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© Carole BETHUEL_Foz

Critique / “Peter Von Kant” (2022) de François Ozon

Après avoir fait l’ouverture du Festival de la Berlinale, le film Peter Von Kant débarque au cinéma. François Ozon y adapte l’œuvre de Rainer Werner Fassbinder avec un casting éblouissant composé de Denis Ménochet et Isabelle Adjani. La critique et l’avis de Bulles de Culture. 

Synopsis :

Peter Von Kant (Denis Ménochet), célèbre réalisateur à succès, habite avec son assistant Karl (Stefan Crepon), qu’il se plaît à maltraiter. Grâce à la grande actrice Sidonie (Isabelle Adjani), il rencontre et s’éprend d’Amir (Khalil Garbia), un jeune homme d’origine modeste. Il lui propose de partager son appartement et de l’aider à se lancer dans le cinéma…

Peter Von Kant : portrait de Fassbinder lui-même

C’est la seconde fois que François Ozon adapte Rainer Werner Fassbinder au cinéma après Gouttes d’eau sur pierres brûlantes en 1999. Grand admirateur du réalisateur allemand, l’auteur de Huit femmes revisite Les Larmes amères de Petra Von Kant, transformant le personnage féminin du dramaturge allemand en homme. Il n’est pas à chercher bien loin pour  comprendre les raisons de ce changement de sexe, Ozon se lançant ainsi dans une sorte de portrait de Fassbinder, metteur en scène torturé revendiquant ouvertement son homosexualité après avoir pourtant été marié avec deux femmes, dont la connexion cinématographe résonne directement avec celui d’Ozon.

Dans Peter Von Kant, Peter se perd dans ses excès d’alcool et tombe passionnément amoureux d’un jeune éphèbe, Amir, dont la relation va terriblement le faire souffrir.  L’entourage du protagoniste se compose également d’un assistant, Karl, pieds et poings liés aux exigences de l’artiste. Sidonie, vieille actrice sur le déclin, s’invite également dans ce vaudeville exubérant sous les traits d’une Isabelle Adjani, plus resplendissante que jamais qui fait preuve de beaucoup d’autodérision, notamment sur sa beauté éternelle.

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©Carole BETHUEL_Foz

Denis Ménochet sous un nouveau jour

D’habitude sauvage dans Grâce à Dieu (2019), également de François Ozon, voir violent dans Jusqu’à la garde (2017), Denis Ménochet apparait sous un nouveau jour, en contre emploi total. L’acteur, qui n’a pas peur de la nudité, joue un personnage docile, fragile et tributaire d’un amant profiteur qui ne lui donne pas assez d’affection. Ses larmes de crocodiles sont le reflet touchant d’un personnage qui doute de ses atouts physiques.

Pratiquement tourné en huis clos dans l’appartement du protagoniste, on ne se sent pas pour autant étriqué par une mise en scène statique. La caméra bouge, change d’angle, passe d’une pièce à l’autre. Le film ne manque donc pas de mouvement dans une mise en scène burlesque et énergique avec un style rétro, tout droit sorti des années 70.

Notre avis ?

Avec Peter Von Kant, François Ozon livre un hommage vibrant à l’un de ses cinéastes préféré tout en décortiquant avec brio les rouages de l’instinct amoureux.

En savoir plus :

Antoine Corte

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