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Critique / “Belfast” (2021) de Kenneth Branagh

Dernière mise à jour : avril 17th, 2022 at 07:05 am

Belfast, tourné en noir et blanc, est une fresque enfantine charmante marquée par les révoltes irlandaises de la fin des années 60. Kenneth Branagh livre un film personnel et bouleversant. Le long métrage débarque dans les salles de cinéma françaises dès le 2 mars 2022; La critique et l’avis de Bulles de Culture sur le film. 

Synopsis :

Été 1969 : Buddy (Jude Hill), 9 ans, sait parfaitement qui il est et à quel monde il appartient, celui de la classe ouvrière des quartiers nord de Belfast où il vit heureux, choyé et en sécurité.
Mais vers la fin des années 60, alors que le premier homme pose le pied sur la Lune et que la chaleur du mois d’août se fait encore sentir, les rêves d’enfant de Buddy virent au cauchemar. La grogne sociale latente se transforme soudain en violence dans les rues du quartier. Buddy découvre le chaos et l’hystérie, un nouveau paysage urbain fait de barrières et de contrôles, et peuplé de bons et de méchants.

Belfast : chronique d’une enfance choyée

Quelques semaines après la sortie au cinéma de Mort sur le Nil, suite très attendue des aventures d’Hercule Poirot, Kenneth Branagh propose Belfast, en bonne position pour récolter quelques statuettes à la prochaine cérémonie des Oscars où le film est nommé à sept reprises.

Plutôt centré ces dernières années sur la mise en scène de gros blockbusters, Artemis Fowl (2020), Le Crime de l’Orient-express (2017), Cendrillon (2015), Kenneth Branagh s’appuie ici sur ses souvenirs personnels de l’enfance faisant de Belfast une auto-fiction sur un parcours de vie avec un point de vue enfantin.

En effet, ce jeune Buddy de 9 ans évolue dans les quartiers ouvriers de Belfast autour d’une famille aimante. On voit dans Belfast tous les souvenirs de l’enfance, montrés par le réalisateur comme autant de madeleines de Proust.

Belfast critique avis photo film 2021
© Universal Pictures

Le metteur en scène se rappelle les jeux entre camarades dans les rues de la ville, ses collections de petites voitures que son père lui rapportaient d’Angleterre ou encore les sorties au cinéma avec toute la famille, grands-parents compris. Tout ce contexte permet de s’immerger dans ce terreau de l’intime, dépeint avec une extrême finesse.

Le spectateur pourra surtout s’amuser de la maladresse du protagoniste dans ses premiers amours, conseillé par un grand père fanfaron, interprété par Ciarán Hinds, pour devenir deuxième de sa classe et enfin pouvoir s’asseoir à côté de sa promise à laquelle il n’ose pas adresser la parole.

…bouleversée par la guerre civile

Face à cette chronique de l’enfance, Belfast est rattrapé en 1969 par le poids de la réalité et les violences entre catholiques et protestants qui aboutissent à la guerre civile en Irlande du Nord. Cette triste guerre fait basculer subitement le petit Buddy vers l’âge adulte.

Le film symbolise cette perte de l’innocence enfantine à travers une scène tournée au ralenti dans laquelle Buddy, jouant au milieu de la rue, voit tout d’un coup d’ébouler une foule de casseurs, menaçant la vie des habitants du quartier.

Le film est une sorte d’exécutoire pour le réalisateur, qui permet d’expulser de sa tête un évènement traumatique qui garde bien en mémoire. Il explique « Après ça, la vie n’a plus jamais été comme avant. J’y ai vu une histoire dramatique et universelle, un moment de transition que les gens pourraient reconnaître et identifier dans leur propre vie, même s’il n’a pas forcément été intensifié par de tels événements extérieurs ».

Belfast critique avis photo film 2021
© Universal Pictures

Une reconstitution du passé

Pour recréer le Belfast des années 60, le réalisateur et son chef décorateur, Jim Clay, choisissent pour le lieu du tournage un grand terrain vague pas loin de l’aéroport de Farnborought, dans lequel l’ensemble du quartier est reconstitué.

Kenneth Branaght fait appel également un casting composé spécifiquement d’acteurs irlandais : Caitríona Balfe, qui interprète la mère, Jamie Dornan, le père. Le couple de comédiens propose d’ailleurs une séquence musicale mémorable quand ils dansent sur une version d’Everlasting love, chantée par Love affair.

L’actrice fétiche du réalisateur, Judi Dench, fait également partie de l’aventure. Pour s’assurer de la participation de cette dernière, le Hercule Poirot du moment s’est présenté chez la comédienne pour lui lire directement le scénario. Belle révélation du long métrage, le jeune acteur, Jude Hill, choisi par 300 candidats, est un beau représentant de cette jeunesse irlandaise des années 60.

Notre avis sur Belfast ?

Belfast est un bouleversant témoignage du réalisateur sur son enfance, à la frontière entre Jojo Rabbit (2019) de Taika Waititi et Billy Elliot (1999) de Stephen Daldry. 

Film découvert à l’occasion de la projection organisée par le Club300

 

En savoir plus :

Antoine Corte

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