Dernière mise à jour : novembre 11th, 2021 at 08:52 pm
Light of my Life de et avec Casey Affleck est sorti dans les salles de cinéma le 12 août 2021. Le troisième long métrage de l’acteur de A Ghost Story traite d’une dystopie post-apocalyptique dans laquelle les femmes ont été décimées de la Terre par un virus mortel. Un père et sa fille, miraculeusement rescapée, luttent pour leur survie. L’avis et la critique de Bulles de Culture sur ce beau film humaniste.
Synopsis :
Dans un futur proche où la population féminine a été éradiquée, un père (Casey Affleck) tâche de protéger Rag (Anna Pniowsky), sa fille unique, miraculeusement épargnée. Dans ce monde brutal dominé par les instincts primaires, la survie passe par une stricte discipline, faite de fuite permanente et de subterfuges. Mais il le sait, son plus grand défi est ailleurs: alors que tout s’effondre, comment maintenir l’illusion d’un quotidien insouciant et préserver la complicité fusionnelle avec sa fille ?
Light of my Life, un film post-apocalyptique sur l’humanité
En ouvrant son film sur une superbe scène de 12 minutes dans laquelle le protagoniste masculin raconte une histoire à sa fille avant de dormir, Casey Affleck invite le spectateur, tel un prélude, à rentrer avec un regard enfantin dans cette dystopie. Le réalisateur s’inspire pour cette ouverture des propres contes qu’il inventait à sa progéniture faisant de son film un hommage à cette relation filiale qu’ils ont noué ensemble.
Rag et son père vivent sommairement dans les bois, loin du monde urbain qui s’est écroulé suite à la peste féminine, virus mortelle qui a quasiment tué la totalité des femmes de l’humanité. Cette maladie, qui fait fatalement écho à notre propre actualité, a provoqué un effondrement des sociétés, comme pour démontrer la place prédominante de la gente féminine dans l’organisation de notre quotidien, garante d’un ordre moral qui ne semble plus exciter dans le monde de Light of my Life.
Rag, rare enfant féminin à avoir survécu, est perçue par son père comme une perle rare qu’il faut protéger dans cette univers de brut. Pour ce faire, ce dernier la déguise en garçon, élabore des plans d’évacuation d’urgence au cas où le tandem se ferait attaquer par des personnes malveillantes. En cela, le long métrage est construit autour d’une peur des protagonistes de perdre l’autre et de ne plus pouvoir survivre seul. Rag exprimant ses craintes sur le fait de voir son père mourir à un moment crucial du film est d’ailleurs particulièrement émouvante.
Light of my Life plonge son spectateur dans un univers sinistre emprunté du long métrage Les fils de l’homme d’Alfonso Cuaron et de la série de zombie The Walking Dead. Pour autant, à travers ce chaos inhumain, le scénario arrive à mettre en avant un duo plein d’humanité entre un père et sa fille, refusant de réduire l’être humain à une figure bestiale sans aucune compassion. Casey Affleck déclare d’ailleurs dans sa note d’intention sur le film : “Je suis attiré par les histoires qui mettent en valeur notre humanité”.
Sur cet aspect, il existe un parallèle évident avec La Route (2009) de John Hillcoat, où un père, joué par Viggo Mortensen, et son fils errent au milieu d’un monde devenu apocalyptique. Le film de Casey Affleck est moins sombre et plus intériorisé.
Très posé dans sa narration, Light of my Life alterne les moments de contemplation, où les personnages s’installent dans une maison rustique au confort attrayant, et des scènes d’actions; bases d’une fuite incessante du duo pour assurer leur survie. Le périple se fait d’ailleurs à travers des paysages radieux, oscillant entre riche verdure humide et décors enneigés, tournés du côté de Vancouver.
Portrait touchant d’un homme endeuillé
Light of my Life est aussi le portrait touchant d’un homme endeuillé qui pleure sa femme disparue. On voit celle-ci, sous les traits de l’étincelante Elisabeth Moss (Mad Men; The handmaid’s tale : la servante écarlate), dans des scènes de flashback épurés, reflétant les souvenirs du personnage joué par Casey Affleck. La présence de l’actrice de The Handmaid’s Tale : la servante écarlate permet un très bon parallèle entre la série et le film, dans lesquels la thématique commune de la place des femmes dans la société est prédominante (servantes pondeuses dans la série, ou portées disparues dans le film) est un sujet commun.
La musique composée par Daniel Hart, sombre et habitée, a une place prépondérante dans les scènes clés du long métrage. Elle regorge de sonorités intenses qui donnent encore plus de corps aux moments clés du film.
Au final Light of my Life est une oeuvre très réussie qui regorge d’atouts majeurs, émouvante dans l’intimité d’une relation père/fille et captivante dans sa construction d’un futur imaginaire où l’Homme ne sait plus fonctionner en société.
En savoir plus :
- Date de sortie France : 12/08/2020
- Distributeur : Condor Films