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Affiche Les figures de l'ombre

Critique / “Les Figures de l’ombre” (2017) de Theodore Melfi

Dernière mise à jour : octobre 29th, 2022 at 01:47 pm

C’est à Theodore Melfi, un réalisateur encore peu connu que Pharrell Williams et sa bande de producteurs ont confié le soin de révéler une incroyable histoire dans Les Figures de l’ombre (Hidden Figures). Taraji P.Henson, Octavia Spencer, Janelle Monáe, ou encore Kevin Costner, ne peuvent certainement quant à eux être qualifiés d’inconnus et leur présence au générique fait saliver. Alors, le film rend-t-il justice à l’histoire ? L’avis et la critique film de Bulles de Culture.

Synopsis :

Le destin extraordinaire de trois scientifiques afro-américaines (Taraji P. Henson, Octavia Spencer, Janelle Monáe) qui ont permis aux États-Unis de prendre la tête de la conquête spatiale, grâce à la mise en orbite de l’astronaute John Glenn (Glen Powell).

Maintenues dans l’ombre par leurs collègues masculins et dans un pays en proie à de profondes inégalités, leur histoire longtemps restée méconnue est enfin portée à l’écran.

Les Figures de l’ombre : Indigènes au féminin ?

Les figures de l'ombre photo
© Twentieth Century Fox 2017

Il y a en effet des similitudes avec Indigènes (2006). Les deux films révèlent au grand jour l’importance de la participation de minorités à un événement majeur, la guerre pour le film de Rachid Bouchareb, la conquête spatiale pour Les Figures de l’ombre.

Et dans les deux cas, une fois l’histoire révélée, il paraît insensé qu’elle ait été si longtemps ignorée. Les deux films ont donc en commun une portée historique certaine mais les ressemblances s’arrêtent là.

Il faut dire que chez Theodore Melfi, ces femmes à l’histoire si particulières ont eu droit à une double discrimination, être femmes et être noires. Et si après la sortie d’Indigènes, il en est résulté une controverse historique, aujourd’hui, l’importance de la révélation prime sur le reste. Le contexte de la guerre réelle s’oppose certes à celui plus sournois d’une Guerre froide, mais le résultat obtenu par les deux réalisateurs a aussi un impact émotionnel certain sur le spectateur.

Rollercoaster émotionnel

Les femmes de l'ombre photo
© Twentieth Century Fox 2017

C’est ainsi que l’on peut qualifier le film Les Figures de l’ombre de Theodore Melfi, adapté du livre de Margot Lee Shetterly. Le film est long, sans doute parce que le choix a été fait de coller au plus près possible à la dite œuvre.

Le film ne se contente ainsi donc pas de nous parler de conquête spatiale, il fait aussi des détours dans la vie personnelle des héroïnes. Mais on peut se demander si ce n’est pas juste pour ramener un peu de guimauve dans l’histoire.

Disons plutôt que ce sont des pauses qui font du bien, qui apportent aussi la dose d’humour nécessaire pour faire passer certains moments très révoltants.

Judicieux est le choix de mettre à fond une chanson entraînante de Pharrell Williams quand Katherine Johnson (Taraji P. Henson) doit courir pour aller aux toilettes réservées aux gens de couleur.  Ce choix illustre d’ailleurs à merveille le ton de Les Figures de l’Ombre.

Les figures de l'ombre photo
© Twentieth Century Fox 2017

En effet, des violons lancinants à la place de la mélodie funky et on tombait dans le mélo. Pour Theodore Melfi, ce n’était clairement pas le propos. Alors oui, il y a un contexte lourd. Oui, il y a discrimination. Mais ces femmes, décident, sans en oublier les contraintes, de se faire leur place.

Les Figures de l’ombre est donc aussi intéressant dans le sens où il évoque le contexte et met en avant une révolution, certes lente, certes silencieuse, mais une révolution quand même.

Chacune de ces femmes, malgré l’oppression, a su arriver à ses fins, en devenant une évidence. Et, cerise sur le gâteau, cela se fait non pas grâce à de généreux attributs, mais à leurs cerveaux !

Alors on les regarde se battre. On a le cœur serré quand on les humilie. On rigole avec elles, et quand elles reçoivent une bonne nouvelle, on brandit le poing !

Trio de choc

Les femmes de l'ombre photo
© Twentieth Century Fox 2017

Taraji P. Henson, Octavia Spencer et Janelle Monae campent trois personnalités très différentes.

Même si on adore Taraji P. Henson, difficile de ne pas constater qu’elle colle moins au côté lunaire que devait avoir la surdouée Katherine Johnson. On la trouve tout de suite plus à sa place quand cette dernière fait preuve de caractère.

Octavia Spencer qui campe Dorothy Vaughn est clairement la plus douée des trois, avec une palette de jeu plus large, qui la fait se glisser très facilement dans un rôle très différent de celui qu’elle avait dans La Couleur des Sentiments (2011) ou encore la trilogie Divergente.

Janelle Monáe quant à elle joue à merveille les impertinentes. On peut dire qu’elle fait des débuts fracassants sur grand écran en apparaissant en plus de ce film, au casting de Moonlight (2016), deux films qui font grand bruit. Une carrière à suivre ?

Les Figures de l’ombre rend également justice à des hommes qui ont su faire la part des choses. Des hommes qui ont  aidé ces femmes comme Al Harrison (Kevin Costner), l’astronaute John Glenn (interprété par le plutôt mignon Glen Powell).

Le film souligne aussi l’importance des hommes de ces femmes campés par Aldis Hodge et le désormais oscarisé Mahershala Ali.

Pas évident par contre pour ceux qui ont eu la lourde tâche d’incarner des personnages détestables. Jim Parsons garde néanmoins un côté drôle, comme dans The Big Bang Theory, et Kirsten Dunst est carrément méconnaissable.

Les figures de l'ombre photo
© Twentieth Century Fox 2017

Notre avis ?

Theodore Melfi réussit donc sa mission qui est de raconter une histoire dure mais belle. Il remplit simplement le devoir de mémoire qui lui incombait. On passe un bon moment et on en ressort exalté.

Les Figures de l’ombre délivre un message clair : la différence doit s’effacer devant l’intérêt commun. Quelque soit la race ou le sexe, l’excellence ne devrait jamais rester dans l’obscurité.

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Fanny N.

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