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Jeanne du Barry, le film tant attendu de Maïwenn avec Johnny Depp, ouvre le Festival de Cannes 2023 sur fond de polémiques. La critique et l’avis de Bulles de Culture sur le film
Synopsis :
Jeanne Vaubernier (Maïwenn), fille du peuple avide de s’élever socialement, met à profit ses charmes pour sortir de sa condition. Son amant le comte Du Barry, qui s’enrichit largement grâce aux galanteries lucratives de Jeanne, souhaite la présenter au Roi (Johnny Depp). Il organise la rencontre via l’entremise de l’influent duc de Richelieu. Celle-ci dépasse ses attentes : entre Louis XV et Jeanne, c’est le coup de foudre… Avec la courtisane, le Roi retrouve le goût de vivre – à tel point qu’il ne peut plus se passer d’elle et décide d’en faire sa favorite officielle. Scandale : personne ne veut d’une fille des rues à la Cour.
Jeanne du Barry : parfum de scandale
Le parfum du scandale autour de la Barry transcende visiblement les époques ! A la cour de Louis XV, cette ancienne roturière, devenue favorite du roi, défiait toutes les conventions, bousculant sciemment les us et coutumes de Versailles en guise de provocation. Même ambiance sulfureuse hier soir avec la présentation du film Jeanne du Barry de Maïwenn en ouverture du Festival de Cannes (le film sort concomitamment dans les salles de cinéma françaises).
Alors que Maïwenn et Johnny Depp s’affichent main dans la main en bas du tapis rouge, malgré les rumeurs de fortes mésententes durant le tournage, un collectif d’acteurs et d’actrices exprime au même moment dans les colonnes de Libération “la honte” de dérouler le tapis rouge “aux hommes et aux femmes qui agressent”. La réalisatrice de Mon Roi, elle-même sous les coups d’une plainte pour violences à l’égard du journaliste Edwy Plenel, alimente consciemment la polémique en allant chercher pour son rôle titre l’acteur Johnny Depp pour incarner le roi Louis XV à la sortie de son procès retentissant contre son ex-épouse Ambert Heard (procès que s’est soldé par la reconnaissance d’une diffamation mutuelle entre les époux s’accusant de violences conjugales).
“Maïwenn n’est pas la du Barry, mais la du Barry est Maïwenn“
Dans le portrait de la concubine du roi, découverte justement par la cinéaste à Cannes au moment de la projection du film Marie-Antoinette de Sofia Coppola en compétition officielle en 2006, Maïwenn y voit surtout l’occasion de parler d’elle-même. La cinéaste monte donc un film historique de bonne facture autour d’une transfuge de classe en lui donnant une prestance très anachronique. Maïwenn n’est pas la du Barry, mais la du Barry est Maïwenn dans cette adaptation libérée.
A travers Jeanne du Barry, on ressent donc clairement la volonté de Maïwenn d’afficher son propre tempérament extraverti et décomplexé, telle la favorite décriée.
La mise en scène classique livre quelques plans fortement appuyés comme le contre plongée clinquant où la du Barry monte de dos les marches des escaliers vertigineux des jardins de Versailles pour rejoindre le roi suite à une faveur accordée à la comtesse par Marie-Antoinette. L’effet pompeux de certains plans n’enlève cependant rien à la finesse de la reconstitution, tournée en partie dans un Versailles sublimé.
Certains moments cocasses apportent de l’humour notamment avec le levé du roi. Maïwenn y montre toute l’absurdité de ce protocole ridicule. Mais la répétition de certaines gimmick finit par devenir grossière comme les petits pas arrières constamment exagérés réalisés par les gens de la cour pour éviter de tourner le dos au roi.
“Le mutisme de l’acteur donne des atouts de noblesse“
Le fil conducteur est également assez vide du point de vue narratif. Hormis le parcours de la favorite dictée par une voix off caricaturale, résurgence d’un hommage au style Barry Lyndon, les péripéties se résument à un seul enjeu, garder les faveurs du roi face aux multiples assauts de la Cour à l’encontre de la du Barry. Le film s’attarde d’ailleurs bien trop sur l’anecdote de l’échange de civilité entre Jeanne et Marie-Antoinette, déjà largement abordé dans le film de Sofia Coppola.
Le véritable atout du film est paradoxalement l’incarnation de Louis XV sous les traits de Johnny Depp. Le mutisme de l’acteur donne une prestance noble à un personnage de l’histoire souvent désincarné. Le comédien irradie l’écran par son charisme royal à la gestuelle millimétrée.
Notre avis ?
Jeanne du Barry est une oeuvre historique de bonne facture. Cependant, l’oeuvre laisse transparaitre l’égocentrisme de Maïwenn qui réalise un film avant tout pour parler d’elle, plutôt que de son illustre personnage. La grande réussite du film vient de l’interprétation parfaite de Johnny Depp qui confirme ainsi sa stature iconique, et ce malgré ses travers personnels.
En savoir plus :
- Date de sortie France : 16/05/2023
- Distribution France : Le Pacte
Top 3 Cinéma : "Moulin Rouge !" (2001), "Titanic" (1997), "Les Parapluies de Cherbourg" (1964)