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Critique Cannes 2021 / “Annette” : du grand Leos Carax pour lancer le festival

Dernière mise à jour : septembre 5th, 2022 at 12:20 am

Annette a fait l’ouverture du Festival de Cannes 2021 ce mardi 6 juillet. Le film de Leos Carax avec Marion Cotillard et Adam Driver est sorti dans les salles de cinéma le même jour. Découvrez la critique et l’avis film de Bulles de Culture sur ce long métrage. 

Synopsis :

Los Angeles, de nos jours. Henry (Adam Driver) est un comédien de stand-up à l’humour féroce. Ann (Marion Cotillard), une cantatrice de renommée internationale. Ensemble, sous le feu des projecteurs, ils forment un couple épanoui et glamour. La naissance de leur premier enfant, Annette, une fillette mystérieuse au destin exceptionnel, va bouleverser leur vie.

Annette : un opéra rock mélancolique passionnant

Absent médiatiquement depuis son passage à Cannes en 2012 avec Holy Motors, l’énigmatique Leos Carax revient en force avec le film Annette, opéra rock néo-romantique dont la musique et le scénario ont été écrits par le groupe pop-rock Sparks, mené par Ron et Russell Mael.

Comme souvent, le réalisateur provoque, attise la curiosité mais ne déçoit pas.

On entend dès le prologue une voix s’adressant directement au spectateur pour lui demander d’arrêter de respirer. On ne peut s’empêcher d’associer l’introduction à l’épidémie de Covid où la respiration est devenue un danger.

Puis, comme dans un spectacle musical, le rideau s’ouvre sur un beau plan-séquence tenu plusieurs minutes et dans lequel le casting chante dans la rue sur un morceau d’ouverture très efficace, So May We Start.

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Marion Cotillard dans le film “Annette” © UGC Distribution

La radieuse composition des Sparks, teintée sur plusieurs morceaux de mélancolie, convainc dès la première note et permet d’accrocher tout du long, accroissant le côté dramatique de plusieurs scènes fortes. En particulier, le thème du film We Love Each Other So Much, magnifiquement interprété par les deux acteurs eux-mêmes avec une belle harmonie fluette, reviendra à plusieurs moments-clés, faisant de cette chanson un vecteur d’émotions.

Annette est une fable qui peut paraitre complexe, tant l’univers de Leeos Carax multiplie les références, mais reste un cinéma de sensations avec l’universalité d’un ressenti naturel et spontané du spectateur depuis sa place.

Le réalisateur des Amants du Pont Neuf aborde en effet les rapports de pouvoir dans un couple, notamment quand l’un réussit et que l’autre n’a pas le succès escompté. Le premier est alors broyé par le côté envieux du second qui transforme la relation en une bombe atomique dévastatrice.

Dans le film, la première irradiée est Annette, la progéniture de ces deux stars, qui est à l’image un pantin de bois, à la merci de ses parents qui la manipule. On voit évidemment une référence directe au syndrome de l’enfant star, propulsé trop tôt au sommet à cause de parents manipulateurs. Dans cette Annette, il y a un peu de Britney Spears, Judy Garland ou encore Michael Jackson.

Leos Carax n’oublie pas d’évoquer d’autres maux d’aujourd’hui, parfois un peu précipitamment, comme le phénomène #MeToo, avec la chanteuse Angèle en guise de porte-parole, ou les conséquences négatives des médias à scandale.

Annette (2020) de Leos Carax image cannes 2021 film cinéma
Adam Driver et Marion Cotillard dans le film “Annette” © UGC Distribution

L’univers visuel d’Annette est un travail d’orfèvre. Le cinéaste a collaboré avec la directrice de la photographie Caroline Champetier pour un rendu digne d’un conte sombre avec notamment de magnifiques voyages en moto avec Adam Driver et Marion Cotillard qui semblent se diriger tout droit vers l’enfer noir du désespoir.

Le côté scénique a également particulièrement été soignée. On sent les pas millimétrés d’une danse que Marion Cotillard interprète à l’Opéra où la scène s’ouvre métaphoriquement sur un paysage bucolique, aux accents froids et humides.

Notre avis ?

Beaucoup plus traditionnel que Holy Motors, Annette fouille dans les tréfonds de l’âme humaine dont les manifestations cérébrales sortent en chansons. Un long métrage accessible, travaillé et onirique.

En savoir plus :

Antoine Corte

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