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“Bienvenue au Réfugistan” (2016) d’Anne Poiret

Dernière mise à jour : juillet 23rd, 2016 at 11:32 am

Bienvenue au Réfugistan de la réalisatrice Anne Poiret explore l’univers des camps de réfugiés comme s’il s’agissait d’un pays. Notre avis.

Synopsis :

Le Réfugistan pourrait être le 60ème pays le plus peuplés du monde. A peu près 17 millions de personnes, – déplacés, réfugiés, exilés, migrants – y vivent. Lorsque ces camps perdurent, ils deviennent des “limbes” où se logent toutes les absurdités. Bienvenue au Réfugistan pointe les effets pervers de la politique d’en-campement et les conséquences ravageuses des camps sur les populations déplacées.

Bienvenue au Réfugistan est une exploration inédite à travers laquelle nous sommes invités à entrer dans la peau d’un réfugié qui découvre ce pays, le Réfugistan, dans lequel il est amené à vivre provisoirement, sans savoir bien sûr combien de temps va durer ce provisoire. C’est un univers ambigu que nous découvrons.

Bienvenue au Réfugistan :
une exploration inédite

 

C’est certainement une guerre qui nous a amené à fuir notre pays, une guerre dans laquelle nous avons peut-être perdus des proches. Nous avons laissés derrière nous une maison, un métier, nos repères. Nous avons passé une frontière, et atteint une zone sûre, du moins nous l’espérons.

Nous venons désormais d’intégrer la Nation des exilés, le vaste pays des camps de réfugiés où vivent à travers le monde près de 17 millions de personnes. Ces camps sont parfois presque aussi grands que les plus grandes villes des pays qui les accueillent, mais sont rarement présents sur les cartes.

Nous pensons que notre séjour ici sera provisoire, mais la réalité est tout autre. Dans les camps, nous y vivons en moyenne 17 ans.

Le quotidien des réfugiés

 

Nous sommes ici parce que les pays où les camps sont implantés ne veulent pas nous intégrer. Les lois ne le permettent pas. Nous ne sommes pas des citoyens de ces pays hôte. Nous ne sommes plus d’ailleurs des citoyens de nos pays d’origine. Nous vivons dans un univers parallèle gouvernés par les grandes organisations humanitaires et caritatives, tel que l’UNHCR, le haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés qui administre ce pays des camps. Nous sommes à présent des dits “bénéficiaires” dotés d’une nouvelle identité.

Nous bénéficions de services tels que la santé, l’éducation, la sécurité, mais en arrivant ici, notre première crainte était tout de même de tomber malade ou que nos enfants tombent malade car la poussière circule. Ici nous n’avons ni le droit de travailler, ni celui de se déplacer librement hors du camps. Peu à peu, c’est notre dignité que nous perdons.

L’afflux de nouveaux migrants ne cessent d’augmenter, et parmi eux, des terroristes s’infiltrent parfois. Les agressions envers les membres des organisations humanitaires augmentent. Des camps à l’intérieur des camps s’établissent, dans lesquels vivent les personnes censées nous protéger afin de se protéger elles-mêmes de nous. Désormais, nous faisons peur aux humanitaires.

Dans la peau d’un réfugié

 

C’est en nous invitant ainsi à entrer dans la peau d’un réfugié qu’Anne Poiret, la réalisatrice de Bienvenue au Réfugistan nous fait découvrir l’univers des camps.

Conçus à l’origine par les grandes institutions humanitaires pour répondre à une crise dans l’urgence, les camps deviennent lorsqu’ils perdurent un système à gouvernance totalitaire qui déshumanise les réfugiés. Bienvenue au Réfugistan pointe les effets pervers de ce système en analysant la situation des plus grands camps de réfugiés à travers le monde, oubliés au fil des ans parce que d’autres crises viennent sur le devant de la scène internationale, tels que Dabaad au Kenya (360 000 réfugiés, 25 ans d’existence).

En pointant ainsi les effets pervers de la tentative d’en-campement qui veut mettre à l’écart ces populations dont on ne sait que faire, Bienvenue au Réfugistan interpelle une fois de plus sur la nécessité de repenser les solutions politiques à apporter aux crises migratoires, alors qu’en Europe, une architecture des camps de transit se met en place à Calais, en Italie ou en Grèce.

 

 

En savoir plus :

  • Bienvenue au Réfugistan est diffusé sur ARTE le 21 juin 2016 à 22H30
Laurence Henry

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