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Joanna Kulig dans le film Cold War de Pawel Pawlikowski
© Diaphana Distribution

Critique / “Cold War” (2018) : Pawlikovski (en)chante le Festival de Cannes

Dernière mise à jour : avril 16th, 2021 at 05:09 am

Cold War (Zimna Wojna), film du réalisateur polonais Pawel Pawlikowski avec Joanna Kulig, Jeanne Balibar et Tomasz Kot, a été présenté en compétition officielle lors du Festival de Cannes en 2018. L’avis et la critique film de Bulles de Culture. 

Synopsis :

Pendant la Guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté (Tomasz Kot) et une jeune chanteuse (Joanna Kulig) passionnée vivent un amour impossible dans une époque impossible.

Cold War en bonne place pour le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 2018

En 2014, le réalisateur Pawel Pawlikowski a créé un engouement surprise avec son film IdaPourtant filmée de façon austère et en noir et blanc, l’œuvre sur une none découvrant un lourd secret à la veille de prononcer ses vœux a ainsi bénéficié d’un succès imprévu en salles. Pas étonnant donc que le Festival de Cannes 2018 lui fasse donc l’honneur de la compétition officielle avec Cold War. Gardant toujours sa mise en scène réputée hermétique, Pawel Pawlikowski arrive encore une fois à travailler sur de la simplicité. Cold War est en cela en bonne place pour obtenir un Prix de la mise en scène à Cannes.

Le film est un regard singulier sur la période de la Guerre froide, pourtant bien connue des livres d’Histoire. Le réalisateur insuffle une touche personnelle à une histoire d’amour somme toute basique, inspirée de ses parents. C’est en effet un prisme musical qui va tenir le récit.

Cold War débute juste après la Seconde Guerre mondiale. La caméra est centrée sur la rigueur des chants staliniens en Pologne. Les figures sont fermées. Les individus opprimés sont regroupés pour chanter dans la chorale. On sent ainsi l’autoritarisme d’un régime russe qui a pris tous les codes dictatoriaux du nazisme déchu.

Puis, on bascule peu à peu dans une histoire d’amour entre deux musiciens. Celle-ci est le prisme d’un récit qui s’avère extrêmement historique. Les deux protagonistes évoluent dans ce monde coupé en deux. D’un côté, il y a l’URSS qu’ils fuient. De l’autre, Paris leur offre une terre d’accueil libre avec ses bars jazzys.

30 ans sans étirer inutilement son récit

Le force de la dramaturgie de Cold War est de traverser une trentaine d’années sans étirer inutilement son récit. Les intentions sont concises ainsi que les actions millimétrées. Au défaut de faire une œuvre fleuve de 3h, Pawel Pawlikowski choisit l’efficacité d’un montage délibérément court. Le film fait à peine 1h30. C’est donc là qu’on voit véritablement son talent. L’auteur polonais arrive à mettre tellement d’éléments dans une si courte durée. Il lance en quelque sorte un appel à ses homologues réalisateurs qui ont tendance à rallonger leurs films à mauvais escient.

Cold War reste néanmoins dans une mise en scène très similaire à Ida. Il est bien dommage que Pawel Pawlikowski n’ose pas encore la couleur, ni les cadres élargis. Le challenge futur du réalisateur semble donc être celui de s’abroger de ses codes millimétrés. Mais le monde du documentaire, dont il est issu, lui donne plein de ressources pour pouvoir à coup sûr se renouveler.

En savoir plus :

Antoine Corte

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