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Blizzard Marie Vingtras critique livre

Critique / «Blizzard» (2021) de Marie Vingtras aux éditions de l’Olivier

Dernière mise à jour : novembre 28th, 2021 at 05:03 pm

Marie Vingtras (un pseudonyme !) publie le 26 août 2021 à 49 ans un premier roman Blizzard aux Editions de l’Olivier. Avec beaucoup de fraicheur, elle aime raconter que son projet de roman a été envoyé par la poste à l’éditeur. Celui-ci ne reste pas le seul enthousiaste puisque, début septembre, Marie Vingtras est accueillie à la télévision dans l’émission littéraire La Grande Librairie. Le titre Blizzard renvoie au cadre du roman : une tempête de neige en Alaska dans un endroit quasi désert avec seulement quelques habitants à qui l’auteur va donner successivement la  parole, pour de courts monologues, alors qu’ils errent dans la tempête. La critique du livre sur Bulles de Culture.

Cet article vous est proposé par un rédacteur-invité, le chroniqueur Gilles M.

Synopsis :

Le blizzard fait rage en Alaska.

Au coeur de la tempête, un jeune garçon disparaît. Il n’aura fallu que quelques secondes, le temps de refaire ses lacets, pour que Bess lâche la main de l’enfant et le perde de vue. Elle se lance à sa recherche, suivie de près par les rares habitants de ce bout du monde. Une course effrénée contre la mort s’engage alors, où la destinée de chacun, face aux éléments, se dévoile.

Avec ce huis clos en pleine nature, Marie Vingtras, d’une écriture incisive, s’attache à l’intimité de ses personnages et, tout en finesse, révèle les tourments de leur âme.

Un huis clos haletant

C’est la disparition d’un petit garçon qui fait sortir tout le monde dans la tempête. Confiée à Bess, une jeune femme arrivée chez Benedict chez qui réside le petit garçon, il se perd dans le blizzard quand Bess se détourne pour renouer ses lacets lors d’une sortie imprudente. L’auteur nous fait partager les pensées de ceux qui sont partis à sa recherche. Le froid, les crevasses, les ours menacent ceux qui n’ont pas l’expérience du terrain.

Petit à petit, au fur et à mesure de leurs monologues nous immergeant dans leur intimité, nous allons améliorer notre connaissance des naufragés de la tempête.

  • La jeune femme, Bess, qui semble avoir atterri par hasard dans cette nature hostile, masculine, pour s’occuper du petit garçon de 10 ans ;
  • Benedict, qui les héberge, peu démonstratif, profondément ancré dans ses terres familiales, et qui ne se remet pas du départ de son frère aîné ;
  • Cole, un « ami » de la famille de Benedict, plutôt porté sur l’alcool et qui a trouvé une place dans ce lieu qui correspond à son caractère rugueux, frustre et solitaire ;
  • Enfin, Freeman, retraité mystérieux, ex soldat au Vietnam, ex policier installé récemment qui s’est peu à peu fait accepter par ses voisins.

Un style original et efficace

Marie Vingtras avoue volontiers n’avoir jamais mis les pieds en Alaska mais avoir beaucoup lu les auteurs nord-américains. De ses lectures, elle a gardé l’idée d’une succession de monologues qui structure avec efficacité tout le récit sous forme de chapitres courts.

Le texte est enlevé, les descriptions sont précises, et les images se forment dans notre esprit à la lecture du roman. On ressent le froid qui entoure Bess en Alaska dans sa recherche éperdue de l’enfant comme le soleil de son enfance en Californie. On imagine Benedict à la recherche de son frère dans différentes parties des Etats-Unis.

Le lecteur s’attache aux personnages qui dévoilent leurs failles au fil des pages, les chapitres les présentant à tour de rôle. La romancière nous décrit leurs histoires compliquées mais réalistes avant d’arriver dans ce coin perdu de l’Alaska. Le choix des mots, le style des phrases nous fait ressentir à nous aussi lecteurs, le vide ressenti par les personnages. Les sentiments violents décrits trouvent écho dans la rudesse de la tempête.

Une lecture passionnante

Le lecteur tourne d’autant plus les pages rapidement qu’il est soumis à de nombreuses interrogations : le petit garçon sera-t-il retrouvé ?

A la suite de quelles péripéties les personnages se  retrouvent ils dans cette région  éloignée de tout ? Quelles souffrances cachent-t ‘-ils ? Comment évoluera la violence latente existante entre eux ?

Peu à peu, les pièces du puzzle habilement construit s’assemblent  jusqu’au dénouement inattendu mais en cohérence avec la sauvagerie de la tempête.

Un premier roman qui se lit d’une traite, dans l’impatience de savoir ce qui va arriver aux personnages.

En savoir plus :

  • Blizzard, Marie Vingtras, éditions de l’Olivier, août 2021, 192 p., 17 €
Bulles de Culture - Les rédacteur.rice.s invité.e.s

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