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les goûts et les couleurs photo film 2021 critique avis 2
© Pyramide Distribution

Critique / “Les goûts et les couleurs” (2021) de Michel Leclerc

Les goûts et les couleurs est un film de Michel Leclerc avec Rebecca Marder, Félix Moati et Judith Chemla. Il est sorti dans les salles de cinéma le 22 juin 2022. La critique et l’avis de Bulles de Culture. 

Synopsis :

Marcia (Rebecca Marder), jeune chanteuse passionnée, enregistre un album avec son idole Daredjane (Judith Chemla), icône rock des années 1970, qui disparait soudainement. Pour sortir leur album, elle doit convaincre l’ayant-droit de Daredjane, Anthony (Félix Moati), placier sur le marché d’une petite ville, qui n’a jamais aimé sa lointaine parente et encore moins sa musique. Entre le bon et le mauvais goût, le populaire et le chic, la sincérité et le mensonge, leurs deux mondes s’affrontent. À moins que l’amour, bien sûr…

Les goûts et les couleurs : un film musical

Michel Leclerc est un fin réalisateur français, amateur des comédies très ancrées politiquement. L’essonnien se fait connaitre du grand public avec Le nom des gens (César du meilleur scénario original) où Sara Forestier campe un personnage haut en couleurs, couchant avec des hommes de droite pour les pousser à se convertir au socialisme. Plus récemment, le metteur en scène filmait avec La lutte des classes l’histoire d’un couple devant un cas de conscience : mettre leur fils en école privée alors que le duo prône depuis toujours l’attachement à l’institution publique.

Avec Les goûts et les couleurs, Michel Leclerc ne laisse pas totalement de côté ses thématiques sociétales mais fait rentrer la musique dans son univers cinématographique, comme un vestige d’une carrière de musicien que le cinéaste aurait bien aimé suivre dans ses jeunes années. En plus de prendre la plume en tant que co-scénariste, le réalisateur va écrire lui-même les paroles des nombreuses chansons du film et en composer certaines. Ces créations musicales sont l’atout principal du film, à mi-chemin entre du Catherine Ringer et du Barbara. Une chose est sûre, elles resteront bien en tête et ne manqueront pas d’être réécoutées via sa plateforme de streaming préférée où l’ensemble de la bande son est d’ores et déjà disponible.

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© Pyramide Distribution

En particulier, Me lancer dans l’inconnu devient l’hymne testamentaire iconique du film dans lequel Michel Leclerc arrive à imposer avec brio la personnalité de sa Daredjane, vieille icône musicale des années 70 tombée en désuétude et sur le point aujourd’hui de faire son come back grâce à la pugnacité d’une jeune musicienne, fan de l’artiste.

Judith Chemla est brillante en interprétant, à l’image et à la voix, cette Daredjane à tous les âges. L’actrice vu dans Camille Redouble donne un côté Brigitte Bardot provocante à cette chanteuse dans des flashbacks de clips filmés avec un grain suranné. Revenu au présent, la comédienne se grime à la façon d’Alex Lutz dans Guy pour interpréter une sorte de Keith Richards au féminin.

Une mise en valeur du patrimoine culturelle

C’est avec grâce que Rebecca Marder incarne cette jeune musicienne passionnée, prête à tout pour conserver intact l’image de l’artiste déchue. La pensionnaire de la Comédie Française met à contribution pour le long métrage son appétence de toujours pour la musique en chantant d’une voix douce, claire et juste les partitions du film.

Quelques incohérences dans l’écriture sont à relever, surtout dans l’évolution abrupte de la relation entre Marcia et Anthony, farouchement opposés au début autour de l’héritage de Daredjane, dont l’animosité disparait sans raison apparente.

A l’inverse Les goûts et les couleurs livre une fine analyse sur la mise en valeur du patrimoine culturel et l’importance de faire conserver son héritage artistique par des ayants droit soucieux avant tout du respect de l’œuvre de l’artiste décédé.

Notre avis ?

Les goûts et les couleurs est une romance musicale drôlement charmante d’une grande légèreté. Le scénario est certes convenu mais permet d’aborder avec sérieux la thématique de gestion de la propriété intellectuelle d’un artiste décédé.

En savoir plus :

Antoine Corte

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