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[CRITIQUE] “Okja” (2017) : L’oeuvre Netflix engagée de Bong Joon-Ho

Dernière mise à jour : avril 5th, 2019 at 01:26 am

Okja de Bong Joon-Ho aura fait parlé de lui avant sa sortie sur Netflix ! En sélection à Cannes, le film est fustigé par les exploitants de salles qui dénonce sa présence alors qu’il ne sera disponible que sur la plateforme internet de la firme américaine. Il y a quelques jours, c’est la pression d’internautes sur Twitter qui a poussé à déprogrammer le film des salles sur lesquelles il était projeté en avant-première. Notre avis sur cette oeuvre polémique. 

Synopsis :

Pendant dix années idylliques, la jeune Mija (Seo-Hyun Ahn) s’est occupée sans relâche d’Okja, un énorme animal au grand cœur, auquel elle a tenu compagnie au beau milieu des montagnes de Corée du Sud. Mais la situation évolue quand une multinationale familiale capture Okja et transporte l’animal jusqu’à New York où Lucy Mirando (Tilda Swinton), la directrice narcissique et égocentrique de l’entreprise, a de grands projets pour le cher ami de la jeune fille.

Sans tactique particulière, mais fixée sur son objectif, Mija se lance dans une véritable mission de sauvetage. Son périple éreintant se complique lorsqu’elle croise la route de différents groupes de capitalistes, démonstrateurs et consommateurs déterminés à s’emparer du destin d’Okja, tandis que la jeune Mija tente de ramener son ami en Corée.

 

Un pamphlet contre la surconsommation de nourritures

 

OKJA Tilda Swinton film
© Netflix

Rien n’épargne Okja depuis quelques mois. La polémique fait rage sur cette oeuvre de cinéma qui mérite plus que le coup d’oeil. On sait Bong Joon-Hoo très engagé dans son cinéma. Il plonge l’être humain dans ses contradictions pour en dénoncer les plus vils aspects. Par exemple, dans Snowpiercer, Le Transperceneige (2013), le réalisateur décrit une lutte des classes acharnées dans un contexte d’ère glacière où la majorité de la population a disparue. Dans Okja, le cinéaste s’attaque au sujet très actuel de la surconsommation de nourritures et à la dérive capitalistes des industries agroalimentaires.

Ces dernières sont perçues dans le film comme de véritables bourreaux, prêtes à sacrifier l’intérêt commun. Le cinéaste n’hésite pas d’ailleurs à les comparer à de véritables nazis lorsque les cochons sont amenés à l’abattoir, sorte de camps de concentration lugubre.

Okja, dans la veine d’un Disney touchant

A la tête de cette industrie, il y a des soeurs jumelles que tout semble opposer, jouées par Tilda Swinton. L’actrice est une habituée de Bong Joon-Hoo. Elle est dans Okja, comme souvent, passionnante dans un rôle fait pour sa démesure. La comédienne interprète une Cruella d’enfer cynique. Pour l’épauler, il y a le vétérinaire complètement burlesque, interprété par Jake Gyllenhaal. Il se taille la part du lion en jouant l’extravagance avec brio. On rit de son côté décalé même si cet homme de paille révélera son côté sombre au fur et à mesure que l’histoire avance.

 

Okja est construit surtout autour de la relation entre Mija et le cochon. Très inspiré des contes enfantins, on pourrait presque y voir les réminiscence d’un Disney pour adulte. Le couple homme/animal est en effet un grand classique pour le studio aux grandes oreilles. Entre Peter et Elliott, le Dragon (2016) et Le Bon Gros Géant (2016), Okja s’insère dans quelques choses de touchant qui ira chercher nos émotions infantiles.

La force du film est pourtant sa capacité à jouer sur plusieurs tons. On est résolument dans une comédie d’action lors des scènes de courses poursuites à travers les méandres d’un centre commercial où les assaillants ont bien du mal à déjouer les ruses des militants protégeant Okja. On tombe très vite dans un drame lorsque le réalisateur se concentre sur les sévices subis par les animaux. Enfin, l’oeuvre présente des scènes d’actions particulièrement entrainante, notamment lors d’une grande fête organisée par la multinationale.

 

OKJA Seo-Hyun Ahn film
© Netflix

Au niveau de l’image, c’est un florilège de couleurs verdoyantes avec une caméra qui filme une nature sublime. A l’inverse, on sent de la noirceur et de la grasse lorsque Bong Joon-Ho décide de filmer la ville.

Okja est donc une oeuvre engagée qui ose la nouveauté. Critiquant un système capitaliste, sa déconnexion des circuits d’exploitations habituels est en adéquation avec le message qu’elle souhaite faire passer : le changement de prisme pour un monde meilleur.

 

En savoir plus  :

  • Disponible sur Netflix le 28/06/2017
Antoine Corte

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