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L'île aux chiens de Wes Anderson image affiche

♥ [Critique] “L’Île aux chiens” (2018) : Le sushi du détail de Wes Anderson

Dernière mise à jour : mars 25th, 2019 at 02:39 pm

L’Île aux chiens (Isle Of Dogs) signe le grand retour de Wes Anderson au film d’animation. Neuf ans après avoir mis la barre bien haut avec le très Fantastic Mr. Fox, le réalisateur américain va devoir se surpasser pour répondre aux attentes des fans qui sont de taille. L’Île aux chiens est-il à la hauteur de toutes ces espérances ? La réponse est oui et c’est même un film coup de cœur de Bulles de Culture. Notre avis.

Synopsis :

En raison d’une épidémie de grippe canine, le maire de Megasaki ordonne la mise en quarantaine de tous les chiens de la ville, envoyés sur une île qui devient alors l’Ile aux Chiens. Le jeune Atari, 12 ans, vole un avion et se rend sur l’île pour rechercher son fidèle compagnon, Spots. Aidé par une bande de cinq chiens intrépides et attachants, il découvre une conspiration qui menace la ville.

La patte familière de Wes Anderson

Que tous les fans de Wes Anderson se réjouissent: L’Île aux chiens est un pur concentré du cinéaste. À commencer par le retour de ses collaborateurs habituels qui gravitent depuis longtemps dans la constellation du cinéaste. Devant la caméra (ou plutôt devant les micros), un casting cinq étoiles d’anciens de la classe pour la version originale de ce film d’animation — Bill Murray, Edward Norton, Tilda Swinton, Jeff Goldblum, Harvey Keitel, F. Murray Abraham — qui accueillent en plus des nouvelles recrues de choix : Bryan Cranston, Greta Gerwig, Scarlett Johansson, Ken Watanabe et Yoko Ono pour ne citer qu’eux. Derrière la caméra, le cinéaste continue avec Roman Coppola et Jason Schwartzman au scénario, tout en confiant une nouvelle fois la musique à Alexandre Desplat qui signe une nouvelle bande son surprenante pleine de charme. Il retrouve aussi Tristan Oliver (à la photographie) et Mark Waring (à la tête de l’animation) de son précédent film d’animation, Fantastic Mr. Fox.

Fidèle à lui-même et à ses collaborateurs, Wes Anderson fait une nouvelle fois preuve de tout son talent avec une mise en scène stylisée et soignée aux petits oignons. L’Île aux chiens bénéficie ainsi d’une richesse artistique aussi abondante que minutieuse, véritable marque de fabrique du cinéaste, toujours au service d’une narration poétique et sensible. Mais bien qu’il continue d’utiliser les mêmes ingrédients film après film avec son ton si particulier, Wes Anderson arrive encore et toujours à surprendre, avec une fois de plus la création d’un univers nouveau et unique en son genre .

L’Île aux chiens, un univers truffé d’originalité

La plus impressionnante qualité de Wes Anderson est bien sa capacité créative à se renouveler sans cesse tout en peaufinant son style familier si particulier. L’écriture reste la même et pourtant, une fois de plus, le cinéaste arrive à nous transporter dans un nouvel univers, totalement original et plus riche que jamais. Après l’influence indienne dans Darjeeling Limited, la Nouvelle Angleterre et ses îles dans Moonrise Kingdom, l’air méditerranéen de La Vie Aquatique ou encore l’Europe slave de Budapest Hotel, Wes Anderson a trouvé un nouveau terrain de jeu culturel en s’attaquant (enfin) au Japon.

Des sumotori aux sushis en passant par les samurai et les chats “neko” porte-bonheurs, le cinéaste intègre tous les clichés culturels nippons en assumant dès les premières images de son film son parti pris ludique et décomplexé. C’est en plus avec un grand plaisir que l’on découvre à quel point la culture nippone s’accorde harmonieusement avec le style si précis et perfectionniste du cinéaste. Comme en témoigne symboliquement une scène exquise, coupée au couteau, d’une méticuleuse préparation de sushi…

A “hand-made” tale ou la magie de l’animation fait-main

Tout comme le Fantastic Mister FoxL’Île aux chiens bénéficie d’une animation en stop-motion, c’est-à-dire image par image, entièrement faite à la main. À l’ère de l’animation générée par ordinateur, c’est déjà un exploit en soi de réussir à produire un tel long métrage. Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg que représente le défi colossal d’un film si ambitieux. La qualité artistique finement détaillée de chaque élément et de chaque image de L’Île aux chiens est telle qu’on n’ose à peine imaginer l’immense travail qu’incombe un tel résultat. Pour avoir un infime aperçu de la tâche herculéenne (APRÈS avoir vu le film), les trois courtes vidéos de making of en V.O. ci-dessous (1/Les décors, 2/Les marionnettes et 3/L’animation) vous en donneront une petite idée.

Pour pouvoir filmer image par image L’Île aux chiens (le plus long film d’animation image par image à ce jour), il aura fallu enregistrer les voix de chaque acteur avec le scénario, créer un story-board détaillé qui a été ensuite monté en vidéos d’animation. Enfin des vidéos live des animateurs et de Wes Anderson lui-même s’ajoutent à tout ce travail pour pouvoir au final filmer chaque séquence, chaque plan, chaque image imaginés par le cinéaste. Mais c’est seulement après la création des quelques 240 décors complexes et des 1000 marionnettes minutieusement détaillées (au poil prêt évidemment) que le tournage peut enfin commencer. Un tournage casse-tête (tant qu’à faire) puisqu’il faut coordonner le travail d’une douzaine d’équipes d’animation filmant en même temps toutes les ambitieuses séquences du film. Pour plus de détails sur ces passionnants coulisses de l’animation, nous vous recommandons cet entretien (en anglais) du directeur de l’animation Mark Waring qui parle du film, des intentions ambitieuses de Wes Anderson et du travail nécessaire pour parvenir à un résultat si… magique.

L’Île aux chiens : Un des plus beaux bijoux de la filmographie de Wes Anderson

Entre les talents d’un casting ultra-prestigieux et le perfectionnisme d’une sublime animation fait-main, L’Île aux chiens est incontestablement l’un des plus beaux bijoux de la filmographie de Wes Anderson. Un voyage imaginaire unique, surprenant, qui vous émerveillera de la première image à la dernière sans jamais cesser de vous en mettre plein la vue. En somme, un véritable film coup de cœur de Bulles de Culture que vous ne vous lasserez pas de revoir.

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 11/04/2018
  • Distribution France : Twentieth Century Fox France
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Emilio M.

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