter l’histoire d’un homme passionné qui a des valeurs primordiales : la famille, la transmission.

Il y avait aussi ce sujet grave de la disparition des oiseaux. Un tiers des oiseaux ont déjà disparu du ciel européen. Un deuxième tiers va disparaitre. La question se pose de savoir si on va réussir à sauver le dernier tiers. En l’état actuel de la situation écologique, nous n’y arriverons pas.

Une fois que ces données sont posées, il restait à écrire un film. Je suis affligé de voir combien de temps passent les jeunes sur les écrans portables et les jeux vidéos. Ils ne vivent plus l’instant présent. Cette jeune génération se déconnecte complètement de la vie réelle et de la nature.

Or, cette dernière a des choses à nous montrer et à nous faire vivre bien plus belles que les jeux vidéos. J’avais envie de traiter dans Donne-moi des ailes cette découverte du monde.

Bulles de Culture : Jean-Paul Rouve est généralement estampillé “comédie”. Pourquoi avoir fait ce choix d’acteur pour interpréter le rôle principal ? 

Nicolas Vanier : Cela me plaisait de faire sortir Jean-Paul de son registre habituel. Je voulais avoir un comédien qui a une âme d’enfant dans un corps d’adulte. C’est très proche de ma propre personnalité.

Dans Donne-moi des ailes, l’adulte a un Bac+7 mais il est capable de rester enfant, de s’émerveiller sur des petites choses qui paraissent futiles.

Le choix s’est orienté sur Jean-Paul qui “grâce au ciel”, l’expression est bien choisie, a tout de suite adhéré au film et à l’aventure, car il ne s’agissait pas que de faire un long métrage en tant que comédien. Par exemple, il n’était pas question de ne pas être là le jour ou les oisillons naissaient.

“Il n’y a aucune image de synthèse”

Donne-moi des ailes - Photo Louis Vazquez critique film
© SND

Bulles de Culture : Racontez-nous votre expérience avec les oies. 

Nicolas Vanier : On a tout simplement vécu l’expérience comme elle doit être vécue, en respectant tous les stades.

Dans la couveuse, on exposait les œufs à un bruit de tondeuse à gazon pour que les futures oies puissent s’habituer aux bruits de moteur de l’ULM. Puis, on respectait tous les stades d’évolution de ces oies qui grandissent.

A chaque moment, il fallait être prêt. Pas question d’avoir des problèmes techniques. On devait passer des nuits entières à travailler car c’est le cycle des oies qui commandait.

C’est quelque chose que j’aime bien. Ce qu’on voit à l’image, c’est 100% vrai. Il n’y a aucune image de synthèse. Il y a bien évidemment l’utilisation de quelques secrets de tournage, qu’on ne révélera pas.

Bulles de Culture : Pour suivre le trajet migratoire des oies, il a fallu rendre le tournage itinérant. Expliquez-nous les difficultés rencontrées à cette occasion. 

Nicolas Vanier : On voulait des images à couper le souffle. Il fallait donc avoir du matériel assez lourd, et des équipes importantes. A cela s’ajoute le fait que les oies ne volent pas toujours selon les conditions météos. Malgré ces difficultés, on a réussi à capter toutes les images que l’on souhaitait et à offrir de l’émotion au public.

“On était à la pointe de la technologie sur ce film”

Bulles de Culture : Au fur et à mesure des avancées technologiques, est-ce plus facile aujourd’hui de capter des images grandioses dans des décors naturels ? 

Nicolas Vanier : Donne-moi des ailes n’aurait pas été le même film il y a encore 10 ans. Il y a une évolution aujourd’hui qui permet de stabiliser nos caméras. On était à la pointe de la technologie sur ce film. On a utilisé des inventions toutes nouvelles, dont certaines ne sont pas encore sur le marché.

Il y a eu beaucoup de préparation, de problèmes technologiques. Pourtant, j’ai déjà tourné dans des conditions difficiles. Par exemple, j’avais été capté par la passé des images au fin fond de la Sibérie par -50°C. Et c’était plus facile que le tournage de ce film-là !

Je suis donc assez content du rendu final car je sais combien ça a couté en énergie, en temps et en sueur.

Bulles de Culture : Dans votre film, les institutions sont plutôt là pour mettre des bâtons dans les roues dans le projet de Christian Moullec. Est-ce quelque chose que vous constatez dans la vie réelle ?

Nicolas Vanier : L’histoire de ce film signifie que rien n’est impossible. C’est un peu le récit de ma vie. On se heurte, surtout en France d’ailleurs, à des contraintes et des barrières administratives et scientifiques, de sorte qu’il faut rester dans les lignes.

A force d’opiniâtreté, on y arrive. C’est ça que le long métrage transmet. Il faut savoir franchir les barrières, regarder ailleurs par passion.

Propos recueillis le 24 août au Festival du Film Francophone d’Angoulême 2019.

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 09/10/2019
  • Distributeur : SND
  • Film à partir de 8-9 ans
Antoine Corte

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