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Leur Algérie affiche film 2021

Critique & Interview / “Leur Algérie” (2020) : une quête intime dans la mémoire d’une famille d’origine algérienne

Dans le documentaire Leur Algérie, La réalisatrice Lina Soualem filme la séparation de ses grands parents après soixante de vie commune. Ces émigrés algériens ont une culture du silence que leur petite fille va tenter de faire tomber. Le film sort dans les salles le 13 octobre . Rencontre avec la réalisatrice et critique/avis film de Bulles de Culture. 

Synopsis :

Après 62 ans de mariage, les grands-parents de Lina, Aïcha et Mabrouk, ont décidé de se séparer. Ensemble ils étaient venus d’Algérie en Auvergne, à Thiers, il y a plus de 60 ans, et côte à côte ils avaient traversé cette vie chaotique d’immigré.e.s. Pour Lina, leur séparation est l’occasion de questionner leur long voyage d’exil et leur silence.

Leur Algérie : capturer une mémoire qui va disparaitre

Le but de Lina Soualem est clair en prenant sa caméra pour filmer Leur Algérie : “capturer une mémoire qui allait disparaitre“. Lors de notre entretien, la jeune femme revient sur cette principale motivation : “ma première crainte était de voir mourir mes grands parents sans avoir connu leur histoire. Je me suis rendue compte que j’en savais trop peu sur les raisons de leur fuite de l’Algérie pour la France. De même, je ne connaissais pas grand chose de leur histoire en tant que couple“.

En faisant montrant ses ascendants à l’image, la réalisatrice donne une dimension universelle à son film. Derrière la grande timidité de la grand mère Aïcha, qui cache son visage derrière ses mains, et le mutisme du grand-père  Mabrouk, il y a une histoire forte, commune à beaucoup d’émigrés algériens que le documentaire permet de faire connaitre au public.

On perçoit que le travail de Lina Soualem n’a pas toujours dû être facile, ses deux aînés ne sont guère aguerris à se lâcher devant une caméra. Pourtant, la jeune cinéaste confie que sa grand-mère n’était pas forcément réfractaire dans la production de ce film : ” Ma grand mère était partante pour le projet car elle était contente de passer du temps avec moi“. Avec son grand-père, c’est une autre paire de manche :”Avec mon grand-père, c’était en effet plus compliqué. Au début, il ne me parlait pas ni avec, ni sans caméra. C’est avec beaucoup de temps, d’insistance et une présence régulière qu’il s’est ouvert“.

Leur Algérie photo film 2021
© JHR Films

Un film libérateur

Dans le parcours de la famille Soualem, il y a le poids de l’immigration algérienne qui pèse sur le passé. “Ce qui était difficile, c’était de se confronter à la douleur” explique Lina Soualem en évoquant la douleur de ces algériens “exilés en France, pensant revenir dans leur pays, et qui s’investissaient néanmoins dans la lutte pour l’indépendance du pays“.

Zinedine Soualem, père de la réalisatrice et acteur récurent dans les films de Dany Boon, apparait avec cette même pudeur de l’intime, qui tranche avec le tempérament habituel d’un comédien. “Il a hérité de ce silence” raconte la réalisatrice. “Je lui en voulais de ne rien m’avoir dit mais je me suis rendue compte qu’on ne lui disait pas grand chose non plus. C’est dur de transmettre quand on ne sait pas comment se raconter“.

Baigné dans une émotion, Leur Algérie se termine sur les terres des ancêtres de la famille Soualem. “Je n’avais pas prévu initialement d’aller en Algérie” révèle la réalisatrice. “Il se trouve que j’avais gagné un mois de résidence d’écriture à Alger où j’étais à 4h du village de mes grands parents. Il fallait absolument que j’aille voir ce lieux. J’ai pris une caméra. J’ai découvert un village enneigé complètement différent de celui que j’avais en tête“. Ces images concluent magnifiquement un film libérateur ” quand j’ai partagé les images de son village avec mon grand père. Il avait une lueur dans les yeux comme si le lien n’était pas perdu“.

Propos recueillis en août 2021 à Angoulême.

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 13/10/2021
  • Distribution France : JHR Films
Antoine Corte

3 Commentaires

  1. Que le vieillard dépressif se soit investi dans ” la lutte pour l’indépendance du pays” , voilà qui m’a totalement échappé dans ce film qui, je dois dire, m’a considérablement ennuyée …
    D’ ailleurs le retour à Thiers du père de la réalisatrice campe tout à fait l’insignifiance du propos … très inquiétant pour la situation du documentaire en France. ce qui me désole.

  2. KARINE LARCHERERE

    Film poignant et excellent !!!!

  3. Excellent émouvant et bouleversant film.
    Un énorme bravo à sa réalisatrice

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