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Critique Cannes 2021 / “Titane” : Julia Ducournau solide comme un roc

Dernière mise à jour : juillet 19th, 2021 at 12:31 am

Julia Ducournau a bousculé la croisette avec la projection de Titane en compétition officielle du Festival de Cannes 2021. Après la sensation Grave à la Semaine de la Critique en 2016, la réalisatrice française livre un film qui ne va pas laisser indifférent. Il se murmure d’ailleurs que le long métrage pourrait bien être présent au palmarès de cette édition samedi soir. Le film sort aujourd’hui dans les salles de cinéma. La critique et l’avis film de Bulles de Culture. 

Synopsis :

Après une série de crimes inexpliqués, un père (Vincent Lindon) retrouve son fils disparu depuis 10 ans. Titane : Métal hautement résistant à la chaleur et à la corrosion, donnant des alliages très durs.

Titane, mise en scène époustouflante

Il y a cinq ans, la jeune réalisatrice française proposait sur la croisette Grave, un film fantastique sur le cannibalisme. Tout de suite, on y sentait le génie de cette cinéaste qui donna au cinéma français une nouvelle orientation. Julia Ducournau n’a pas simplement proposé un film d’une audace folle, elle a ouvert la voix à l’émergence d’un nouveau cinéma fantastique à la française, permettant notamment à La Nuée ou Teddy de se monter.

Avec Titane, Julia Ducournau va encore plus loin livrant une oeuvre plus mature qui se radicalise dans son style. La narration assez classique de Grave est complètement abandonnée au profit d’une mise en scène époustouflante aux influences américaines clairement assumées, entre John Carpenter et David Cronenberg. La cinéaste joue sur l’image mais aussi sur le son. Les scènes de massacre légères sur des chansons comme “Je suis amoureux de ma femme” de Richard Antony font penser à du Quentin Tarantino. Il faudra cependant avoir le coeur bien accroché à d’autres moments du film. Cru et violent, Titane est très direct dans la transcription de la douleur de ses personnages. Dès l’ouverture, la protagoniste enfant se prend le pare brise de la voiture dans laquelle elle est assise, laissant une trace de sang sur le verre. Plus tard, elle se plantera dans le vagin une longue aiguille à cheveux, criant de douleur.

TITANE photo film critique avis 2021
Carole Berthuel

Si le visuel est soigné, on regrette cependant que Julia Ducournau n’ait pas travaillé davantage l’écriture de son personnage principal, dont les actes ne sont finalement peu expliqués. Cette danseuse dans le salon automobiles n’est construite qu’à travers trois concepts clés : transhumanisme, transgenre et psychose. On y voit très clairement en plan rapproché ses aisselles non épilées mais on n’arrive pas à rentrer dans son âme. Finalement, c’est le père, interprété par Vincent Lindon, qui sera davantage détaillé dans le scénario. Perdu depuis la disparition de son fils, ce commandant de caserne de pompiers a cette névrose face à la vieillesse, le poussant à s’injecter tous les soirs des stéroïdes sur la fesse.

Enorme prestation pour Agathe Rousselle dont c’est le premier rôle au cinéma. L’ancienne journaliste électrise avec cette proposition osée. On note aussi la participation de Garance Marillier dans Titane, qui avait épaté dans Grave.

Notre avis ?

Titane se révèle un bijou visuel du genre qui ravira les amateurs de fantastique. Julia Ducournau, radicale et affirmée, délaisse cependant trop l’ingénieuse narration dont elle a fait preuve dans Grave pour se concentrer uniquement sur une mise en scène réussie.

En savoir plus :

Antoine Corte

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