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Le vent tourne de Bettina Oberli affiche film

[Critique] “Le vent tourne” (2017) : Un drame rural philosophique

Dernière mise à jour : avril 5th, 2019 at 01:20 am

Le vent tourne, film de la réalisatrice suisse Bettina Oberli avec Mélanie Thierry, Pierre Deladonchamps et Nuno Lopes, est présenté en compétition au Festival du Film Francophone d’Angoulême 2018. L’avis et la critique film de Bulles de Culture. 

Synopsis :

Pauline (Mélanie Thierry), une jeune paysanne, élève ses bêtes dans le respect de la nature. L’arrivée de Samuel (Nuno Lopes), venu installer une éolienne, va bouleverser son couple et ses valeurs.

Le vent tourne : l’affrontement entre nature et modernisme

Le premier long métrage en langue française de Bettina Oberli est présenté à Angoulême un an après le sacre de Petit Paysan (Hubert Charuel). Tous les signaux prêtent à la comparaison entre ces deux œuvres dépeignant la dureté d’une vie paysanne. Les agriculteurs sont en quelque sorte exclus d’une société moderne, confrontés aux aléas de la nature et exposés à ses tourments comme pour les maladies de leurs bêtes. Dans Le vent tourne, l’état de nature, auquel sont confrontés les paysans, est chamboulé par l’arrivée du modernisme. Pauline est alors tiraillée entre ces valeurs conservatrices, incarnées par sa relation avec Alex (Pierre Deladonchamps), et une vraie révolution résultant du nouvel arrivant Samuel.

La pose de l’éolienne est une longue métaphore d’un choix difficile que doit faire l’héroïne. Au départ insidieux, les prises de position se radicalisent. Par exemple, Alex finit par refuser de s’alimenter en électricité autrement que par cet énergie non polluante. Le souhait d’autosuffisance de ce dernier se confronte indéniablement aux envies d’évasion de Samuel. L’affrontement de ces deux idéaux philosophiques, rappelant John Locke contre Jean-Jacques Rousseau, est inévitable.

Film discret sans véritable explosion

Le vent tourne monte crescendo. D’une caméra très contemplative, arpentant avec brio les beaux paysages montagneux, la réalisation prend peu à peu une tournure subjective. On voit alors surgir une prise de position écologique, notamment face aux éoliennes dont les scientifiques se posent toujours des questions sur leurs nocivités. Le film ne tranche pas mais distille quelques indices sur l’opinion de la cinéaste Bettina Oberli à travers l’accouchement d’un veau mort-né. L’explosion est latente. On attend le pic d’intensité, qui sera malheureusement trop intériorisé. Mélanie Thierry est certes d’une belle sincérité. Cependant, il manque au film ce moment de basculement pour emporter totalement.

Pierre Deladonchamps, qu’on voit décidément beaucoup cette année, incarne un rôle qui tranche avec ses choix passés. Depuis Les Chatouilles (Andréa Bescond et Eric Métayer), l’acteur montre un aspect plus sombre de son jeu. Sa polyvalence est évidente.

Le vent tourne est donc un drame rural au thématique presque philosophique. Mais à trop vouloir être dans la subtilité, il manque dans la réalisation une véritable exaltation.

En savoir plus :

  • Date de sortie France : 26/09/2018
  • Distribution France : ARP Sélection
Antoine Corte

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