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La collection théâtre
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[Critique] “La Collection” par Thierry Harcourt au Théâtre de Paris

Dernière mise à jour : novembre 6th, 2019 at 01:01 pm

Sur les planches du Théâtre de Paris – Salle Réjane : trois hommes, Davy Sardou, Thierry Godard et Nicolas Vaude, et une femme, Sara Martins, sont au service de l’intrigue de La Collection d’Harold Pinter sur une mise en scène de Thierry Harcourt. L’avis de Bulles de Culture sur une pièce de théâtre où rien n’est ce qu’il semble être et où toute la complexité des relations humaines s’immisce au détour d’une histoire singulière.

Synopsis :

Un thriller psychologique passionnant adapté par Eric Kahane. Bill (Davy Sardou), un dessinateur de mode dans la vingtaine, vit avec Harry (Thierry Godard), un homme dans la quarantaine. De son côté, Stella (Sara Martins), designer elle aussi, mais dans la trentaine, vit avec James (Nicolas Vaude), son mari et partenaire d’affaires dans leur appartement de Chelsea. Un soir Harry reçoit un mystérieux coup de téléphone anonyme et peu après, un homme qui refuse de se présenter force sa porte. Qui est-il ? Que s’est-il passé ? Et dans cette histoire, qui croire ?

La Collection, un univers énigmatique et déroutant

Adaptée d’une pièce d’Harold Pinter, célèbre écrivain, dramaturge et metteur en scène anglais, Prix Nobel de la littérature en 2005, La Collection tisse la trame d’un récit singulier où se joue la confusion, le mystère, le doute, les pulsions, la complexité du couple et des rapports humains. Mais de prime abord, la pièce peut laisser perplexe. Appel téléphonique impromptu, un inconnu qui s’impose, une histoire d’adultère. Sur les murs, des patrons de couturiers, des mots et sur une scène séparée en deux et mise en lumière de manière élégante, d’un côté, Bill et Harry, et de l’autre, Stella et son mari. Passant d’un univers à l’autre dans une mise en scène millimétrée de Thierry Harcourt, l’intrigue se dessine. Les contours sont flous, les indices livrés avec parcimonie. Les doutes s’immiscent sur la complexité des personnages et de leurs interactions.

Qui sont-ils vraiment ? Que s’est-il finalement passé entre eux, se sont-ils vraiment connus ? Ont-ils succombé à leurs désirs ? Jusqu’où iront-ils ? Tant de questions surgissent, se figent pour rester en suspens. Le mystère demeure. Désirs, non-dits, sentiments, le trouble mène le tempo. Que ressentir ? De la compassion, de la crainte, de l’espoir ? L’émotion se perd dans les méandres du jeu entre le faux et le vrai.

Accepter de se laisser diriger par l’ambiguïté

Dans la pièce La Collection, saturations, répétitions, suspensions, jeu des dialogues accentuent le faux semblant et entourent de mystère ces actes où le burlesque et l’absurde se côtoient. Chaque personnage est interprété avec justesse, laissant transparaître avec aisance toute la complexité de leurs failles et désirs enfouis. Ardeur épris de colère de violence et de désespoir composent la partition de Nicolas Vaude, pudeur et personnalité énigmatique pour Davy Sardou. Quant à Sara Martins, elle cultive en toute subtilité le détachement de son personnage et Thierry Godard insuffle dans son jeu une force imposante et troublante.

La Collection, pièce singulière, maintient un trouble quasi permanent. Le résultat s’avère déroutant et il est facile de passer à côté de toutes les subtilités proposées par cette mise en abyme des sentiments et de la nature humaine. L’ambiguïté en dirige le sens, à chacun d’en confronter son interprétation et de laisser libre court à son imagination.

En savoir plus :

  • La Collection de Harold Pinter au Théâtre de Paris – Salle Réjane du 2 février au 15 avril 2018
Laetitia Davier

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