Sur Bulles de Culture, art, cinéma, littérature, musique, spectacles, télévision... chaque jour, la culture sort de sa bulle.
Deux femmes d'Isabelle Doval image téléfilm
Odile Vuillemin et Aurelien Recoing dans le téléfilm "Deux femmes" © Sarah ALCALAY / FTV / Alaudafilms2 / MakingProd

Critique & Interviews / “Deux femmes” (2021) avec Odile Vuillemin et Agathe Bonitzer

Dernière mise à jour : novembre 13th, 2022 at 09:44 pm

Basé sur un fait divers, triplement primé au Festival TV de Luchon et diffusé sur France 2 le lundi 28 février, Deux femmes est un téléfilm d’Isabelle Doval avec Odile Vuillemin, Agathe Bonitzer et Aurélien Recoing à la distribution. L’avis et la critique film de Bulles de Culture ainsi que notre interview du scénariste Stéphane Brisset et de la réalisatrice.

Synopsis :

En 1965, Colette (Odile Vuillemin), qui revendique sa liberté de mœurs, est accusée à tort de meurtre par des policiers misogynes. L’affaire est confiée à Anne-Marie (Agathe Bonitzer), une jeune juge d’instruction timide et réservée. Pourra-t-elle résister au machisme de la hiérarchie judiciaire de l’époque ?

Deux femmes : inspiré d’une histoire vraie

Deux femmes d'Isabelle Doval image téléfilm
Pierre Rochefort, Odile Vuillemin et Aurelien Recoing dans le téléfilm “Deux femmes”© Sarah ALCALAY / FTV / Alaudafilms2 / MakingProd

Avec un scénario de Stéphane Brisset, une image d’Yves Dahan, des décors de Sylvie Monbel, des costumes de Céline Guignard-Rajot, un montage de Nicole Brame et une réalisation d’Isabelle Doval, Deux femmes est une fiction unitaire basée sur une histoire vraie qui s’est passée dans le Cher et les années 60 : l’affaire du Bois Bleu.

L’idée était de faire un sujet sur l’indépendance, l’autonomie, le statut des femmes… et en cherchant, je suis tombé sur le fait divers appelé l’affaire du Bois Bleu ou l’affaire Monique Case. (…) J’en ai gardé la juge, la rumeur et l’incarcération. Après tout a été inventé : l’avortement, le médecin…

— Stéphane Brisset

Le tournage a eu lieu du côté de Lille et de la région Hauts-de-France (Bully-les-Mines, Croix, Marchiennes, Roubaix, Saint-Omer, Tourcoing).

Pour la réalisation, j’avais envie d’avoir une caméra très fixe et une image léchée chez les parents d’Anne-Marie [NDLR : le personnage interprété par Agathe Bonitzer] et ailleurs, dans le bar ou chez Colette [NDLR : le personnage interprété par Odile Vuillemin], je préférais quelque chose d’un petit plus organique et que cela fume beaucoup, que cela sente la cigarette à l’écran.

Et quand tout le monde commence à faire de la délation et que Colette est accusée injustement, j’avais besoin d’une image plus frénétique et d’une caméra épaule.

— Isabelle Doval

La musique originale a été composée par Nicolas Jorelle.

Nicolas Jorelle a créé le thème de Colette et on l’a décliné avec des instruments acoustiques. Après, j’ai eu besoin du thème d’Anne-Marie qui se met “en marche” car si elle enquête au début sous la “chape” du commissaire, à un moment donné, elle prend sa voiture et elle refait l’enquête.

J’ai donc eu besoin d’un élan musical, d’un thème pour elle et j’ai demandé à Nicolas d’utiliser des instruments électroniques de son époque, telle que la guitare électrique, pour avoir un thème jeune et moderne par rapport à celui de Colette qui est plus touchant et émouvant.

— Isabelle Doval

Un téléfilm qui rappelle la misogynie de la société française à une époque pas si lointaine

Deux femmes d'Isabelle Doval image téléfilm
Agathe Bonitzer et Aurelien Recoing dans le téléfilm “Deux femmes” © Sarah ALCALAY / FTV / Alaudafilms2 / MakingProd

Dans une société française patriarcale et machiste — le film Deux femmes montre notamment une archive vidéo où une femme peut ouvrir son compte en banque sans avoir besoin de l’autorisation de son mari —, Odile Vuillemin interprète Colette, une femme moderne et libre dont la vie va basculer et être décriée le jour où elle sera accusée à tort du meurtre de son banquier.

