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Blonde. Ana de Armas as Marilyn Monroe. Cr. Netflix © 2022
Blonde. Ana de Armas as Marilyn Monroe. Cr. Netflix © 2022

Critique / “Blonde” sur Netflix : le faux biopic sur Marylin Monroe qui pose beaucoup de questions

C’est l’un des évènements cinématographiques de l’année 2022. Blonde de Andrew Dominik a débarqué sur la plateforme Netflix ce mercredi 28 septembre 2022. Il nous plonge, durant 2h47, dans le naufrage de Marylin Monroe dans son propre miroir à partir des feuillets du livre – best seller – du même nom de Joyce Carol Oates. L’avis et la critique de Bulles de Culture sur ce long-métrage dur, brutal et noir.   

Synopsis :

Ce portrait fictif de Marilyn Monroe (Ana de Armas) réinvente audacieusement la vie privée tumultueuse de la légende d’Hollywood… et le prix de sa célébrité.

Blonde, “biopic” redouté par Netflix

Les guillemets sont importants. Le réalisateur Andrew Dominik a totalement joué avec le mythe construit par Marylin Monroe et toute une industrie pour produire Blonde, longtemps redouté par Netflix qui n’aurait pas voulu le sortir de suite.

En cause : des scènes dures comme des pénétrations ou des fellations forcées, les violences intrafamiliales avec sa maman après le départ du père, et aussi la déchéance hygiénique de la star, l’un des signes les plus sérieux de son importante dépression avant le passage dans l’au-delà.

Blonde. Ana de Armas as Marilyn Monroe. Cr. Netflix © 2022
Blonde. Ana de Armas as Marilyn Monroe. Cr. Netflix © 2022

Une image parfaite… retransmise par une actrice parfaite

Ana de Armas est une Marylin fragile, corps et âme dans ce film à l’allure de biopic mais qui est bien plus que ça. On pourrait presque le qualifier d’ovni dans le long chapelets des œuvres cinéma autour de personnalités ultra médiatisées que tout-Hollywood nous sert depuis quelques années déjà.

Récompensée du prix Nouvel Hollywood au récent Festival de Deauville, après un passage à la Mostra de Venise, la comédienne impressionne et ressemble trait pour trait à l’icône d’origine sur de nombreux plans.

Nous ne comprenons d’ailleurs pas bien les critiques qui ont été adressées à son accent tant la finesse de la voix, le souffle des prononciations de Norma Jean Baker, le vrai nom de Marylin Monroe, sont parfaitement mis en œuvre et exécutés.

Marylin Monroe, double encombrant

Norma Jean Baker, justement, quitte justement la vie de celle qui devient Marylin Monroe au moment de poser pour des photographes… et de travailler sa coiffure si célèbre. Toutes les mèches étaient parfaites, le front devenant plus haut grâce à un rasage bien exécuté. Le nez aussi avait changé. Mais rien de tout cela n’est, hélas, expliqué dans le film.

Les critiques, blessées et virulentes, qui partagent leur grande déception sur Blonde, reprochent à Andrew Dominik de ne pas faire exister Marylin Monroe en tant que femme mais seulement en ectoplasme d’icône. Mais une icône qui n’était pas forte. Bien sûr que non, #MeToo est, depuis, passé par là.

Blonde. Ana de Armas as Marilyn Monroe. Cr. Netflix © 2022
Blonde. Ana de Armas as Marilyn Monroe. Cr. Netflix © 2022

 

Ce que le film Blonde tend à dévoiler, n’est-ce pas les coulisses, vraiment peu reluisantes, du Hollywood des années 50 et 60 ? Certes, l’exécution semble cynique et machiste (une actrice dépressive, en recherche affective, et tellement utilisée) mais Andrew Dominik a attribué, tout le roman du même nom dont il s’inspire, une fonction à la connaissance des faits : nous renseigner sur les conséquences de relations personnelles et familiales non stables, sur le besoin toujours plus grandissant d’amour, sur la force du patriarcat et sur la fabrication des mythes.

Blonde heurte sans doute la vision de beaucoup de personnes de l’actrice. Nombre de biographies ont révélé des détails sordides et bien glauques sur les dernières années de son existence, notamment au sujet de sa relation avec J.F. Kennedy. En deux scènes sur 2h47 de film, toute leur relation est résumée.

En érigeant une image si parfaite, Marylin a incarné l’inaccessibilité de la star. Aujourd’hui, ce “biopic inspiré des faits de sa vie” nous montre que tout le monde en coulisses s’appropriait son corps, d’une manière ou d’une autre.

Après toutes ces interrogations et points d’analyse, force est, en tout cas, de constater qu’encore aujourd’hui, tout le monde projette ses fantasmes et sa vision des choses sur Marylin Monroe, même lorsqu’elle est incarnée par une autre.

Notre avis ?

Gâtée par des images léchées, un sens de la mise en scène certain et des instants de silence où le spectateur peut réfléchir, Blonde de Netflix vaut le coup d’œil. Les personnes à la recherche de divertissement ludique et gratuit doivent passer leur chemin. Mais ils rateront la performance d’Ana de Armas qui mérite toutes les récompenses.

En savoir plus :

  • Blonde de Andrew Dominik est disponible depuis le 28 septembre 2022 sur la plateforme Netflix.
Luigi Lattuca
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