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[CRITIQUE & INTERVIEW] “La Théorie du Y” saison 1 : Une websérie rafraîchissante sur la bisexualité

Dernière mise à jour : avril 11th, 2019 at 04:33 pm

Présente dans la compétition internationale de séries web & digitales du festival Séries Mania 2017La Théorie du Y saison 1 de Caroline Taillet et Martin Landmeters traite d’un sujet rare dans la fiction : la bisexualité. Notre Critique de cette comédie sociale fraîche et bobo et notre interview de ses créateurs.

Synopsis :

Anna (Léone François) est en couple avec Matteo (Colin Javaux) depuis toujours. Ils ont tout pour être heureux. Tout ? Peut-être un peu trop pour Anna, qui laisserait bien un peu de fantaisie entrer dans sa vie. Un soir dans un bar, après une dispute, elle se laisse séduire par Claire (Ophélie Honoré). En adaptant sa pièce de théâtre en websérie, l’auteure Caroline Taillet explore la bisexualité et les amours d’aujourd’hui.

La Théorie du Y saison 1 :
Interview de Caroline Taillet
et Martin Landmeters

 

Dans la série Girls, n’importe quel personnage qui s’ennuie pourrait “choper” quelqu’un du même sexe sans qu’on se pose de questions. Au fond, La Théorie du Y commence comme un banal épisode de Girls. Petit monde bobo, jeunes adultes qui se cherchent, tout y est.

Rien de nouveau ? Et bien si, car Anna n’essaie pas seulement de se changer les idées: elle est bisexuelle. On est tous bisexuels vous me direz, surtout quand on s’ennuie. Eh bien non, et c’est ce que Caroline Taillet, la créatrice et Martin Landmeters, le réalisateur, tentent de nous démontrer.

La Théorie du Y
est la première fiction LGBT
de la RTBF”

 

LA THÉORIE DU Y Caroline Taillet, Martin Landmeters (c) Bertrand Vandeloise image 4
© Bertrand Vandeloise

 

La websérie La Théorie du Y est à l’origine une pièce de théâtre écrite et mise en scène par Caroline Taillet qui s’est longuement jouée à Bruxelles et se joue encore la saison prochaine. L’idée d’en faire une websérie est venue d’un appel à projet de la RTBF (Radio Télévision Belge Francophone, chaîne publique belge).

Bulles de Culture : La Théorie du Y a gagné l’appel à projet webséries de la RTBF. Qu’est-ce qui leur a plu dans votre projet ?

Martin Landmeters : Je pense que La Théorie du Y est la première fiction LGBT de la RTBF. Ils ont envie de toucher les jeunes. La web création de la RTBF veut être novatrice. Ils nous disent tout le temps : allez-y, osez. Sur le scénario ils n’ont jamais rien censuré. Nous avons probablement eu plus de liberté parce que nous sommes diffusés sur le net.

“La bisexualité est un sujet
dont on ne parle presque pas”

 

LA THÉORIE DU Y Caroline Taillet, Martin Landmeters (c) Bertrand Vandeloise image 1
© Bertrand Vandeloise

 

Bulles de Culture : Pourquoi traiter de la bisexualité plutôt que de l’homosexualité ?

Caroline Taillet : C’est un sujet dont on ne parle presque pas. Quelques héros de fiction sont bisexuels comme dans Orange Is the New Black, mais on n’en parle pas spécialement. Du coup c’est encore entouré de beaucoup de clichés. Le premier est que ça n’existe pas, que ce sont des gens pour qui c’est une phase, qui n’assument pas qu’ils sont homo ou qui ne sont pas fidèles.

La première revendication des associations bisexuelles aujourd’hui est la visibilité. Il y a un manque de visibilité et donc d’éducation. On joue beaucoup la pièce pour les écoles, et on a de temps en temps des élèves qui viennent nous dire : “Je croyais que j’étais le seul à être comme ça”. Parce qu’il n’y a pas de modèle auquel s’identifier.

 

LA THÉORIE DU Y Caroline Taillet, Martin Landmeters (c) Bertrand Vandeloise image 2
© Bertrand Vandeloise

 

Bulles de Culture : Au départ, on pourrait croire qu’Anna est attirée par les filles parce qu’elle s’ennuie dans son couple…

Martin Landmeters : Oui tout à fait. C’est la même chose que dans le monde homosexuel, les homos sont souvent d’abord victime de leur propre homophobie. On exploite cela pendant toute la saison, Anna voit ce qu’elle pense d’elle-même à travers des flashs.

Caroline Taillet : C’est ce que la société et notre éducation mettent à l’intérieur de nous et qu’on finit par se renvoyer à soi-même.

Martin Landmeters : C’est important que le personnage se croit hétéro à la base. On rentre dans cet univers avec le regard de quelqu’un qui ne le connait pas.

“On n’est plus dans le zapping,
on est dans le choix”

 

LA THÉORIE DU Y Caroline Taillet, Martin Landmeters (c) Bertrand Vandeloise image 3
© Bertrand Vandeloise

 

Bulles de Culture : Pourquoi le format websérie ?

Caroline Taillet : À la base, c’est une question d’opportunité. Mais l’histoire cible les 15-25 ans, c’est bien adaptée au format web qui est très prisé des adolescents.

Martin Landmeters : C’est plutôt nous qui nous sommes adaptés au format plutôt que l’inverse. Le côté très condensé et rythmé parce qu’il faut tenir le spectateur me parle un peu moins. Pendant les mois de travail on a beaucoup entendu que les jeunes zappent, qu’ils ont douze onglets ouverts en même temps. Or j’ai quand même l’impression que la génération d’aujourd’hui est aussi capable de se focaliser.

Justement, on n’est plus dans le zapping, on est dans le choix. Beaucoup de gens nous disent, on aime votre série parce que vous nous racontez une histoire. Je n’ai pas l’impression qu’on les tient seulement parce que c’est super rythmé.

Propos recueillis le 22 avril 2017 au festival Séries Mania 2017.

 

En savoir plus :

  • La Théorie du Y saison 1 est disponible en ligne sur RTBF
Zoé Klein

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