Odile Vuillemin apporte une modernité qui convient à l’avance de Colette sur son temps par rapport à la disposition de son corps et sur le fait qu’elle soit allée voir son mari pour lui dire qu’elle n’avait plus envie de faire l’amour avec lui, qu’elle aurait donc des amants et qu’il devait l’accepter comme elle est.

— Isabelle Doval

Ainsi, un commissaire, incarné par Aurélien Recoing, va  instruire l’affaire à charge avec son adjoint campé par Pierre Rochefort, en s’appuyant sur les cancans et les alibis qui vont très vite faire défaut à Colette.

L’ancien amant gendarme de Colette, joué par Wallerrand Denormandie (vu dans les séries Nina et Les rivières pourpres), va en effet préférer faire un faux témoignage qu’affronter la colère de sa femme (Laurène Doval) tandis que le médecin, joué par Nicolas Wanczycki, que Colette assiste dans le cadre d’avortements clandestins, lui enjoint à ne pas révéler leur relation à une époque où ces pratiques médicales sont encore considérées comme illégales.

Aurélien Recoing nous fait une composition mêlant un peu de Maigret et de modernité avec en même temps, un peu de trouble autour du passé militaire de son personnage pendant la guerre qui le rend un peu “zinzin” et fatigué avec des ruptures un peu bizarres.

(…) Je voulais aussi une force physique face à la juge mais en fait, c’est un petit monsieur en face de ces femmes.

Isabelle Doval

Heureusement dans cette descente aux enfers qui pourrait l’amener à une guillotine encore en fonction dans ces années-là, Colette pourra compter sur le soutien de son mari, joué par Nicolas Beaucaire, et une jeune juge d’instruction, incarnée par Agathe Bonitzer, qui va peu à peu s’affirmer face aux machos qui l’entourent — aussi bien le commissaire ambitieux et sûr de lui que le procureur politicien joué par Stéphan Wojtowicz ou le père de la juge interprété Didier Flamand — et refuser la vérité qu’on semble lui imposer.

Agathe Bonitzer a le côté droit et posé d’une femme qui a reçu une éducation un peu stricte, dure et qui a fait des études.

— Isabelle Doval

Notre avis ?

A travers le récit d’une erreur judiciaire et avec une distribution menée par Odile Vuillemin et Agathe Bonitzer, la fiction unitaire Deux femmes rappelle, avec à propos et à l’ère de #MeToo, la misogynie de la société française à une époque pas si lointaine.

Le film parle de la disposition du corps de la femme, de la légitimité de la femme de pouvoir disposer de son corps sans le regard de l’homme dessus. Mais il pose un constat, il n’ouvre pas un débat sur l’avortement.

— Isabelle Doval

Le téléfilm a reçu trois récompenses au Festival de Luchon en 2022 : Prix excellence pyrénéenne de la fiction unitaire, Prix de la réalisation pour Isabelle Doval et Prix d’interprétation pour un duo pour Odile Vuillemin et Agathe Bonitzer.

Propos recueillis le samedi 12 février au Festival TV de Luchon 2022.

En savoir plus :

  • Deux femmes est diffusé sur France 2 le lundi 28 février 2022 à 21h10
  • Le téléfilm est proposé en streaming et disponible en replay sur France.tv
Jean-Christophe Nurbel

4 Commentaires

  1. La Vérité seulement

    Inspiré d’une histoire réelle dans laquelle la vérité fut connut par un commissaire de police homme. Dans le téléfilm, il devient une juge d’instruction femme. Bonjour la falsification des faits.

    • La Vraie Vérité

      Malheureusement, vous avez tort sur ce point. Il s’agissait bel et bien d’une juge d’instruction qui a permis à Mme Case d’échapper à la guillotine. Ce n’était pas un commissaire comme vous l’insinuez.

  2. j’en ai marre de respirer la fumée de cigarette…..

  3. un bon sujet intéressant de rappeler l’histoire . Un peu trop caricatural quand même

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.